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BILAN DU SYSTÈME DE SANTÉ 3

15-08-2016

BILAN DU SYSTÈME DE SANTÉ 3

 

par Michel Frankland

Je relis mon article précédent celui-ci. Je me rends compte de deux imprécisions. D’une part, un oubli. Je voulais préciser que les 13 fichiers gouvernementaux sont probablement, par le truchement d’une programmation assez simple, remplis simultanément pour un patient. Une entrée n’a donc pas à être répétée 13 fois ; une seule suffit.

 

D’autre part, je conclus en affirmant que, sur un ordi personnel, il ne faudrait pas plus qu’un quarantième de l’espace pour inscrire les trois fichiers (patients, soignants, lieux de soins). Je devais écrire « un cent-quarantième ». Ce qui est beaucoup moins. Il faudrait cependant tenir compte de l’inscription des deux autres fichiers, passablement stables. Ils contiennent en effet les coordonnées des soignants et celles des lieux de soins hôpitaux et cliniques. C’est deux fichiers consomment fort peu d’espace informatique. Disons, par bonne mesure, que ces trois fichiers constituent au maximum un centième de la capacité d’un ordinateur maison.

 

Suivons donc le cheminement d’un patient. Jos Bleau a glissé sur une pelure de banane et sa jambe gauche lui fait vraiment mal. Il se présente à l’hôpital 29. La personne à la réception reçoit sa carte soleil. L’enregistre, avec quelques mots décrivant la raison de sa visite. Disons : « Chute. Cuisse gauche endolorie ». Ce minuscule fichier des patients présents à l’urgence apparait sur l’écran des soignants. Une personne y travaillant prend le dossier. Elle y inscrit son numérique d’identification. Puis son mot de passe. On a compris la nécessité du mot de passe. Question de se protéger contre un membre du personnel médical en mal de connaitre les maux d’une personne connue. Car le mot de passe relie le soignant au patient spécifique que l’on soigne.

 

Elle recherche Bleau….Bon, Bleau Joseph. Impression de la page itinéraire des maladies et soins reçus. Un docteur prend la feuille et demande qu’on appelle Joseph Bleau. Il constate les dégâts, confie les soins à une infirmière. Celle-ci (ou le docteur) inscrit sur le dossier de Jos, toujours à l’écran ou en compagnie de deux ou trois patients (les pages étant l’une derrière l’autre sur l’écran). L’inscription est rapide : « Hop 29, 13h42, Dr 6544 infirm 1256. Chute. Jambe gauche. Polysporin. ». Sauve le texte. Cout : zéro. Jos Bleau peut se trouver chez sa fille à Matane, devoir se présenter à l’hôpital. On y a accès de la même façon à son dossier. « Vot’ jambe gauche, ça va mieux ? »

 

Bref, les couts de l’information en santé visent essentiellement la connaissance immédiate de l’historique des bobos du patients et des solutions apportées. Le médecin traitant possède non seulement les caractéristiques de l’égrotant, mais également les lieux

où il a été soigné et par qui et à quelle date. Une fois ces fichiers entrés, tout est essentiellement gratuit.

 

Mais alors, il faudrait inscrire a posteriori tous les patients antérieurs ? Non. On pourrait concevoir de repartir à zéro. En l’espace de quelques années, le système serait presque parfait. Et il atteindrait la perfection au fil des mois. Une variante. La secrétaire à la réception demande au patient s’il accepterait de lui révéler les principales interventions qu’il a subies. Mon expérience de la nature humaine m’assure que l’immense majorité des patients n’éprouveraient aucune réticence à révéler ces éléments à un quelqu’un œuvrant dans l’établissement médical. L’essentiel est donc noté sur son dossier. Elle signe (Secr.hop 27 [date]12h50). Et ainsi, ces dossiers partis à zéro se complètent plus vite.

 

Je termine par un exemple personnel que j’aurais dû inscrire avant. J’avais, depuis environ un mois, eu quatre étourdissements. Comme si j’allais m’évanouir. Sur les conseils insistants du 811, je vais le lendemain matin à la Clinique Salaberry. On prend ma température et ma pression. On me fait le ESG (si c’est bien le sigle) : on te branche des petites ventouses pour évaluer ton cœur. La médecin insiste pour que j’aille immédiatement à Sacré-Cœur. En taxi, insiste-t-elle ! Pensez-vous ? J’ai pris l’autobus.

 

À Sacré-Cœur, comme je suis un cas jugé urgent par la clinique, j’ai été traité immédiatement… 90 minutes après mon arrivée. On me fait les mêmes tests qu’à la clinique. Pourquoi ? « On est à Sacré-Cœur ici ! » Et tu te prends à penser que cela se répète vraisemblablement des milliers de fois par mois à travers le système de santé du Québec. La reprise des examens menés consciencieusement à la clinique. Mais, semble dire l’hôpital : « Ce n’est qu’une clinique ! » Combien coûte ces doublons répétés à travers la Belle Province ? Ici, c’est la « castonguette » de l’arrogance qui augmente les taxes. Bon, on m’amène dans une salle spéciale. On m’examine encore. Et ce serait peut-être un cancer du cerveau ? La jeune médecin me demande de suivre son doigt qui se promène en périphérie de ma vision… Après avoir vérifié ses constatations avec un vieux toubib, elle me renvoie. « Vous avez rien. » Je sais ce que j’ai : le troisième âge, et ses petits bobos.

 

Mais, comme citoyen, je me désole d’un mal tellement plus affligeant : l’inefficacité bien structurée de notre système de santé.