Montréal

Nouvelles

APARTHEID AMÉRINDIEN 2

04-01-2018

 

par Michel Frankland

Nous nous demandions, à la fin du premier article sur l’apartheid amérindien, s’il existe une troisième position sur ce sujet.

Oui. Il y en a une. Mais elle n’est pas glorieuse. Et si je vous disais que c’est celle du Canada ?

Sentiment tordu

Nous arrivons à la troisième position, celle du Canada. Notre sentiment à l’égard des Amérindiens est tordu, morbide ; il s’y mêle mépris, culpabilité et fascination. Celle-ci est marquée par un mauvais goût certain et par la lâcheté des politiciens. Les peuples incertains sont inquiets de leur réputation internationale, ils écoutent servilement ce que disent tout un chacun et leur père. Il faut donc éviter d’aller à la source du problème autochtone, ce serait trop désagréable. Contentons-nous de déclarations solennelles et généreuses sur le droit inaliénable des Amérindiens à toutes sortes de faveurs.

Il faut ajouter à cela qu’on prend spontanément pour le petit ; symétriquement, on a honte d’être du côté du puissant. En Afrique du Sud, c’étaient les « gros méchants », les bien nantis, qui jouissaient de l’apartheid contre tous les Mandela de leur pays. Et c’est nous, les voleurs de pays, qui les avons spoliés, qui aurions le culot de critiquer ?! Fermons les yeux, tolérons tous leurs commerces illégaux entre le Canada et les États-Unis. Le viol constant de la loi par les Amérindiens reste impuni.

Le philosophe Alain, dans Propos sur le bonheur, écrit courageusement une nécessité du pouvoir : « Il n’y a de pouvoir ultimement que militaire. » Si, devant la menace armée des Amérindiens, on s’écrase dans des pensées creuses sur la paix en démocratie, on refuse ici aussi une souffrance utile. Un politicien qui n’est pas prêt à ce que son gouvernement utilise les armes dans de telles circonstances — pour faire respecter une loi qu’on viole consciemment, froidement, la carabine à ses côtés — ne mérite pas de gouverner. Ceux qui ont peur de la mort ont aussi peur de la vie.

De plus, les Amérindiens servent merveilleusement les visées du Canada contre l’indépendance du Québec. À plusieurs reprises on a vu les autochtones laisser entendre qu’ils n’accepteraient jamais l’indépendance du Québec. Ils quitteraient, avec leur territoire, rien de moins, pour se joindre au Canada. Dans la même problématique, faut-il voir vraiment comme un geste maladroit celui du ministre fédéral des Pêcheries qui a octroyé des droits de pêche pratiquement illimités aux Micmacs de la Gaspésie ?…

Mais justement, les considérations présentées ici ne constituent-elles pas en même temps un réquisitoire contre l’indépendance du Québec ? S’il faut abolir les privilèges autochtones, n’affirme-t-on pas du même coup que les Québécois de souche doivent rentrer dans le rang et se conduire en Canadiens comme tout le monde ? En aucune façon ! La différence est de taille. Jamais le mouvement indépendantiste n’a réclamé de privilèges ethniques. Ses aspirations sont socioculturelles.

Tout le bien, ou le mal, qu’on a fait aux autres ou à soi-même doit inéluctablement porter fruits, positivement ou négativement, selon la nature de l’acte. L’ensemble morbide que constitue l’apartheid amérindien a beau se parer de l’auréole de la générosité et du respect, il finira par éclater comme un sac à ordures qui finit par se déchirer.

Steven Blayney insistait pour dire que le roi était nu. Comprenons que c’est, à ma connaissance, le seul qui a eu le courage de rappeler à un esprit le moindrement conscient que les réserves constituent une aberration.

On est ce qu’on croit ce que les autres croient qu’on est. Ce principe n’a évidemment rien d’absolu. Il reste qu’il met en lumière l’influence que les autres, et les circonstances qu’ils ont créées pour nous, nous influencent souvent plus que nous le croyons. Les Indiens ont fini par se créer un pays artificiel, celui de la réserve.

Bref, l’apartheid amérindien est incompatible avec l’esprit des lois et avec la justice qui doit en découler.