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FOCUSING DES EXEMPLES (4)

23-07-2015

 FOCUSING 4 DES EXEMPLES

 

 

 

 

 

par Michel Frankland

Comme quatrième et dernier article sur la série du Focusing, je crois utile de proposer des exemples de Focusing.

 

Je commence par un exemple personnel. J’étais pensionnaire au collège. J’avais environ 14 ans lors de ce samedi soir. Le collège présentait quelquefois des films pour les pensionnaires qui, lors des congés de sortie des pensionnaires, demeuraient trop loin pour se rendre chez eux. Le film me terrorisa. Un jeune tueur enfiévré massacrait une partie de sa famille. J’étais fort impressionnable. Le film me marqua pendant des années, sans que je sache pourquoi. J’analysais ma relation avec mes parents, cherchant une agression cachée contre eux… Rien en rapport avec le film. Lors de ma première séance de Focusing sur moi-même, mon vieil ami, mon corps, me dit un mot : «Seul».

 

Il me révélait une donnée nouvelle et fondamentale à cet événement traumatique : J’étais SEUL à regarder ce filmm, les autres pensionnaires étant chez eux. Je communiquai de nouveau avec mon vieux pote. Il me révéla une autre dimension : Je me vis seul dans ce grand collège. Les murs neutres et froids sans lien avec ce que je vivais. Je repris patiemment le contact avec mon corps. Je sentis : «Seul par rapport à mes parents». Pourtant généreux et pleins de bonnes intentions, ils communiquaient mal avec moi.

 

Cette angoisse à cause du film, qui s’était émoussée au fil du temps au point de disparaître, n’avait jamais obtenu de réponses de mes analyses les plus fouillées. J’étais triplement seul. Personne à qui en parler. Dans cette grande masse de béton et de corridors sans fin qu’était le collège vide ce soir-là. Seul, émotif et hypersensible, à porter ce film traumatisant. Loin de mes parents… par rapport auxquels j’étais seul ! Le Focusing, en quelques brèves minutes, m’offrait un éclairage qui aurait singulièrement atténué le choc vécu alors. Il me fit «sentir» cette triple solitude

 

Gendlin propose quelques exemples Elle enseigne à temps partiel, ne pouvant se libérer davantage à cause de leur jeune enfant. Lui travaille dans une banque. Il a déjà dit à sa femme que la banque le percevait comme devant occuper un poste exécutif bientôt. Il entre à la maison, débordant d’enthousiasme. On lui attribue la promotion ! Tout à ses émotions, il brise un vase précieux appartenant à sa femme. Elle fait une crise de rage, monte à sa chambre et refuse de faire le repas. Elle rationalise : elle s’est excitée pour rien. Et il y a beaucoup de travail à l’école, elle en est épuisée… Mais ces rationalisations ne l’aident pas. Elle demeure bouleversée.

 

Elle se met donc au Focusing, technique qu’elle avait souvent pratiquée avec succès. Elle était «fluide» en Focusing. La réponse vint, inattendue comme toujours : Colère contre son mari. Elle constata alors que le vase n’y était pour rien. Elle reprit le chemin vers son corps. Il lui présenta un éclaircissement : jalouse. Elle redemande encore à son corps : «Jalouse… ?» Réponse : «Jalouse d’être laissée en arrière. » Bref, son corps lui montrait le contraste entre une carrière éclatante de son mari et la sienne assez quelconque. Il s’ensuivit une explication fructueuse avec son mari.

 

Gendlin rapporte cette autre expérience de Focusing. George enseigne dans un collège. Il aime son travail. Ses étudiants apprécient son engagement envers eux. George désire écrire un livre, mais n’a pas envie d’entreprendre une œuvre qu’il se sentira obligé de finir.

Les étapes du Focusing lui révèle du «mépris» : le travail intellectuel est seulement dans sa tête, inutile, alors que les «vraies choses», c’est d’aider les gens autour de soi.

 

Deuxième étape, il se voit jeune avec son père. Celui-ci lui interdit de mettre le nez dans certains de ses livres, situés en haut de la bibliothèque paternelle. Il était méprisable de lire certains livres.

 

Troisième étape, c’est lui qui pourrait écrire un livre. L’image de son père ne fait pas partie de son agir à lui, George. Il se sentait bloqué par son père sans le savoir. Il peut donc, libéré de l’image de son père, écrire son livre. Et s’arrêter quand il veut ! Il peut faire ce qu’il veut. Il a d’ailleurs envie depuis si longtemps d’écrire un livre sur l’avortement. L’interdit paternel le bloquait. Il n’en savait rien. Son bon bougre de corps le savait. Il ne s’agissait que de lui demander patiemment. Respectueusement.

 

Le corps, constate Gendlin, est un ordi physique. Il compute une quantité énorme d’informations. Beaucoup plus que la pensée ne pourrait le faire, affirme-t-il.

 

L’expérience du Focusing, indépendamment des traumatismes qu’elle peut révéler, demeure positive, propre à pacifier. Et agréable. Elle procure diffusément une meilleure unité avec soi-même. Et une salutaire estime de soi.