Montréal

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Gènes, orientations politiques et tolérance

26-06-2012

Gènes, orientations politiques et tolérance

Par Michel Frankland                     

 

Carl Gustave Jung[1], décrivant les structures des orientations psychologiques sans rapport avec la moralité, affirme leur caractère inné. On peut influer sur l’aspect moral d’une personne ; pas  sur son potentiel intellectuel ni sur ses orientations  psychologiques de fond.

Ainsi, gauche et droite sont ancrées dans le terreau intime de l’âme. L’être né à gauche postule automatiquement que les humains sont égaux. Idéaliste et généreux par nature, le peuple de la gauche se méfie instinctivement de l’argent. Il  a trop souvent constaté les nombreux avantages des riches sur les pauvres : sécurité, confort juridique, réseau efficace et discret des contacts «argentés». Bref, le défaut de la gauche porte sur la vérité : les gens ne naissent pas égaux. Ils ont de plus des enfances qualitativement différentes.  Mais la gauche postule que nous sommes égaux.  L’échange verbal  entre humains de tous horizons  établit clairement la fraternité humaine et l’égalité entre les hommes… Trop de rêve.  L’erreur de la gauche porte sur la vérité.

La droite ambitionne de créer un monde aussi efficace que possible. L’argent aussi bien que l’élaboration de contacts opérants figurent dans ses priorités. Les gens sont non seulement inégaux mais certains se révèlent carrément  un fardeau, une nuisance.  Peut-être, se dit  à part soi le droitiste, qu’on pourrait stériliser les B.S… En tout cas, lorsqu’une foule  se met à paniquer au lieu de chercher à être efficace, le réflexe de droite consiste à murmurer tout bas : bandes de cons ! De même, devant le flot de paroles qui exaspère la droite par le vide ou le superflu dont elle  juge ces échanges, elle rappellera le principe anglo : «Stand up, speak up, shut up !».  C’est pourquoi la droite chérit sa liberté. Elle ne veut pas être ralentie par les incapables … Trop de réalité. L’erreur de la droite porte sur l’amour.

Ces deux orientations de fond sont coulées dans le ciment de l’ADN. Elles ne sont pas plus modifiables que les empreintes digitales. La gauche aura toujours tendance à détester la droite.  Elle la décode spontanément, nécessairement, comme une clique de profiteurs cyniques.

Symétriquement, la droite ne peut que s’impatienter contre les divers niveaux de redondance administrative, de jérémiades et de perspectives utopistes. La droite méprise la gauche.

L’océan médiatique dans lequel nous flottons accentue  ces tendances divisives.  Chacun se  conforte en alimentant son propre réseau. C’est à qui sera le héros le plus pur de la thèse défendue.  On crée un rempart psychologique autour de la Ville-des-bons. Deux  villes pures, possédant chacune la vérité «évidente».  Il faut donc nuire à «l’autre» le mieux possible. Ne lui concéder aucune crédibilité.

C’est ce qui s’esbroufe dans la politique américaine. Les impasses s’avèrent de plus en plus nombreuses. De plus en plus coûteuses. C’est à l’évidence de la  faute de l’autre  si ça ne débouche pas, tant au Sénat qu’à la Chambre des représentants.

L’unijambiste de gauche, en politique ou ailleurs, se trouve aussi  handicapé que l’unijambiste de droite.

Il n’y a qu’une solution. Passe-t-elle par l’acceptation de l’autre ? C’est mal poser  le problème. L’autre est dangereux. Très  dangereux. La solution réside, paradoxalement, dans l’absence de solution.  Comprenons : dans l’acceptation de la différence innée de l’autre. Reconnaître qu’il ne faut tenter en rien de changer l’autre. Reconnaître que chacun s’est investi  de façon innée dans un des deux volets de la réalité sociale.

Ce qui implique un acte d’humilité. Il faut en arriver à cette maturité  à la fois si simple et si difficile. Elle repose sur un aveu.  Celui de la reconnaissance des limites du postulat à la base de sa propre pensée. Nous nous trouvons ici  à la  frontière du possible. Car c’est justement avec ma propre pensée que je dois porter un jugement sur son  caractère incomplet. L’acte même  par lequel je dois relativiser  la valeur de ma perception se trouve être celui par lequel je conçois cette partialité.  Il ne s’agit pas de douter de sa  propre valeur, mais de sa capacité à saisir naturellement des éléments fondamentaux du réel dont je suis apte d’abord à valoriser son  contraire.

Mais en notre Nouvel Âge où de multiples forces, et les publicitaires singulièrement, poussent le moi au gonflement,  l’humilité ne figure pas souvent dans la liste du Bon Chic Bon Genre.  On ne peut qu’espérer un retour aux valeurs intérieures, au fond d’âme. La tolérance, véhicule social de l’humilité, est à ce prix.

Michel Frankland
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[1] Entre autres, dans L’homme à la recherche de son inconscient.