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JEAN-FRANÇOIS LISÉE, ERREUR D’IDENTITÉ

03-10-2018

JEAN-FRANÇOIS LISÉE, ERREUR D’IDENTITÉ

par Michel Frankland

J’étais à l’Université. Un collègue se penche vers moi et me murmure : « Le prof sait tout, mais rien d’autre. » Ce « rien d’autre » est capital. 
Même dans le monde galactique. Les scientifiques ne comprenaient pas que les étoiles, à cause de la loi de l’attraction, ne s’écrasent pas l’une sur l’autre… jusqu’à ce qu’ils découvrent ce rien d’autre, immense force dans l’univers, la matière noire.
Nous votons en attribuant, avec raison – disons plutôt avec instinct, avec une sagesse innée – une importance énorme, et justifiée, à ce rien d’autre en politique. De Kennedy, René Lévesque, Lucien Bouchard, Pierre Elliot Trudeau émanait ce rien d’autre. Une densité de présence agissant comme un aimant. Marqué au plus profond de l’ADN. Au PQ, Véronique Hivon témoigne de ce CELA. Et Pascal Bérubé, député de Matane, encore plus. Alors que les rares élus du PQ n’ont triomphé que par des marges ordinaires, Bérubé, entouré d’élus des autres partis, triomphe par plus de 1100 voix !
Lisée, à l’évidence brillant, gros quotient perçu comme tel par l’ensemble de la population, n’est pas doué pour ce « rien d’autre ». Des manifestations en ce sens abondent.
En plein débat sur un autre sujet, Lisée interroge Manon Massé sur l’identité véritable du patron de Québec Solidaire. La demande est non seulement inopportune. Elle manifeste une angoisse sur ce nouvel adversaire représenté par une femme qui crève l’écran politique. Une perte de pédale instinctivement saisi par l’instinct populaire. Un chef doué et sûr de lui – une des caractéristiques de ce « rien d’autre » – aurait donné une conférence de presse sur ce sujet un autre jour. Et même, habilement, quelques jours avant cette rencontre du jeudi soir.
Sur un point qui amenait des discussions sur l’alliance avec QS parmi l’aéropage péquiste, Lisée annonça qu’il avait mis un point final à cette discussion. Il précisa, avec un ton de satisfaction heureuse : « Je suis le chef ». Je ne puis imaginer un des trois autres chefs de parti parler ainsi. Un chef scout, peut-être. D’autres expressions auraient mieux passé. Par exemple, «Nous avons finalement décidé de nous en tenir à notre propre orientation. »
Les journalistes ont sûrement perçu cette carence du chef du PQ. Ils n’en ont pas parlé. Parce qu’il est trop délicat, pour les représentants du quatrième pouvoir, de se livrer à un commentaire aussi personnel. Également, parce que l’homme est honnête et a été intègre aussi bien que brillant au cours de sa carrière politique.
Véronique Hivon, et encore plus Pascal Bérubé, pourraient remettre le PQ sur la voie du succès. S’ils comprennent qu’il faut laisser l’indépendance de gauche à QS et occuper une position centriste. QS a recréé chez les jeunes une respectabilité et un attrait pour l’indépendance– « par la bande », par affection pour QS. Tant mieux. La position centriste du PQ puiserait dans le réservoir, quand même assez considérable, des indépendantistes plutôt mal à l’aise avec un parti nettement à gauche.