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LE MONDE EN ORBITE 2.1 L’ÉDUCATION

16-06-2017

LE MONDE EN ORBITE 2.1 L’ÉDUCATION

 par Michel Frankland

Le monde est également en orbite en éducation. La gogauche revendique périodiquement l’abolition des subventions gouvernementales aux maisons d’enseignement privées. Ces rêveurs oublient deux facteurs importants. D’abord, bêtement, simplement, que l’élève au privé coute moins cher au gouvernement que celui du public. La gauche préfère-t-elle surtaxer les contribuables ? « Non! » répliquent-ils avec ferveur. « Nous voulons une école plus démocratique, une école pour le peuple, où les énergies pédagogiques ne sont pas au service de la classe dominante. » On dira que j’invente le phrasé classique du parfait petit marxiste ergotant sur l’éducation. Je n’invente rien. J’ai entendu trop souvent cette salade donquichotesque des héros du Grand Soir. On saisit mieux leur embardée idéologique en réfléchissant sur le deuxième facteur.

 

 

On saisit l’ironie. Le gouvernement et les syndicats de l’enseignement sont d’accord pour garder en place le système actuel. Mais ils s’appuient chacun sur des postulats opposés. Le syndicat ne veut pas entendre parler de douance à l’école parce que serait atteint le sacro-saint principe de l’égalité (ou d’égalitarisme…) ; le gouvernement, parce qu’il préfère que les écoles privées gardent les enfants à quotient puisque ça lui coute moins cher ainsi.

 

 

Le deuxième facteur est moins évident mais plus fondamental. Il réside dans l’inégalité des talents. L’utopie gauchiste ne peut se résoudre à accepter cette vérité universelle. La réalité bousille en effet l’utopie camarade qui garantit un avenir socio-économique sans limite aux citoyens qui travaillent avec constance et détermination. Il y a « quelque chose » dans les gènes, concèdent-ils, mais comme l’affirmait un marxiste-léniniste de mes connaissances il y a quelques années : « Pourvu que t’aies quelques neurones pour fonctionner, tu peux aboutir aux plus hauts sommets ! »

 

 

Or, la réalité a la constante manie de montrer l’inanité de ce postulat utopique. Comprenons-nous, j’admire les personnes qui bossent avec constance et détermination. Ce sont là les conditions nécessaires à une vie vraiment réussie. Mais il faut tout de suite ajouter qu’il s’agit d’UNE vie bien précise, celle dépositaire de tels talents et non de tels autres. Le bon sens nous crie par la tête qu’on ne peut donner à quelqu’un quelque chose qui n’est pas en cette personne. Le vieil adage classique sort tout droit de l’expérience de la vie : CE QUI EST REÇU EST REÇU À LA FAÇON DE CELUI QUI LE REÇOIT. Un ami me proposait un exemple clair : « Deux enfants sont devant un cheval qui lève les pattes avant et qui hennit avec force. Un des enfants en est bouleversé ; l’autre s’en fout. » Même contexte, deux réactions. Deux codes génétiques différents.

 

 

Ainsi donc, les parents deviennent souvent aussi déraisonnables que les rêveurs que je viens de dénoncer. Je peux même dater ce virage. Il date de vers 2011. Une de mes filles, prof au secondaire, m’a confié vers cette date le changement incompréhensible des parents. Jusque là, les parents respectaient l’autorité professorale. Ils formaient équipe avec le professeur. Puis, assez soudainement, les parents sont devenus revendicateurs : « Comment ! Vous coulez mon enfant ! Que valent vos facultés pédagogiques pour un tel résultat ! » Je fais l’hypothèse que la directive provient en sous-main des officines gouvernementales. Il est préférable de mettre l’odieux sur les profs et l’ensemble du système scolaire, car il ne convient pas de perdre le vote des parents… Même le cégep en a été affecté. Dans mes dernières années de prof, nous nous sommes faits dire par un membre de l’administration : « C’est facile d’enseigner à des gens doués. On va voir comment vous réussissez avec les moins doués ». En d’autres mots, vous avez intérêt à passer la grande majorité des sous-doués ! Je signale la protection professorale sous le robuste parapluie syndical. Mais les membres de l’administration n’ont aucune armure. Ils sont également victimes des changements de gouvernement. C’est un secret de Polichinelle que les nominations à ces postes sont marquées en sous-main d’une coloration partisane…

Voilà qui termine la première partie sur le monde en orbite de l’éducation.