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LA PRIVATISATION OU ÉTATISATION DE LA PRODUCTION (3) ?

25-02-2018

  1. LA PRIVATISATION OU ÉTATISATION DE LA PRODUCTION?

par Christian Martin

Je partage l’opinion de l’Honorable Ralph Goodale pour qui « cette loi est un échec ».

Avant de cueillir un fruit, il doit passer par un stade de maturité, être trié, évalué pour sa qualité. Il sera ensuite mis sur le marché ou jeté s’il ne répond aux normes. Dans le cas présent, le leitmotiv principal est l’argent.

La santé du citoyen semble être peu ou pas considérée. Même sur le plan thérapeutique il y a discorde : « L’utilisation de cannabis thérapeutique est peu connue, donc les professionnels de la santé ne connaissent pas réellement les doses à prescrire. C’est la raison pour laquelle l’AMC (association médicale Canada) somme d’établir des programmes obligatoires de formation et d’autorisation à l’intention des médecins qui autorisent leurs patients à utiliser la marijuana . Depuis 2016, le cannabis à usage thérapeutique est remboursé par l’ARC (agence du revenu du Canada)

Il y a donc un désaccord entre Santé Canada qui prône la prescription du cannabis et le collège des médecins du Québec » https://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabis_au_Canada

La légalisation de la marijuana au fédéral: du boulot pour les provinces (le Devoir, 14 avril 2017)

« La loi actuelle est « un échec lamentable », a martelé le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale….Les corps policiers du pays dépensent deux à trois milliards par année pour prohiber la marijuana, le crime organisé tire sept à huit milliards de profits et les jeunes Canadiens demeurent parmi les plus gros consommateurs en Occident. Chez les 15-19 ans, le taux de consommation atteint 21 % ; chez les 20-24 ans, il était de 30 % en 2015, selon le gouvernement. « On doit tout simplement faire mieux », a insisté le ministre.

http://www.ledevoir.com/politique/canada/496375/legalisation-de-la-marijuana

Une faille considérable dans le projet cannabis, la privatisation intégrale de la production un danger majeur à l’échelon National

Rappelons-nous que la privatisation de la production thérapeutique a été établie depuis 2001:

« L’utilisation du cannabis aux fins médicales a été permise pour la première fois en 2001. Suivant un effort de décriminalisation de Jean Chrétien en 2003 avec le projet de loi C-38 » https://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabis_au_Canada

Même si le précédent existe, la consommation est limitée puisque réservée à des fins thérapeutiques. La barrière actuelle de prescriptions médicales sera détruite le 01 07 2018 si le Canada tout entier ne prend pas conscience que :

  • La production n’est plus réservée seulement à la thérapie mais aussi, comme il est dit, de façon subtile, à l’utilisation récréative.

  • La production deviendra donc intégralement privatisée et la consommation libéralisée.

« Les 41 producteurs de marijuana médicale approuvés par Santé Canada seront de facto autorisés à rejoindre le marché récréatif. Les critères de production seront toutefois dévoilés « dans les prochaines semaines », par voie de réglementation…… Adam Greenblatt, de la compagnie Tweed — propriété de Canopy Growth, avec Mettrum et Bedrocan —, est ravi. « Les producteurs autorisés alimenteront le futur marché récréatif. On est assez contents. » Il ne craint pas un possible léger assouplissement des règles pour permettre l’arrivée d’autres joueurs… S’ils le font, ça va faciliter nos projets d’expansion. Et on veut un marché concurrentiel. » Martin St-Louis, d’Hydropothicaire à Gatineau, a aussi salué « une excellente nouvelle pour les producteurs autorisés ». Il reconnaît que « le travail ne fait que commencer » et compte proposer aux provinces, avec ses partenaires membres de l’Association Cannabis Canada, un modèle de distribution par le biais de magasins au détail spécialisés…. »

http://www.ledevoir.com/politique/canada/496375/legalisation-de-la-marijuana

Focaliser la discussion sur la distribution telle que nous le constatons actuellement, est une façon de détourner les vraies questions de la production, privatisation ou étatisation?

Avant de penser à étatiser la distribution avec des réglementations sévères, il est de rigueur d’étatiser la production intégrale, pour tous les consommateurs.

La production privatisée actuelle et réservée à la thérapie répond aux normes médicales. La production pour le récréatif répondrait alors à des normes sélectives plus faibles en teneur d’excipients afin de favoriser la prévention. Les discussions sous-jacentes par contre indiquent de toute évidence qu’il n’y aura pas de production à deux vitesses, puisque les sociétés privées ont déjà annoncé que la privatisation intégrale facilitera un marché concurrentiel.

CONCLUSION

Nous faisons donc face à une situation extrêmement grave avec des conséquences néfastes pour notre jeunesse. Il nous faut réagir promptement sur l’attribution de la production aux entreprises privées.

La production devrait être assurée par des entités gouvernementales à la fois pour sécuriser, gérer la production à la source et ce afin d’éviter la prise du marché par des entités privées qui seraient peut-être difficilement contrôlables. La drogue a toujours été un milieu géré par la contrebande. Les entreprises privées ne pourront être à 100% à l’abri d’une gestion sécurisée. Cette fois, Il ne s’agit plus d’une exploitation limitée à de la thérapie mais qui touche toute la population du Canada. Cette insouciance de certains de nos responsables risque d’engendrer une calamité publique tant sur le plan santé, législatif et bien entendu social.

J’exhorte tous les québécois à prendre position afin que la mise en application de cette législation générale du cannabis soit reportée jusqu’à ce que :

  • L’étatisation de la production et distribution soit débattue et votée.

  • Des réponses soient apportées aux questions soulevées par certains députés et par les citoyens, ce qui inclut les professions libérales (avocats, médecins, gérants d’immeuble etc..), et

  • Des solutions soient apportées dans le respect et l’intérêt de tous.