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La monnaie québécoise… talon d’Achille de la Souveraineté

20-03-2014

La monnaie québécoise… talon d’Achille de la Souveraineté

     Par Christian Martin

Je suis francophone et fier de l’être. Je suis un banquier de carrière avec 35 années d’expérience en commerce international et qui oeuvre depuis 1985 au sein des gens d’affaires et depuis 1997 dans les communautés culturelles du Québec . Je suis actuellement Président de l’Association des Maisons de commerce du Québec et Président du Carrefour des communautés du Québec.  Je tiens à spécifier que cet article est écrit à titre personnel et n’implique ou n’engage aucune des associations dont je fais partie.

Suite à la déclaration de Madame Marois dans laquelle elle déclare vouloir s’approprier du dollar canadien, je voudrais attirer l’attention de tous les Québécois sur les deux points suivants extraits de http://www.budget.gc.ca/2013/doc/plan/chap2-fra.html) que je fais suivre d’un questionnement:

1.               «Le Canada figure actuellement parmi les plus grandes nations du monde »(G7).

Question:       En cas d’indépendance quel serait le rang du Québec sur le plan mondial? Serait-il classé parmi les pays en voie de développement?

2.               «L’économie canadienne a été la plus performante des pays du Groupe des Sept (G-7) au cours de la reprise, affichant les meilleurs résultats au chapitre de la croissance économique et de la création d’emplois. Le Canada est le seul pays du G-7 à avoir plus que recouvré la baisse des investissements des entreprises observée pendant la récession. Même si la possibilité de chocs économiques sévères a quelque peu diminué, certains risques continuent de peser sur les perspectives de l’économie mondiale. Près de cinq années après que soit survenue la récession mondiale, le contexte de l’économie mondiale demeure encore fragile. La zone euro est de nouveau en récession et de sérieux risques continuent de peser sur sa capacité de mettre en place les réformes qui s’imposent.»

Question:       Dans ce contexte de crise économique mondiale qui perdure, le Québec veut proclamer son indépendance?  Il pense donc pouvoir faire mieux que les autres nations?

A ces points, j’aimerais ajouter qu’au niveau économique le dollar canadien est une devise sûre, qualifiée de « monnaie refuge ».  Nombre d’investisseurs étrangers font des placements au Canada.

Le 22 août 2012, je publiais dans le « Carrefour des Opinions » un article intitulé «L’épée de Damoclès plane encore sur nos têtes».  Je voulais expliquer d’une part les conséquences d’une indépendance du Québec et d’autre part souligner combien le Québec était déjà autonome étant même qualifié de  »nation québécoise » par Ottawa.  J’ai ainsi indiqué que si le Québec devenait indépendant il serait amené à créer sa monnaie, ce qui entraînerait une dévaluation des bas de laine des québécois dont les avoirs sont en dollars canadiens.  J’ai alors anticipé en posant la question «Madame Marois souhaitait-elle s’approprier le dollar canadien?». 

Récemment, j’ai pu lire sur les bannières-nouvelles (bas d’écran) du canal RDI: «un Québec souverain gardera le dollar canadien et laissera ses frontières ouvertes avec le Canada».  Par ailleurs, un article du Huffington Post daté du 12 mars 2014 qui s’intitule «Indépendance: Marois veut le dollar canadien et un siège à la Banque du Canada». Je pense personnellement que Madame Marois cherche à provoquer Ottawa, car elle sait pertinemment qu’elle ne pourra conserver le dollar canadien.  Elle tente ainsi de rassurer son électorat sur deux points:

            a) la stabilité des avoirs québécois (en dollars canadiens), et

            b) la continuité des relations avec le Canada sur le plan économique. 

Ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’en cas de désaccord avec le Fédéral, elle n’aura d’autre choix que de créer la monnaie québécoise.

Le 24 août 2012, Monsieur Raymond Garneau, ex-Ministre des Finances du Québec (Gouvernement Bourassa), a adressé une lettre à Madame Pauline Marois, alors chef du Parti québécois.  La lettre a été publiée dans le journal « La Presse » sous le titre «Le Canada est tanné».  Il y est clairement indiqué qu’en cas d’indépendance, c’est «fini les transferts, le dollar et le passeport».

Le 11 mars 2014, Monsieur Claude Castonguay, ex-Ministre de la Santé a fait un article, publié par La Presse, sur la « Monnaie québécoise ». Cet article très objectif confirme que s’il y a création de la monnaie québécoise, le Québec commencerait son indépendance avec une monnaie dévaluée, dont l’instabilité serait accrue par la fuite des capitaux.  Dans le cas où le Québec indépendant viserait à utiliser le dollar canadien, il devrait conclure une union monétaire avec le Canada et la conclusion d’une telle entente serait hautement problématique vu le climat hostile qui prévaudrait dans ce contexte d’un Canada morcelé.  Monsieur Castonguay conclut en affirmant avec justesse que« les électeurs sont en droit de savoir avant d’exercer leur droit de vote les intentions du Parti québécois au sujet de la monnaie dans un Québec indépendant.» L’article de Monsieur Castonguay est très bien fait et donne des exemples édifiants.  Un article à lire absolument.