Montréal

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Mon histoire d’immigrante

16-03-2011

Mon histoire d’immigrante

Je m’appelle Martine Douce Ferrari, d’origine française, ancienne professeure de français ayant exercé à Paris (France), courtier spécialisée en assurance-crédit / risques politiques depuis 23 ans.

L’idée d’émigrer au Canada a germé après que notre fille aînée ait fait un séjour estival en Saskatchewan.  A son retour de voyage, elle nous faisait part de sa décision de vivre au Canada après ses études universitaires. En riant, nous lui avions alors répondu qu’il n’était pas question de vivre à des milliers de kilomètres d’elle. Nous ne savions pas alors qu’un an après nous ferions face à une douloureuse période de chômage !

En effet, mon mari, ingénieur mécanique, ancien Directeur Recherche et Développement dans l’industrie automobile puis dans l’industrie de la serrurerie, se retrouvait sans emploi.  Pendant ces 18 mois de chômage où il s’est fait souvent répéter qu’il était « trop vieux, trop cher! », notre famille a repensé à l’idée d’émigrer au Canada. Mon mari est donc venu en repérage au Québec et a eu le coup de foudre pour le pays et la gentillesse des gens et a dit « Oui, je suis sûr que nous serons heureux au Québec ! ».

Nous sommes arrivés le 3 mars 1999 avec notre deuxième fille mais sans l’aînée qui n’avait pas encore terminé sa Maîtrise en Commerce International. Nous sommes donc arrivés au tout début du printemps, une année où le taux d’ensoleillement a été particulièrement élevé puisqu’il a fait beau de mars à novembre quasiment sans pluie! J’ai trouvé cette période formidable car l’herbe et les fleurs poussaient à vue d’œil et arrivaient à pointer leur nez à travers la neige! C’était magique pour moi, une vraie symphonie sous mes yeux, symbole d’une promesse de renaissance dans tous les sens du mot, avec en plus de vraies saisons, chose que nous ne voyions plus vraiment à l’époque en Europe. J’étais venue seule en janvier 1999 pour laisser parler mon cœur et mes émotions et sentir si je serais capable de supporter la neige et le froid et surtout de vivre dans un pays qui vivait, selon les publicités alors diffusées en France, 6 mois de l’année « sous terre »! Moi bavarde de nature, je me demandais comment nous ferions pour rencontrer des gens… Si c’était à refaire, je referai la même chose, je choisirais le début du printemps pour vivre toutes les saisons et avoir le bonheur de découvrir ce que signifie vivre avec les saisons.

Nous gardons un souvenir enchanteur de notre arrivée car nous partions tous les week-ends visiter notre belle province. Notre but était alors d’aller rencontrer les gens d’ici en dehors de Montréal (car une grande ville est une grande ville partout dans le monde) ; nous voulions sentir « les vrais gens »! Nous avons fait des rencontres merveilleuses, nous nous sommes faits des amis que nous avons encore, 11 ans après. La richesse de ces rencontres nous a définitivement fait aimer ce beau pays !

Cela n’a pas malgré tout empêché les difficultés d’ordre professionnel. Mon mari n’a jamais retrouvé de poste d’ingénieur : comme je lui disais alors « vieux un jour, vieux toujours ! ». Nous avons eu beaucoup, beaucoup de souffrance ! Faisant fi de son expérience professionnelle en ingénierie notamment dans le secteur automobile, l’Ordre des Ingénieurs exigeait soit qu’il reprenne ses études au niveau du CEGEP (il avait alors 49 ans…) soit qu’il trouve un employeur qui accepterait de l’embaucher ce qui, l’autoriserait à suivre une formation de mise à niveau. Bien entendu aucun employeur ne voulait l’embaucher puisqu’il n’était pas membre de l’Ordre des Ingénieurs. Après plusieurs petits boulots en intérim, il a été embauché il y a 3 ans par une très belle société.  Il est cependant loin d’avoir la position et le salaire qu’il avait eu en tant qu’ingénieur! Nous avons énormément perdu sur le plan matériel et financier.

Quant à moi, c’est également tout une histoire ! Notre déception est liée au choc terrible du poids des différences de culture que nous n’avions absolument pas anticipé. Nous pensions que parlant la même langue, le français, et comme les gens étaient adorables tout serait facile.  Pourtant dans le travail, c’était toute une autre affaire.  Nous nous sommes fait dire souvent que nous « faisions peur ». Je ne veux pas développer ce point qui est encore très douloureux, découvrir notre condition de minorité non visible dont on ne parle jamais, et pourtant…

En faisant le point sur notre expérience je réalise que n’émigre pas qui veut!  Il faut posséder des qualités d’adaptation et de résilience. Nous sommes donc allés puiser ces forces au fonds de nous-mêmes et nous appuyons encore sur la qualité de tous ceux et de toutes celles que nous rencontrons pour dépasser ces souffrances.

Aujourd’hui, le constat global est positif.  Mes filles sont heureuses, mon mari est heureux dans son emploi car il baigne dans un milieu formidable où de très nombreuses nationalités se côtoient, et moi, je sors la tête de l’eau parce que je n’arrête jamais de trouver de nouvelles solutions gagnantes. Vous l’avez compris, ce qui fait notre bonheur, en dehors de notre bonheur familial, ce sont toutes ces rencontres formidables que nous faisons. Notre bonheur ici ? C’est la qualité des relations humaines. Nous rencontrons des gens merveilleux et cela fait toute la différence, et si cela était à refaire, nous le referions, nous ne regrettons pas notre choix.

Les difficultés rencontrées nous ont fait beaucoup grandir. Nous avons notamment trouvé le chemin de la spiritualité ; nous avons appris à donner aux autres qui n’étaient pas membres de notre famille car en France, nos familles respectives (très nombreuses) étaient notre priorité. Au Canada, nous sommes 6 maintenant puisque notre fille aînée est aujourd’hui mariée et maman d’une adorable petite fille. Nous avons donc découvert « l’autre », nous avons découvert que la fraternité n’était pas seulement une fraternité de sang mais aussi une fraternité de partage avec des hommes et des femmes qui n’étaient pas de notre sang mais qui avait le même cœur. Les autres nous ont donc fait grandir.

En dehors de notre situation financière, nous n’avons rien perdu au contraire. Et je suis convaincue que je n’ai pas encore dit mon dernier mot et que je saurai retrouver ce qui fit ma « réussite » ailleurs. La culture d’affaires est une réalité à ne pas négliger.

Mon expérience professionnelle ici au Québec m’a fait énormément progresser.  Je veux cependant toujours comprendre pourquoi, quoique mon métier soit ma passion, je n’ai pas les résultats attendus.  J’ai dû échapper à cet égard quelque chose de la différence culturelle.  Par exemple, mes patrons me disent que je suis un mystère pour eux, que j’ai telle, telle qualité et que je devrais faire plus.  L’un deux me disait que l’on se « sentait petit à côté de moi ».  Je ne comprends pas : en France, on n’est jamais assez bon et ici on fait peur quand on est tout simplement un bon professionnel.  J’aimerais rencontrer quelqu’un qui me dise où sont mes faiblesses, si seulement quelqu’un qui pourrait me dire en quoi ma manière d’être et d’agir inquiète les autres.  Mais ne croyez pas que je pleure sur mon sort. J’essaie encore et toujours de me faire accepter tout en restant fidèle à moi-même; je change ma façon de faire intuitivement mais je suis confiante car je me dis que le Grand Architecte de l’Univers ne m’abandonnera jamais.

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