Montréal

Nouvelles

« À l’Ombre du Mapou »

17-03-2019

« À l’Ombre du Mapou »

par Serge H.Moise ave.

Force endurance et longévité

Semblent bien le caractériser.

Héritage de l’Afrique ancestrale

Symbole de prestige et de grandeur

Dont la légende ne laisse indifférents

Ni les voyageurs ni les fils du terroir

II

Ce terroir mystique et confus

Paradoxalement hospitalier

Et viscéralement attachant

Unique dans sa misère

Contemplant follement

Sa grandeur passée

III

Jadis au son du lambi

À l’instar du tocsin

Dans les pays dits civilisés

Tous les dignes fils d’Haïti

Dans un élan spontané

D’amour et de patriotisme

Jaloux de leur liberté

Chèrement conquise

Sursautaient et en rangs serrés

Ouvraient bien vite la marche

En scandant à tue-tête

Grenadiers à l’assaut…

Et organisaient sans relâche

Sans peur et sans reproche

La défense de la patrie sacrée.

IV

Ils avaient peur bien sûr

Ils en tremblaient à l’occasion

Qu’importe ils la surmontaient

Cette Peur et au péril de leurs vies

Accomplissaient leur devoir

Ce en quoi ils étaient des hommes

Des braves de vrais des héros

V

Jadis lorsque la nation haïtienne

N’était encore qu’à ses débuts

Avant cette vague d’acculturation

Soutenue et maintenue à dessein

VI

Jadis au temps des rêves cyclopéens

Alors que les vertus cardinales

Étaient religieusement cultivées

Et se transmettaient fièrement

De génération en génération

Quand l’étranger était l’invité

Et non le perfide bwana

Maître des biens et des vies

Il y avait certes de l’espoir

VII

Le Griot à l’ombre du Mapou

Mémoire du temps qui passe

Rêveur et penseur à la fois

Témoins plutôt privilégié

Vulgarisateur de l’histoire

VIII

Guide spirituel de tous les jeunes

Avides de tout savoir de ce passé

Glorieux fier et grandiose

Cette riche culture qui s’effrite

Ce passé à nul autre pareil

Qui devait conditionner

Le présent et assurer l’avenir…

IX

Jadis ce vieux griot édenté

Chiquant son tabac de piètre qualité

Vieillard apparemment verbeux

Et pourtant…

Il n’était certes ni tribun

Ni bel orateur de salon

Mais à travers son souffle

Quelque peu entrecoupé

S’exprimaient d’un air rêveur

En ce langage un tantinet sibyllin

Les grands moments de l’histoire

L’histoire de ces grandes dames

Et des vrais hommes de ce pays.

X

Son flair de paysan authentique

Sa vision mystique du pays réel

Accident ou dérive de l’histoire

Cette longue traversée du désert

Ce flair s’est avéré prémonitoire

Car nous avons somme toute

Lamentablement échoué

XI

Reviendra t-il? Peut-il revenir?

Le beau temps des retrouvailles

Et des joyeuses réjouissances

De la famille haïtienne réunie

Réconciliée avec elle-même

Sous le feuillage protecteur

Qui calme et qui apaise

À l’ombre du Mapou