AUDI ALTERAM PARTEM
par Michel Frankland
Littéralement : « Écoute l’autre point de vue». Écoute le point d vue de ton adversaire avant porter un jugement sur lui.
Chaque peuple, comme chaque personne, est un mélange de vertu, de courage et d’idéal, mais aussi de mensonge, de bêtise et de violence. Il ne s’agit pas des bons Américains et des méchants russes.
Je vous invite à regarder le discours de Poutine :
Ce qui est clairement valable dans le discours de Poutine, c’est la justification de La Crimée à se rejoindre à la Russie. J’avais écrit un article sur le sujet sur le site LE CARREFOUR DES OPINIONS. Il vient d’être republié. Voir ce site.
Regardons maintenant les magnifiques Américains agir en Extrême-Orient. D’abord, la guerre du Viet-Nam. McNammara avait mis sur analyse cette guerre à venir. La conclusion scientifique était claire : victoire en trois mois, au pire, en six mois. Or, elle a duré 20 ans, de 1955 à 1975, et les Américains se sont fait mettre à la porte. Trop orgueilleux pour parler de défaite, ils ont conclu au retrait pacifique.
De même en Afghanistan. Ils y ont dépensé 2,3 milliards. 2324 décès de soldats US. Sans compter 1144 soldats alliés tués… sans aucun gain. Mais une retraite bâclée, laissant sur place un armement de qualité.
Le problème américain consiste à confondre la richesse matérielle, et la puissance militaire qui en découle, avec la victoire. Cette vision, aussi matérialiste que superficielle, s’avère impuissante contre des peuples enracinés dans des valeurs religieuses ou sociétales. Ces peuples sont invincibles.
Le massacre de l’Irak par les Américains est fondé sur un mensonge calculé d’une perversion morale démentielle1. Qui l’a dénoncé ? Plusieurs pays à travers le monde. Mais l’attaque la plus solide vient d’un Américain, Ramsey Clark (pas n’importe qui : « Former U.S. Attorney General »). Titre : The Fire this time. Sous-titre :U.S. war crimes in the Gulf. Je l’avais abondamment annoté.
Mais Poutine, c’est aussi une junte-à -gros-sous qui despotise la Russie. Et qui, dictateur, emprisonne de façon assez raide les manifestations russes contre la guerre en Ukraine. Des experts 2concluent même que les Russes ne peuvent gagner en Ukraine. Mais les autorités russes craignent Poutine et lui disent seulement ce qu’il veut entendre.
Encore fallait-il écouter les points valables de Poutine. Mais depuis quand l’État américain écoute-t-il les pays qu’il ne contrôle pas ? Audi alteram partem ? bien voyons don’ !
1 Convaincre Sadam Houssein que les Américains le laisseront attaquer le Koweit, ancienne province irakienne. Une fois l’attaque amorcée, Bush père fait un discours enflammé : « allons-nous laisser ce bandit attaquer lâchement un petit pays voisin?! » L’armée américaine se préparait depuis plusieurs mois. Il s’agissait de tout détruire en Irak. Mais surtout, les hôpitaux, les orphelinats « pour bien terroriser la population. »
2 En particulier, Sergueï Jirnov, dissidant du KGB vivant en France depuis 2001
