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Jet stream

22-03-2015

Jet stream

 par Gérard Montpetitar

Le mois de mars arrive, mais le froid sibérien tarde à nous quitter. C’est le deuxième hiver de suite que nous subissons des températures sous la normale. Pendant ce temps, la côte est des États-Unis essuie des tempêtes hivernales exceptionnelles. Et l’ouest du continent doit faire face à des épisodes de chaleur et à des sécheresses hors de l’ordinaire. C’est à n’y rien comprendre!

 

Les météorologues avancent une hypothèse pour expliquer ces phénomènes anormaux. Habituellement, un courant d’air en altitude, que l’on appelle jet stream ou courant-jet, circule autour de la terre ; ce courant sépare l’air frigorifié des régions polaires de celui, plus tempéré, des régions habitées. C’est l’équivalent aérien des courants marins comme le Gulf stream. Les courants marins et aériens exercent une influence profonde sur notre climat. Certains présentateurs météo, comme ceux de CTV, donnent souvent la position du jet stream ; en combinant la position de ce courant d’air à la température de différentes villes du continent, on arrive à comprendre les phénomènes météo de façon plus globale.

 

Avec les changements climatiques, l’Arctique se réchauffe plus rapidement que le reste de la planète.[1] Dans ces régions polaires, on parle d’un degré Celsius de réchauffement par décennie. Alors, comme l’air du nord est moins froid, le jet stream devient moins solide ; il cesse d’être un beau cercle autour du pole et il fait des zigzags. Les météorologues constatent qu’il monte vers le nord jusqu’au milieu de l’Alaska, puis il fait un long détour vers le sud pour se rendre parfois même jusqu’au niveau du Tennessee, et, enfin, il reprend la direction du nord par un tracé parallèle à la côte atlantique.

 

Ces méandres de ce gigantesque «courant de vent» expliquent possiblement les hivers exceptionnels de 2014 et 2015.[2] Ainsi, près des Rocheuses, le jet stream remonte vers le nord, ce qui fait que la Californie, la Colombie-Britannique et même l’Alaska connaissent des hivers beaucoup plus chauds que d’habitude ; la chaleur et le manque de pluie accentuent la sécheresse extrême de la Californie. Au centre du continent, le détour du jet stream vers le sud permet au vortex polaire de nous frigorifier ; ça donne le mois de février le plus froid que nous ayons connu depuis que des données sont disponibles. Puis en revenant vers le nord, notre jet stream oblige des systèmes de basse-pression à suivre la côte atlantique, provoquant des chutes de neige exceptionnelles sur des villes comme Washington, New York et Boston, et dans les Provinces maritimes.

 

Au niveau de la planète, la météo est un phénomène ultra complexe. En libérant des milliards de tonnes de gaz carbonique et de méthane dans l’atmosphère, l’humanité dérègle le « thermostat » de la planète et exacerbe les changements climatiques. D’où la nécessité de changer notre comportement collectif.

 

Au début du mois d’avril, les premiers ministres du Canada doivent se réunir à Québec pour discuter des changements climatiques. Dans le but d’influencer ces pourparlers, les groupes environnementaux préparent la marche du 11 avril pour rappeler à nos élus que nous devons faire beaucoup plus que de parler des changements climatiques : il faut agir de façon concrète pour aller rapidement vers une économie post-carbone. Cette réunion de Québec doit préparer la position canadienne lors de la conférence de Paris qui aura lieu au mois de décembre.

 

Lorsque les premiers ministres se réuniront pour discuter des changements climatiques, ils devront garder en mémoire ce vers célèbre du dramaturge et poète Jean Racine:

Je perds trop de moments dans des discours frivoles.

Il faut des actions et non pas des paroles. (Iphigénie)