SOIRÉE TANGO EN LA MAISON SYMPHONIQUE
Par Yves ALAVOÂ Â Â Â Â Â
« Soirée Tango : Una noche en Buenos Aires », mettant en vedette le pianiste et compositeur, auteur, interprète Victor Simon (né en 1966, arrangements musicaux pour ce récital), dont quatre œuvres ont été jouées : Primatango, Tristera, Milonguita de Lolo, Enamorada a habité la Maison symphonique, avec un orchestre, l’Orchestre de chambre de McGill, sous la baguette du chef exceptionnel qui est Boris Brott. Du début à la dernière note, nous avons été immergés dans une succession de vagues
musicales et nous avons voyagé en une multitude d’univers parfois classiques aux accents de Chopin, de Verdi, d’Albinoni et souvent en des mélodies aux saveurs rythmiques africaines, gauchesques, urbaines des nocturnes de Buenos Aires, j’ose dire, des convivialités charmantes de Montréal.
La première partie : Fuga y Misterio, HISTOIRE DU TANGO (Bordel 1900, Nigthclub 1960, Café 1930, Concert d’aujourd’hui) pour clore avec Adios Nonino, sous l’élan direct et magistral de ce grand chef et génie du Tango. Il s’agit de Astor Piazzolla (1921-1992, né à Mar del Plata), jouant du bandonéon, genre d’accordéon aux claviers bi-sonores, car ils sont parfaitement accordés aussi bien en tirant qu’en poussant. Toute l’histoire du Tango, ballade séculaire et trajet immense qui nous a porté sur les océans, les terres riches, les espaces arides, conduit dans les ports où vivent de départs en arrivées les vagues d’immigrants, ces migrants de l’espoir et de l’aventure, nomades de l`âme et messagers d’outre monde. Le récital a habité, en cette première portion, l’espace acoustique, les circonvolutions de la navette sonore et des nefs de réverbérations ou d’aspiration et d’enrichissement des notes et dimensions mélodiques qui structurent cet amphithéâtre vivant dédié à la respiration et au flux instrumental, vocal et mécanique : la maison symphonique intérieure.
Nous étions dans la musique, assis en face, dans une vision et une audition circulaires, en hauteur à partir des sièges A115 et A117, centrale réception et ambiophoniques vibrations séquentielles dans l’environnement neuf et si riche de cette salle déjà si émouvante de présence et de qualité. Ces données affectives, dans une osmose entre l’instrument et les membres de l’auditoire, la maison symphonique interne nous a marqué par sa capacité à transmettre les particularités de chaque section instrumentale mais aussi à unifier en un noyau musical le son identitaire de la formation que nous écoutions : l’Orchestre de chambre de McGill.
La deuxième partie au programme inventé pour ce temps de notre monde en cette adéquation d’une inauguration salle/public, pourtant public amoureux de tango :
Victor Simon : Primatango et Tristera des créations sans compromis, douces musiques accordées et rythmées pour Tango ouvert fluide,
nous avons senti cette union entre l’auteur et sa natale source d’inspiration, conduite sublime et magistrale de Boris Brott. Des moments de grâce sans nostalgie et pourtant cette saudade des Andes qui trouve un chemin dans nos cœurs et le besoin de se rapprocher de son amour, de toucher et de se laisser porter sur les ailes de la musique de Victor Simon.
Carlos Gardel (1887 1935), dont la voix d’or est déclarée patrimoine de l’humanité par l’UNESCO : Por una cabeza les cordes ont parlé, elles ont dit leur rêve, onze violons, trois violoncelles, une basse de sons sourds et pourtant si denses de force subtile. Piano aérien et directeur, avec cette grâce de l’intelligence du maestro Boris Brott, agile, d’une précision et d’une qualité d’échange avec les musiciens, gestes, mobilité kinesthésique et un avantage majeur, une connaissance organique de chaque phase des compositions. Une attitude harmonieuse et respectueuse pourtant ce talent au service de la direction qui laisse voir une aisance intellectuelle et une solidité spirituelle. Boris est actuellement, le chef d’orchestre Québécois, Canadien, Montréalais, le plus sollicité par une diversité d’ensembles ou de formations instrumentales et vocales mais aussi, invité pour donner des conférences et partager auprès des jeunes son expérience et ses compétences, un mentor de calibre mondial aimé et comblé de succès.
Enrique Saborido (1877-1941) : Felicia sur cette musique ont dansé le couple classique et tonique de danseurs (Marika Landry et Julio Otero) des «tangueristes» respectés et des artisans de cette dynamique au style gracieux et passionné qui s’est développée à Montréal. La musique a coulé, pulsation nouvelle dans un lieu magique de bois et de lumière.
La suite de la soirée s’est arrimée avec élégance offrant Angel Villoldo (1861-1919) El Choclo Mariano Mores (né Mariano Martinez en 1922) dont Tanguera (Film Moulin Rouge) une ode aux fondamentaux du genre, saccadée et mélodique, la musique est d’une rigueur saisissante, elle s’est mariée avec l’esprit des lieux, une conjugaison sublime qui a ouvert, pour notre coffre symphonique de diffusion des sons instrumentaux directs, une série hors concours qui m’a fait dire de concert avec ma voisine de soirée spéciale Tango, qu’un abonnement aux prestations de l’OCM (Orchestre de chambre de McGill), se propose.
Et puis, les danseurs sont revenus, applaudissements, oui entre chaque pièce, au long de cette période des «vêpres du Tango», la
générosité des musiciens, la ‘engagement du Chef et le talent du pianiste, ont été salué de psalmodies de claquettes manuelles, que le système de son a inscrit au chapitre comparable d’une production d’accompagnement. Les applaudissements dans la maison symphonique, sont traités dans ce filtre des sons, comme une production instrumentale de référence. Les danseurs sont revenus pour : deux pièces de Victor Simon (Milonguita de Lolo, Enamorada) et une pièce de Gerardo H. Matos Rodriguez (1897-1948) La Cumparsita Tango, connu parmi les Tango (s). La table était mise pour une conclusion imaginaire.
Une sortie de cette expérience initiatique, une fenêtre céleste qui s’est proposée à nous comme offrande et plateau de bonheur, ce fut du grand Astor Piazzolla, nouveau Tango : Libertango. Quelle fin de concert, une exécution de niveau supérieur, une performance qui a mis en relief la compétence de l’OCM, maestro Boris Brott, les musiciens, une élévation aux éclats sonores, aux consonances totales du «Tango nuevo». Debout, les mains en action, les slaves répétées d’applaudissements sans fin, les bénévoles, dont Mme Elisabeth Reid, la directrice administrative, ont compris, je crois qu’ils sont aimé pour leur dévouement et leur professionnalisme. Baptême musical et gloire de cette salle symphonique qui a vibré aux accents vitaux du TANGO.
Maison symphonique de Montréal
Lundi 26 septembre 2011, 19 h 30
1600, rue St-Urbain
L’Orchestre de chambre de McGill
Direction : Boris Brot
Arrangements, piano : Victor Simon






