LES CAMIONS À OTTAWA – LE COMPLEXE DE RAMBO
par Michel Frankland
Fin janvier, une manifestation monstre de camions envahit la capitale canadienne.
Les camionneurs refusent la vaccination obligatoire. Le sentiment populaire devant cette
incursion aussi gigantesque que passablement imprévisible, du moins de cette magnitude, s’avère confus. Jos Bleau et sa femme comprennent qu’il y a une part compréhensible dans ce rejet massif de la vaccination, fait au nom de la liberté –mais au fond d’eux-mêmes, ils trouvent que le refus de la vaccination n’a pas de bon sens.
Plus secrètement, de façon instinctive, ils sont troublés par le caractère démesuré de la réaction des camionneurs. Pourquoi perdre tant d’argent pour quelques piqures bienfaisantes ? Mais les nouvelles leur apprennent qu’un fond discret et qui serait considérable, Gofundme, soutient les camionneurs en cavale. Les autorités fédérales enquêtent sur ce fond.
La démesure du refus du vaccin est évidente. On paralyse des villes entières. Nous sommes face ici à un phénomène de civilisation. L’importance exponentielle de l’information l’a rendue de plus en plus nécessaire dans l’exercice de nos emplois. D’où l’angoisse et la frustration des citoyens et citoyennes sans le degré de QI indispensable. L’inférence s’avère encore plus dévastatrice quand l’essentiel du gagne-pain se trouve dans ce genre d’emplois dont on annonce le remplacement dans un avenir relativement imminent par la technologie. Le camionneur a été troublé par l’avènement des véhicules sans chauffeur.
Si bien que la révolte qui s’ensuit, le genre de tâche où l’on est compétent sera de moins en moins considéré, rendra la vie intolérable. AVEC LE MÉPRIS FEUTRÉ DES FORTS EN THÊME.
On comprend mieux leur refus puissant du vaccin. Il provient de cet amalgame de crainte et de rage contre ces esprits brillants qui mènent le monde – politiciens, professionnels et la cohorte du même acabit. Toutes leurs démarches sont suspectes pour les gens qui n’ont pas la capacité d’y accéder. Il s’en dégage une suspicion qui vire à la réaction
paranoïde. Un vaccin ? ILS veulent nous soumettre ! Jamais ! Et, sans l’aide des camionneurs, leur alimentation s’en trouvera menacé. On les tient !
Rambo, le révolté 1sans le QI mais muni d’une solide force de caractère, défend « les valeurs humaines » contre ce monde « déshumanisant » dont il se sent délicatement mais inexorablement exclu.
La révolte des Rambo réagit dans tous les pays. Ainsi, aux États-Unis, ce sont les afficionados typiques de Trump. Rambo a trouvé son chef international !
1 Rambo est d’ailleurs le surnom d’un de leurs chefs