Montréal

Nouvelles

Qui peut en dire l’Aloi, faute d’en remuer le Fond.

28-01-2017

 Qui peut en dire l’Aloi, faute d’en remuer le Fond.

« Cependant qu’on se garde bien d’en faire mention dans sa Biographie, oublie-t-on jamais le nombre de ses Méfaits ».

Guy de MAUPASSANT dans l’une de ses Nouvelles, La Morte (1889), ne nous aurait-il pas fait toucher du doigt le fond de certaines choses, l’Aloi de notre Histoire, tellement Épitaphe, Biographie et Histoire se ressemblent, en ce qu’elles peuvent mentir :

« Je la reconnus de loin, écrit-il

Et sur la Croix de marbre où tout à l’heure j’avais lu :

« Elle aima, fut aimée, et mourut ».

J’aperçus :

« Étant sortie un jour pour tromper son amant,

Elle eut froid sous la pluie et mourut. »

 

Éric EG Nogard

Chroniqueur.

*** *** ***

Qui peut en dire l’Aloi, faute d’en remuer le Fond.

L’Aloi de notre Histoire, messieurs les Historiens.

Quel peut en être l’Aloi, faute d’en remuer le Fond.

Au regard de l’Esprit d’Analyse, quel lait peut prétendre être du Lait quand on l’a écrémé.

Quel mélange peut dire son nom après expurgation de son dépôt par précipitation intentionnelle.

Quelle histoire a l’Aloi de l’Histoire, quand sa rédaction se voit confiée sous l’appât d’une faveur ou la menace d’une disgrâce.

L’analyse scientifique peut-elle souffrir une quelconque prédilection, la moindre prédominance naturelle ou contrainte.

A quoi donc se résume la Fiabilité de l’Histoire, et dès-lors, quelle peut en être l’Utilité.

« Sache d’où tu viens, si tu veux savoir où tu vas ».

C’est très bien, cependant que c’est là toute la question.

Accepter d’où l’on vient, par qui est-ce acceptable, qui voudrait y consentir Ne varietur comme il se doit.

Lisons donc Guy de MAUPASSANT dans « La Morte » :

 

F1 : Epitaphes, Biographies, « Histoire »…

Regardons-y à deux fois ou détournons-nous en.

 

 

La Morte (1889) — Extrait.

Et soudain il me sembla que la dalle de marbre sur laquelle j’étais assis remuait. Certes, elle remuait, comme si on l’eût soulevée.

D’un bond je me jetai sur le tombeau voisin, et je vis, oui, je vis la pierre que je venais de quitter se dresser toute droite ; et le mort apparut, un squelette nu qui, de son dos courbé la rejetait.

Je voyais, je voyais très bien, quoique la nuit fut profonde. Sur la croix je pus lire :

« Ici repose Jacques Olivant, décédé à l’âge de cinquante et un ans. Il aimait les siens, fut honnête et bon, et mourut dans la paix du Seigneur. »

Maintenant le mort aussi lisait les choses écrites sur son tombeau. Puis il ramassa une pierre dans le chemin, une petite pierre aiguë, et se mit à les gratter avec soin, ces choses. Il les effaça tout à fait, lentement, regardant de ses yeux vides la place où tout à l’heure elles étaient gravées ; et du bout de l’os qui avait été son index, il écrivit en lettres lumineuses comme ces lignes qu’on trace aux murs avec le bout d’une allumette :

« Ici repose Jacques Olivant, décédé à l’âge de cinquante et un ans. Il hâta par ses duretés la mort de son père dont il désirait hériter, il tortura sa femme, tourmenta ses enfants, trompa ses voisins, vola quand il le put et mourut misérable. »

Quand il eut achevé d’écrire, le mort immobile contempla son œuvre. Et je m’aperçus, en me retournant, que toutes les tombes étaient ouvertes, que tous les cadavres en étaient sortis, que tous avaient effacé les mensonges inscrits par les parents sur la pierre funéraire, pour y rétablir la vérité.

Et je voyais que tous avaient été les bourreaux de leurs proches, haineux, déshonnêtes, hypocrites, menteurs, fourbes, calomniateurs, envieux, qu’ils avaient volé, trompé, accompli tous les actes honteux, tous les actes abominables, ces bons pères, ces épouses fidèles, ces fils dévoués, ces jeunes filles chastes, ces commerçants probes, ces hommes et ces femmes dits irréprochables.

Ils écrivaient tous en même temps, sur le seuil de leur demeure éternelle, la cruelle, terrible et sainte vérité que tout le monde ignore ou feint d’ignorer sur la terre.

Je pensai qu’elle aussi avait dû la tracer sur sa tombe.

Et sans peur maintenant, courant au milieu des cercueils entrouverts, au milieu des cadavres, au milieu des squelettes, j’allai vers elle, sûr que je la trouverais aussitôt.

Je la reconnus de loin, sans voir le visage enveloppé du suaire.

Et sur la croix de marbre où tout à l’heure j’avais lu :

«  Elle aima, fut aimée, et mourut.  »

J’aperçus :

« Etant sortie un jour pour tromper son amant, elle eut froid sous la pluie, et mourut. »

Guy De MAUPASSANT

 

Et dès-lors, depuis que l’Homo Sapiens a la maîtrise de l’Esprit d’Analyse.

Au lieu d’envisager l’avenir sur le fondement d’une Histoire Mensongère, manipulée de toute pièce à des fins fort douteuses,

Ne vaudrait-il pas mieux, sans pour autant faire systématiquement fi du passé, se méfier de l’Histoire pour mieux réfléchir à un Modèle qui puisse nous Conduire à un Monde Meilleur, tant pour the Human Kind, que pour la Terre elle-même et pour toutes les Espèces qui y survivent encore.

Jetons nos Masques, soyons sincères, nous ne trompons que nous-mêmes, que ceux qui en tirent profit de se laisser tromper… ce genre est redoutable, pour ne pas dire Odieux.

N’est-il pas le Terreau propre à tous les abus et aux plus grands Périls.

Notre Histoire, OUI… en en remuant le fond tellement révélateur et si peu supportable.

F2 : Orphée et Eurydice s’échappant des Enfers.

Autrement, détournons-nous d’elle, sans la faiblesse d’Orphée et allons de l’avant.

Faute de quoi, adieu notre Eurydice, nos Espoirs sont perdus quoi que nous fassions, wathever we could do, no more hope, no more aim !

Éric EG Nogard

Chroniqueur.

*** *** ***

Nota : Nous ne traitons que de Faits et de Noms rendus Publics.

N.B.:Nous Recommandons instamment et systématiquement l’ouverture de la (ou des) pièce(s) jointe(s) à l’e-mail, sous format Pdf, les illustrations y sont incluses.

Ne Peut être reproduit – même partiellement – sans l’autorisation de l’Auteur.

Liens Suggérés :