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Les racines de la gauche et de la droite

15-09-2019

Les racines de la gauche et de la droite

par Michel Frankland

L’idée reçue par la population capable de penser consiste à définir la gauche et la droite selon l’axe des responsabilités sociétales. Se situe à gauche la préoccupation des besoins des gens.

Ainsi de l’éducation gratuite, ou en tout cas franchement abordable. De même pour les soins de santé, substantiellement sans frais. Il va de soi que les médicaments affichent un prix abordable. Une anecdote en dit long sur le clivage avec nos voisins du Sud. Les Américains – Bernie Sanders lui-même rapporte ce fait – ayant découvert que les médicaments canadiens sont dix fois moins chers qu’aux États-Unis, bon nombre de leurs citoyens viennent acheter leurs médicaments au Canada.

La droite affirme au contraire que la rentabilité économique constitue la seule cause de la prospérité générale. Les tenants de la droite ne voient dans le partage proposé par la gauche qu’une façon de rendre monsieur et madame Tout-le-monde égaux dans la pauvreté.

Une anecdote chérie par la droite : un professeur demande à ses étudiants s’ils sont prêts à vivre une expérience socialiste : tous auront la même note. Vous voyez venir la conclusion : après un test, les forts en thème se disent qu’il est inutile d’étudier sérieusement ; les moins bolés  se réjouissent. Mais l’examen final du ministère fut un échec retentissant.

Bref, la gauche est socialiste ; la droite, capitaliste.

Ces deux tendances définissent officiellement – en tout cas au moins officieusement – les tendances politiques

Je vous soumets que cet axe politique n’est qu’un effet d’une intuition de fond sur la nature humaine.

Dans le partage des effets sur le comportement, la gauche mise pour l’essentiel sur la transformation de l’individu. Une meilleure éducation, un encadrement mieux adapté permettront aux personnes nées dans un milieu plus modeste d’accéder aux meilleurs postes. Bref, l’investissement nettement amélioré en éducation permet tous les espoirs. L’enfant d’un milieu pauvre, avec un vocabulaire fort limité, pourra ainsi devenir chirurgien, gestionnaire de haut niveau. Voire premier ministre.

La droite croit que c’est là un rêve stérile. L’intuition de la droite est que le talent se trouve essentiellement dans les gènes. Ainsi, les gens naissent inégaux. La vie réussie consiste donc à jouer le mieux possible les cartes qu’on a reçu en naissant. Dick Cavett reçoit un soir à son talk-show télévisé Laurence Olivier, le brillant acteur qui avait rendu de façon magistrale le rôle de Hamlet. Cavett sait qu’Olivier est « du côté des gènes ». Mais, insiste Cavett, si l’individu moins doué y va d’un effort immense – « Mais ça aussi, c’est génétique, rétorque Olivier. On ne peut mieux définir la position de la droite. Bref, Il nous arrive ce qui nous ressemble.

Pour la droite, il en va de même pour les groupes ethniques. La gauche est convaincue que les groupes ethniques des bidonvilles et autres favellas auraient un bien meilleur avenir s’ils avaient mieux favorisés au cours de leur histoire. Vous comprenez maintenant par inférence que la droite estime qu’il en va des races comme des individus.

L’aide proposé par la gauche apportera une certaine hausse des performances. Mais ce ne sera, précise la droite, que chez un nombre limité d’individu.

La droite est du côté de l’objectivité ; la gauche est interpersonnelle. Nonobstant les quelques effets sur le rehaussement des performances, le grand bienfait de la gauche consiste à apporter une part aussi immense que non mesurable : la bonté du cœur, la chaleur humaine. Peu importe, finalement, que les QI ne changent pratiquement pas chez les groupes aidés, ils seront plus en paix et plus heureux.

La droite a objectivement raison. Les races, comme les individus, sont peu transformables. À moins qu’ils l’aient déjà en eux – historiqument, je n’ai vu que quelques peuples asiatiques doués de ce potentiel. Ainsi apparaissent de meilleures conditions économiques. Cependant, ce sont les gens plus doués qui en profitent. Mais la gauche, plus apte à la mansuétude, crée davantage de bonheur chez des gens que la compétition des talents rend plus vulnérables.