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LE VIRUS AMÉRICAIN 2

28-07-2017

 

LE VIRUS AMÉRICAIN 2

par Michel Frankland 

Essentiellement, nous avons compris, dans le premier article de cette série, que la plaie profonde des États-Unis, son « virus », consiste à pouvoir acheter les élections.

Dans ce deuxième article, nous articulerons la mécanique des effets de ce fléau politique. Le fait troublant a été effleuré dans le premier article. Examinons ce fait de plus près ici. D’une part, le montant lui-même accordé à l’élection d’un candidat ou d’un parti est pratiquement sans limite. Mais, d’autre part, il s’avère encore bien pire d’accepter les contributions des entreprises. Bref, un virus à deux têtes !

Analysons-en la mécanique des effets.

Il ressort de l’évidence même que les entreprises ne fournissent pas des fonds, souvent considérables, par pur idéal. Pour elles, il s’agit évidemment d’un placement. Le profit recherché se trouve de fait imposé, sous peine de coupure des subventions et d’une attaque sous-marine sournoise contre les récalcitrants. « Vous avez accepté notre don. Nous voulons la compensation habituelle. » Cette compensation consiste dans une niche inscrite dans les filières de l’IRS, ou Internal Revenue Service. Ainsi, une foule d’entreprises considérables obtiennent automatiquement des avantages fiscaux aussi spéciaux que lucratifs.

Les politiciens en profitent aussi. Des dons en argent, mais bientôt, des journalistes aux affuts insistant un peu trop à leur goût sur ce fait. On devient donc plus subtil. On demande un discours du candidat qui sera remboursé dans les six chiffres – oh que c’est beau la parole publique ! Ou encore, la famille du candidat se verra offrir des vacances de rêve. Où vous aurez tout à coup eu droit à une auto neuve, don d’un prête-nom. Bref, les politiciens profitent allègrement de la manne ; ce sont les citoyens qui paieront par leurs taxes ces nombreuses niches dans les quelque 65000 pages de l’IRS.

Churchill remarque qu’on peut bourrer tout le monde pendant un peu de temps ; on peut bourrer certains tous le temps. Mais on ne peut leurrer tout le monde tout le temps. Si bien que par vérification, écoute des médias ou par simple instinct, Jos Bleau et sa femme se rendent compte que les politiciens forment une clique heureuse, comblée, toujours habile à toucher les mythes chers à l’âme américaine… Mais le peuple, à force de se faire jouer ce même coup d’archet, finit par dire « Ça fera ! » Il en résulte un sentiment périlleux pour la démocratie. Il s’exprime par un dégoût de l’univers politique, une bande de profiteurs aux yeux de l’instinct populaire.

On est alors prêt à opter pour à peu près n’importe qui avec un peu de gueule pourvu qu’il soit étranger de Washington. Surtout s’il a la forte personnalité de Trump. Et c’est encore mieux ! C’est financier milliardaire ! Et il nous promet des jobs en masse. Joe Bleau et sa femme jubilent !… On voit le résultat… Il n’a pas besoin de commentaires. Les multiples aberrations de Trump, presque quotidiennes, parlent plus fort que les analyses à son sujet.

Nous n’avons touché ici qu’à quatre conséquences du virus américain. D’abord, l’influence pesante des entreprises bailleurs de fonds. De plus, la déconnection effective, relative certes, mais palpable par le public, entre les politiciens et leurs supporteurs. Ensuite, et par voie de conséquence, la méfiance des votants par rapport aux divers niveaux des décideurs. Enfin, le désintérêt général a produit un « homme de l’extérieur », une des pires calamités à meurtrir la fonction présidentielle.

Nous approfondirons le sujet dans le troisième article. Des relations de cause à effet en surprendront plusieurs.