Montréal

Nouvelles

POUR EN FINIR AVEC LA RÉCUPÉRATION POLITIQUE DE L’ÉDUCATION

06-04-2018

POUR EN FINIR AVEC LA RÉCUPÉRATION POLITIQUE DE L’ÉDUCATION

par Michel Frankland

J’ai déjà abordé ce sujet il y a des lunes. Mais sous un angle différent.

Les politiciens tiennent au vote parental. Il faut donc ne les contrarier en rien au sujet de l’éducation de leurs enfants.

Il s’ensuit des aberrations. Pour plaire aux parents, on ne doit pas permettre le redoublement. Si bien qu’on ne redouble pas – à moins d’être stupide, ce qui se produit avec une fréquence conforme à la distribution des QI.

Une aberration plus fondamentale. Une institution scolaire doit offrir un cours qui demande de l’intelligence. Le bon sens nous assure que le degré de scolarité est conforme à la qualité intellectuelle. Plus on monte de classe, plus l’intelligence est requise. Or, les QI sont répartis selon la courbe de Gauss – ou courbe en cloche évasée. On devrait comprendre que le succès des études secondaires devrait exiger un QI moyen, soit, pour une population donnée, 100. L’implication saute aux yeux. Cela implque que seulement 50 % des étudiants sont aptes à réussir leur secondaire.

Mais de nombreux parents sont persuadés que leur progéniture devrait viser l’université, à tout le moins le cégep. Il leur apparait donc monstrueux de permettre de couler leur trésor au secondaire.

On se trouve alors devant un dilemme. Ou bien les administrateurs de l’école respectent les objectifs de chaque niveau et jugent en conséquence les élèves qui se montrent aptes à passer – redoublant les autres. Mais alors, l’administrateur, plus souvent qu’autrement, sera limogé – ou sera multiplement harcelé qu’il quittera, la fonction devenant impossible à vivre. Il n’est pas assez « réaliste » par rapport aux ambitions politiques du gouvernement eu égard au vote des parents.

Ou bien il accepte l’odieuse déviation gouvernementale et l’accession au cours supérieur devient pratiquement une formalité. Mais alors, il nuit gravement aux étudiants désirant apprendre – bref, qui ont les capacités de prendre leur cours au sérieux. Car les profs, devant le nombre grandissant, parallèlement à l’accession des niveaux supérieurs, d’intelligences incapables de suivre le cours, se voient dans l’obligation de les distraire. Il sait d’expérience que ces esprits médiocres n’ont ni la patience ni la discipline nécessaires. Il faut donc les amuser. D’où la tristesse et la frustration des étudiants compétents. Ils voudraient un « vrai » cours.

Que faire alors des esprits limités, incapables de boucler un secondaire décent ? Il convient de leur fabriquer un cours très concret, qui débouche sur un emploi manuel. Par exemple, les fonctions assez faciles à l’intérieur de l’art culinaire. La soudure. Les emplois reliés à la construction.

Ainsi se trouve évitée une crainte que m’a révélée un fonctionnaire. Si on les évacue de l’école, ils deviendront des proies faciles pour le recrutement des gangs de rue. Il s’avère donc avantageux de les garder le plus longtemps à l’école…

Une déflexion idéaliste cherche à donner une culture générale, des valeurs. Les valeurs, oui, J’applaudis. Mais je crois que c’est le rôle des parents d’inculquer les réalités fondamentales reliées à l’âme. Ou alors, le cours ECR devait servir cette noble occupation. Tel qu’il est cependant, un fourretout favorisant le melting-pot cher à une option politique, le cours ECR choque et décourage la plupart des parents.

Bref, un cours à la mesure de chacun. Voilà ce qu’il faudrait réaliser. Hélas, l’honnêteté et le courage ne sont pas au rendez-vous !…