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LE VIRUS AMÉRICAIN 5

11-08-2017

LE VIRUS AMÉRICAIN 5

 

 par Michel Frankland

Pour faire suite à l’article précédent de cette série, on n’a encore rien dit des torts infligés au Viet-Nam. D’abord, « l’Agent Orange » gaz dont les vapeurs empoisonnées dévastaient la population aussi bien que la végétation luxuriante et dont la destruction constituait le but officiel. Bilan additionnel, environ 50 000 suicides dans la population locale. Et 700 000 soldats Viets aux troubles post-traumatiques profonds. Et des milliers de soldats décédés.

 

 

Il en est allé du même type de tragédie pour les guerres américaines en Irak et en Afghanistan. En argent constant, la guerre Vietnamienne avait coûté 1trillion. Au cas où vous seriez moins familiers avec l’énormité de ces chiffres, un trillion signifie mille milliards. Disons que 10 billets de banque bout à bout font un mètre. Or, le diamètre de la planète est évalué à environ 40,000 kilomètres. Soit 40 millions de mètres. Il faudrait donc environ 400 millions de dollars pour faire le tour de la terre. Or, la guerre dans les deux pays arabes a couté 6 trillions. 7 trillions en tout. Soit, pour simplifier les calculs, assez dollars pour faire le tour de la terre plus de 1500 fois ! Avec des conséquences désastreuses pour l’économie américaine.

 

 

Je ne crois pas utile de redonner les rapports de ces deux catastrophes. Elles sont substantiellement proportionnelles à celles du Viet-Nam. Avec, en plus, des centaines de mille citoyens décédés. Ou déplacés. La télé nous les montre régulièrement, sur des rafiots de fortune, amerrissant, hagards, sur le sol européen…

 

 

La guerre menée contre Kadhafi représente une bourde internationale dont je ne trouve aucun équivalent historique, sinon la guerre en Irak. Dans les deux cas, Irak et Lybie, le gouvernement américain a cru astucieux d’appuyer les forces insurrectionnelles contre le potentat, que ce soit Saddam Hussein ou Kadhafi. Une analyse le moindrement sérieuse aurait révélé la bêtise hallucinante de s’unir à des individus qui considéraient les États-Unis comme le Grand Satan. D’ailleurs, c’était la conviction des insurgés que, sous des dehors hostiles, leurs gouvernements respectifs menaient des accords commerciaux secrets. À tout le moins, c’était, à leurs yeux, des « puissances financières méprisant les petits. ». Bref, il n’est pas sage de s’associer à un petit ennemi contre un plus gros. De la même façon qu’il relève de l’illusion de donner un enfant à un crocodile pour le calmer.

 

 

Pire encore, le sociologue le moindrement réfléchi aurait prévenu les États-Unis et autres peuples illusionnés que la Lybie grouillait de factions rivales. Une fois au pouvoir, ils réduiraient le pays en un damier sanglant. Toute vente d’armes devenait doublement désavantageuse, à la fois parce que livrés à des ennemis jurés de l’Occident et parce que dans ce climat littéralement explosif, l’émissaire américain serait probablement revenu dans un cercueil.

 

 

De même, les Américains se trouvaient à cent lieux d’une évidence. Les militaires irakiens, sunnites comme Saddam, furent bouleversés et profondément irrités du fait qu’un pays étranger s’était expressément donné la mission de tuer leur chef, qu’ils respectaient vraiment – en particulier pour des raisons « tribales », sunnites unis contre les chiites. L’avenir était écrit en grosses lettres sur le mur de l’histoire. Cette armée bien entrainée, d’ailleurs humiliée par les Américains, ne rêvaient qu’à se venger de ces Grands Satans sortis de la fourberie capitaliste… Et ainsi, Daesh est né. En somme, les Américains avaient tout faux. Mais pourquoi réfléchir avant d’attaquer ? Ils sont les plus forts… Comme les Romains, pas longtemps avant que l’Empire s’écroule !

 

 

Les dirigeants américains ont ignoré certaines constantes inhérentes à la vie. Les peuples, comme les personnes, sont des ensembles complexes. Des océans d’émotions et marqués de valeurs particulières qu’ils défendront contre tous les Goliaths qui les agressent. En particulier pour le monde arabe, que les sociologues définissent comme civilisations à haute définition. Les Américains n’ont pas compris qu’ils s’embarquaient dans une guerre située dans une autre planète.

 

 

Bref, le virus américain, minant de l’intérieur cette démocratie qu’ils estiment au plus haut point, prêts à la défendre contre tout envahisseur, constitue leur cheval de Troie. Il n’y a pas de pire ennemi que celui qui te mine de l’intérieur !

 

 

Nous montré multiplement les méfaits des élections à vendre au plus offrant. Nous en dévoilerons un nouvel aspect dans Le virus américain 6 : un peuple de drogués !