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LE VIRUS AMÉRICAIN 3

31-07-2017

LE VIRUS AMÉRICAIN 3

 

 par Michel Frankland

Considérons maintenant deux aspects des États-Unis apparemment sans lien avec le virus américain. Nous l’avons décrit et analysé dans les deux premiers articles. Poursuivons notre réflexion.

 

Le problème de la vente d’armes chez nos voisins a fait jaser dans les chaumières de la planète et leurs médias. 30 000 victimes de meurtre annuellement ! Par nombre d’habitants, c’est, de loin, un record absolu de la galaxie. L’ineffable Trump, à la suite d’une des tueries hebdomadaires, assez abondante pour que les médias la signalent, a conclu qu’il fallait s’armer davantage pour intimider les tueurs.

 

On perçoit immédiatement la bêtise bien cimentée de cet argument. D’abord parce qu’un être humain est un océan d’émotions. Lors d’une vigoureuse altercation, alors qu’ailleurs l’issue serait possiblement un œil au beurre ou un nez fracturé, un Américain – ou plusieurs – couchera ce soir-là dans un cercueil. Ensuite, la psychologie la plus élémentaire nous assure qu’un être assez bouleversé pour se servir de son arme de poing – ailleurs, il n’emploiera que ses poings ! – ne vit que sa vindicte. Le fait que d’autres soient armés autour de lui augmente les chances d’un carnage plus abondant.

 

Pire, plusieurs l’ont appris par les émissions sur le sujet, n’importe quel américain peut acheter n’importe quelle arme dans un « gun show ». On n’y fait pratiquement aucune vérification. Or, dans nos sociétés occidentales, et probablement dans toutes les civilisations de la planète, il y a

Environ 4 % des personnes souffrant de problèmes mentaux. Et un peu plus de 1 % se trouvent en dérapage quotidien. Ces personnes, pour assouvir leurs craintes, leurs délires de pouvoir ou autres hallucinations, peuvent se procurer un AK-47 ou l’équivalent dans une de ces foires portes ouvertes à l’armement.

 

La relation causale avec le virus américain apparait limpide à la réflexion. C’est précisément parce qu’on peut acheter les élections que l’émulation monétaire se trouve si forte entre les candidats. Si le montant est proportionnel, tout talent politique relativement égal par ailleurs, il suit que la victoire sera proportionnelle aux sommes amassées par partis et candidats. D’où la nécessité de se plier aux dictats des gros bailleurs de fonds.

 

Or, c’est un fait souventes fois vérifié, la NRA, ou National Rifle Association, constitue un des mécènes les plus « généreux ». On est très respectueux de leurs gros sous, signifiant souvent la victoire ou la défaite, surtout dans les élections ou l’issue est incertaine.

 

Notons cependant un autre trait dangereux de la civilisation de nos voisins. Ils se révèlent souffrir d’une fixation dans le passé. Les États-Unis ont payé chèrement leur indépendance de la Grande-Bretagne. Ils en ont tiré un ardent patriotisme. Leur identité s’en trouve fortement marquée. D’autant plus que la période difficile qui a suivi a mis en lumière le rôle des shérifs comme patriotes courageux. Mais c’est toujours au moyen des armes que tous ces tiraillements, émotivement liés à leur patriotisme, se sont déroulés. Bref, un Américain s’estime un fier descendant de ces périodes épiques. Au Canada, on chante « qui sait porter la croix »; chez nos voisins, on est fidèle au patriotisme qui « sait porter les armes ».

 

Bref, le peuple américain se trouve pris en tenaille entre deux impératifs : gagner la guerre politique ; être fidèle aux patriotes fondateurs. Les deux pulsions les portent à ouvrir la porte bien grande à l’armement. Par impératif politique et par admiration pour les héros qui continuent à inspirer le puissant patriotisme américain.

Mais il y a pire. C’est ce que nous approfondirons dans Le virus américain 4.