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Les affameurs, malfaiteurs!

10-04-2012

Les affameurs, malfaiteurs!

Par Jean-Paul Kozminski                     

Dans son livre «Destruction massive : géopolitique de la faim», édition du Seuil 2012, Monsieur Jean Ziegler qui a publié en 1976 «une Suisse au dessus de tout soupçon»,  sera le conférencier, ce jeudi, à l’Université du Québec à Montréal, invité par la «Coalition pour la souveraineté alimentaire». La plupart des organisations syndicales et professionnelles québécoises sont au cœur de cette coalition.

Pour Monsieur Ziegler, la faim, ce fléau, cause la mort de milliers d’enfants dans les pays les plus pauvres. Nous savons qu’une compagnie américaine a voulu vendre des graines (terminator) qui ne pouvaient se «reproduire», obligeant ainsi les paysans à dépendre d’un approvisionnement unique pour semer des céréales.

Cette arme de guerre, toujours d’actualité, a fait ses preuves : Staline en Ukraine, Hitler, Pol-Pot et autres «grands» dirigeants, ont employé cette bombe de «destruction massive».  Aux Indes les Anglais aussi préféraient nourrir leur armée plutôt que les indigènes.

Les conséquences, énoncées dans le livre, de la spéculation sur les aliments, de la production de biocarburants, de l’achat à rabais, de l’endettement forcé des pays les plus pauvres (l’exemple du Guatemala est probant : 3% de la population possède 60% des terres), de la location des terres arables en Afrique et en Amérique du Sud, ces conséquences sont directement responsables des famines que l’on peut qualifier de «voulues». La spéculation boursière sur les prix du maïs, du blé, du riz n’est pas à démontrer. Cette spéculation, légalisée par les «hedge funds» après l’immobilier, s’est tournée vers l’alimentation. « Ces spéculateurs devraient être traduits en justice». Dixit JZ.

Ces «trusts» agro-alimentaires provoquent directement la famine de millions d’êtres humains, qui ne peuvent acheter des aliments de base devenus trop chers. Jean Ziegler souligne qu’il a été vertement sermonné par l’ambassadeur canadien pour avoir défendu le dossier des plus démunis lors d’une session de l’ONU. Dossier expliquant la nécessité d’une réforme agraire.

Bien sûr, des solutions de partage et d’entraide existent… mais sans la volonté des États les plus puissants de la planète, eux-mêmes soumis aux diktats et à la puissance monétaire d’entreprises privées, ces solutions sont difficiles à implanter. Est-ce que ces super-compagnies ordonnent aux gouvernements de couper les subventions accordées au PAM et la FAO? (Programme alimentaire mondial et Food and agricultural organization). Est-ce une façon d’exercer un monopole meurtrier?

C’est vrai que chez nous, on mange bien. (même si des enfants québécois et canadiens vont à l’école le ventre vide).  C’est vrai que nous nous comportons en égoïstes et c’est vrai que voir «les autres» mourir de faim à la télé ne nous dérange pas trop. Après tout, nous donnons généreusement aux organismes caritatifs qui s’en mettent aussi plein les poches, du moins pour beaucoup. La misère fait vivre bien du monde. (source : carnets JLK, le devoir)

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