LES PENSÉES DE CORRIDOR
 par Michel Frankland
Après l’assemblée de votre organisation, vous vous engagez dans les corridors qui vous mèneront dehors. Vous avez pensé affirmer que le plan C serait au total plus rentable que le plan B. Mais votre sixième sens vous a incité à n’en rien dire, le groupe n’étant pas prêt à écouter vraiment. Une personne influente, intéressée au plan B pour des raisons inavouables mais que vous connaissez, avait bien préparé son plan d’attaque. Sa perfidie sera bientôt révélée. Vous vous dites qu’il est impérieux de procéder à une préparation convaincante du plan C.
Il vous est venu à l’esprit également que vous auriez pu préciser tel élément… Les corridors sont aussi le lieu des « J’aurais-don’-dû ! ».
J’écoutais CNN commenter la déclaration de Trump sur le fait qu’il aurait également remporté le vote majoritaire s’il n’y avait pas eu des millions de votes illégaux. Des commentateurs montrent que cela est impossible. On donne l’exemple de seulement 6 votes illégaux dans un des États. Il y aurait donc eu possiblement quelques centaines de votes illégaux dans l’ensemble des États-Unis. D’autant plus que la surveillance à ce sujet est reconnue, par les deux partis, excellente depuis quelques années. On signale l’indécence de son commentaire. Il implique à la face du monde que les élections américaines ne sont pas plus valables que celles d’un régime de bananes.
Un des républicains présents laisse entendre qu’on en sait finalement pas grand-chose, les élections étant une entreprise fort complexes… Le groupe de journalistes présents, incluant ce républicain, savent parfaitement que celui-ci est pris entre l’arbre et l’écorce. Il ne peut contredire son chef ni mentir effrontément… Par contre, des élus républicains ont manifesté plus de courage en affirmant que la prétention présidentielle ne tient pas la route. Le représentant officiel a dû, lui aussi, sauver la face : « Je n’ai pas d’autres commentaires que de dire que le Président Trump a exprimé sa conviction. »
Mais les pensées de corridor de toutes ces personnes seront fort différentes : « Le peuple américain a élu un monstre, une personnalité alliant un narcissisme hors du commun doublé d’une puissance remarquable. Quelle tragédie pour notre pays puisqu’il se montrera incapable d’un comportement rationnel dans les occasions où on touche à la forteresse troublée de son gigantesque égo… !»
Mais comme le monstre occupe un siège fort déterminant, il faut naviguer prudemment, solidement ancrés dans le très objectif, eu égard aux menaces qu’il a laissé planer sur les journalistes.