On sonne l’hallali: Bèf la tonbe
Jean Erich René
Les dérapages inadmissibles du Président Michel Martelly durant les 10 premiers mois de son mandat ont fini par le marginaliser aux yeux des observateurs tant nationaux qu’internationaux. Outre les outrages aux Parlementaires, l’Administration Publique devient une vraie pétaudière. Le 56e Président d’Haïti et son épouse en voulant tout entreprendre personnellement ont créé une vraie cacophonie au sein de l’Appareil d’État avec les Programmes: « Aba Grangou » , « Aba blackout » etc., sans aucun support technique bien défini. Par un maladroit coup de tête, ils ont décidé carrément d’organiser les Carnavals dans la Métropole des Cayes. Voilà une façon originale de faire la décentralisation d’Haïti. On commence par le Mardi Gras, un domaine dans lequel il excelle et qui lui a valu son aura politique.
Est-ce aussi une façon de divertir les esprits afin de les détourner du dossier brûlant de sa triple nationalité, engagé sur une voie de non retour. Ce serait faire preuve d’une naïveté idiote de tenter de tromper toute une nation par la diversion. D’abord les festivités carnavalesques relèvent des Edilités de chaque Commune qui de concert avec les commerçants de la ville, les artistes et certains bénévoles s’activent pour agrémenter la vie de leurs commensaux, de trois jours d’ambiance, arrosés d’alcool, agrémentés de musique et de masques les plus drôles afin de décrisper les esprits et leur aménager dans ce laps de temps un oasis de bonheur. Ordinairement le Président n’intervient jamais dans l’organisation des carnavals. Il se comporte au rang de simple citoyen. Décidément on aura tout vu !
Le dossier de la Double Nationalité s’affirme comme un fléau qui risque de lézarder dangereusement la Maison Nationale. L’Exécutif et le Législatif en reçoivent les cinglantes rafales de plein fouet. Il n’y a pas moyen d’arrêter le processus enclenché. Comme une épidémie toute la faune politique est atteinte. A peine les plus justes seront sauvés. Déjà le député de Mirebalais atteint de la peste de la Double Nationalité est prié par ses pairs de se mettre en isolement. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Avant que la Chambre des députés procède à sa destitution, Abel Descollines, citoyen français, doit tirer la révérence en donnant sa lettre de démission. Il est demandé aux autres cornes soudées, tapies dans l’ombre au Parlement, de tirer la révérence car la faucheuse de la destitution sera sans pitié.
La Commission d’Enquête Parlementaire a adressé une correspondance officielle au Président Michel Joseph Martelly pour une vérification en bonne et due forme de ses documents de voyage. Il s’est avéré que le Sénateur Moïse Jean Charles a déposé les preuves tangibles de sa triple nationalité et de la double nationalité d’une pléiade de ministres. Une infraction grave que les articles : 11, 15, 135 et 157 de la Constitution de 1987 condamnent avec véhémence. L’issue la plus probable, si le cas y échet, c’est sa destitution. Les Sages d’Haïti dont un échantillon rare comme Mme Odette Roi Fombrun qui nous a allaité des premières Notions de Civisme, voudraient écarter la destitution de Martelly afin d’empêcher tout dérapage.
S’il faut éviter cet embrasement défavorable à la paix sociale, le 56e Président devrait choisir aussi la voie de la sagesse et de la conciliation en obtempérant à la requête de la Commission d’Enquête Sénatoriale. Malencontreusement, il prend position dans la Tribune d’en face en brandissant des arguments spécieux pour dresser des barrages qui vont davantage le plonger dans la fange :
1.   La Commission « Abra Grangou » vise à masser une frange de la population, comme ceinture de protection, contre toute action légale prise par le Parlement pour sa destitution.
2.   L’organisation des Carnavals aux Cayes, encore un autre dérivatif qui ne va pas produire non plus l’effet escompté comme placebo pour distraire les attentions et assurer à Martelly l’aura populaire indispensable afin de renverser les vapeurs.
« Une mauvaise entente vaut mieux qu’un bon procès », nous conseille un vieil adage. Le Président Michel Martelly serait prêt à sacrifier les membres de son Cabinet jouissant de la Double Nationalité pour se procurer une retouche cosmétique en vue d’une cure de beauté. Compte tenu des plis qui balafrent sa face aucun mascara ne saurait les effacer. Même la chirurgie plastique n’y arrivera pas. Quand la clameur publique est déjà en branle, on ne peut plus montrer un visage d’innocent. « Malheur à celui par qui le scandale arrive », nous prévient l’Evangile, selon Saint Luc (Luc 17,1).
La plus grande erreur du Président Michel Martelly c’est d’avoir une vue étriquée de l’échiquier politique national. Il sous-estime la pression lavalassienne qui a acquis une recrudescence de force depuis le retour de son Secrétaire Général A Vie. Quand le feu couve sous les cendres, il n’est pas moins dangereux. Il suffit d’un peu d’huile pour qu’il éclate rapidement, au moment le plus inattendu, en incendie meurtrière. Le Parlement est majoritairement lavalassien. L’Espoir, l’INITE et d’autres factions ne sont que des excroissances lavalassiennes.
En filigrane c’est le même courant de pensées qui trône au sein de presque tous les Partis Politiques présents au Parlement. En brèves hachures d’idées nous voulons dire par là que le Président Michel Martelly ne sortira pas gagnant dans son bras de fer avec le Parlement. Bèf la tonbe.
Sur son passeport haïtien ne figure aucun visa américain. Or il rentre souvent aux USA. Logiquement il est citizen et détient un passeport américain. Le 56e Président d’Haïti affiche l’attitude du coupable qui dans son dernier retranchement préfère se pendre au lieu de cheminer dans le caudus des Romains c’est à dire la fourche caudine ou encore le Chemin de la Honte. Pourtant la Roche Tarpéienne est proche du Capitole. Sa destitution n’est qu’une simple question de formalités procédurales. Il n’est plus question de faire le gros dos comme Mimi tandis que sa moustache est blanche du lait qu’il vient de chiper, sans même s’en apercevoir. Défoulez-vous bien durant les 3 jours gras mais la mardigrature prendra fin le mercredi des Cendres. Il n’y pas d’alternative. Pour éviter tout scandale inutile, la démission du Président Michel Martelly serait plus sage. Déjà les Ambassadeurs des Puissances amies n’assistent plus aux cérémonies officielles en Haiti. Ils n’étaient pas présents lors de l’ouverture de la session du Parlement du 7 Janvier 2012. On sonne l’hallali: Bèf la tonbe.