La charte laïciste revisitée : une théocratie athée (1)
        Par Michel Frankland         Â
J’ai écrit récemment une charge contre la charte. Qu’on me sacre patience avec le fait que la charte n’est ni rédigée définitivement ni votée. Les textes sur la charte justifient amplement l’expression de commentaires en ce que l’intention de la charte apparaît clairement à tous.
Ce que je reprochais à la charte, reproche qui ne s’est en rien atténué, c’est qu’elle ravale au rang de tous les phénomènes religieux le catholicisme, alors que toute notre histoire en est pétrie. Ce qui nous a marqués au plus profond de toutes les avenues de notre agir collectif se trouve ravalé au même rang d’une vague secte dont l’immense majorité saurait à peine le nom.
Il est impensable que cette occultation ne soit pas voulue par le parti au pouvoir. On ne peut donc que constater l’intention aussi fondamentale que camouflée. Le titre de la charte confirme le mobile torve : les valeurs québécoises impliquent forcément notre histoire, ce qui s’est tissé entre nous au fil des événements qui ont remué la nation. Or, c’est précisément une de ses pierres d’angle que la charte veut réduire à zéro.
Je fais partie des nombreux lecteurs frappés par le dessein théocratique qu’annoncent les ébauches de la charte du laïcisme. Pourquoi ce pavé immense jeté dans l’histoire du Québec sinon pour remplacer notre religion par une «religion d’état» athée ? C’est conformément à cette visée que le gouvernement s’est attaqué aux garderies privées par toutes sortes de manœuvres administratives. Mais également dans la même optique qu’il tire les enfants du foyer pour les enrôler en prématernelle.
Le peuple s’ingénie à trouver des solutions vitales à ces menées théocratiques. Ainsi, l’enfant ne pouvant rester au foyer avec sa mère sinon à ses frais, deux voisines gardent l’enfant de l’autre et sont ainsi rémunérées. Les familles accepteraient volontiers la moitié des frais engagés par le gouvernement pour l’enfant en garderie. Pourtant, ce gouvernement insiste périodiquement pour justifier les coupures vers le déficit zéro. Voilà une preuve éclatante de son intention : quitte à payer plus cher, en contradiction avec son affirmation de la diminution de la dette, les élus minoritaires n’ambitionnent rien d’autre que le CONTRÔLE des citoyens. Il entend les harnacher aussi jeunes que possible.
C’est encore dans la même perspective que le gouvernement Marois lorgne du côté de la disparation des subventions aux écoles privées, espérant à l’évidence leur porter un coup dur. Pourtant, l’étudiant de l’école privée coûte moins cher au contribuable, subvention étatique comprise, que celui du public. Autre contradiction flagrante entre la réduction du déficit et le désir de mainmise sur l’endoctrinement des enfants. D’ailleurs, on peut difficilement considérer le cours ECR comme autre chose qu’une autre pièce dans le jeu du contrôle des esprits.
Dans le prochain numéro, nous aborderons un aspect des questions soulevées par la charte du laïcisme : la distinction entre DROIT et LIBERTÉ.
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