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Liberté d’opinion et d’expression (1)

30-09-2013

Liberté d’opinion et d’expression (1)

Henri Boulad, sj – Berne, 19.8.2013

Relation entre liberté et démocratie : pas de démocratie sans liberté d’opinion et d’expression. Il s’agit là d’un droit humain fondamental. “If the freedom of speech is taken away, then, dumb and silent, we may be led like sheep, to the slaughter”. George Washington

La démocratie étant fondée sur le choix libre de tout citoyen, celui-ci a le droit de savoir, d’être informé, pour que son choix soit motivé, justifié. On ne fait pas ses choix à pile ou à face, mais sur la base d’une information objective et exhaustive.

Relation entre liberté et vérité – Un choix vraiment libre est un choix éclairé, motivé, basé sur la vérité. Toute entrave à accéder à la vérité et à l’information est contraire à la démocratie. Museler la liberté d’expression, c’est empêcher l’accès du citoyen à la vérité – donc à la possibilité d’un choix libre.

Armes contre la liberté d’expression :

Le terrorisme physique représente l’arme suprême de pression et d’intimidation. Enlèvements, menaces de mort, torture, assassinats – deviennent alors l’arme absolue, quand toutes les autres ont échoué. C’est la fameuse « loi de l’omerta », utilisée par les mafias pour juguler toute opposition et empêcher toute dénonciation. Un exemple : menacer de mort tout membre d’une religion ou d’un groupe qui déciderait de les quitter ou de révéler certaines informations compromettantes.

Mais, à côté du terrorisme physique, il existe un terrorisme moral, bien plus pernicieux. Celui-ci vise à empêcher toute dénonciation du mensonge et de l’injustice, en utilisant des concepts comme « racisme », « ostracisme », « islamophobie », « stigmatisation », « extrême droite », « politiquement incorrect »… pour intimider l’adversaire, faire taire toute opposition, museler toute critique, occulter toute information objective. En instrumentalisant la religion à des fins politiques, en jouant sur l’idée de « victimisation », en profitant de certaines lois, en exploitant habilement certaines failles ou ambiguïtés dans la législation, les prétendues victimes des dénonciations finissent par obtenir gain de cause. La multiplication de tels cas engendre une jurisprudence qui aboutit en fin de compte à une quasi impossibilité de dénoncer le mal et l’injustice. Si l’on n’y prend garde, la loi, peut ainsi devenir le plus puissant moyen de museler l’opinion et de mettre un terme à toute liberté d’expression. Sharia Islamic law is silencing free speech.

En agitant l’épouvantail « Front National » une certaine gauche fait le jeu des islamistes, qui agitent de leur côté l’épouvantail « Islamophobie ». C’est une manière très subtile de nous la boucler. Mais il faut refuser d’entrer dans le jeu, de tomber dans le piège. La façon dont des pays dits « libres » se laissent museler par de tels stratagèmes est à faire pleurer.

Au-delà des catégories primaires de « gauche » et de « droite », il y a la vérité, il y a les faits ! Quand ceux-ci sont criants, il faut être complètement idiot pour ne pas comprendre, totalement aveugle pour ne pas voir.

Le chantage représente un autre genre de terrorisme moral. Contre toute personne ou organisation susceptible de dénoncer le coupable, celui-ci accumule toutes sortes de documents compromettants, qu’il conserve soigneusement par devers soi, pour les brandir à l’occasion contre l’éventuel dénonciateur.

La manipulation médiatique, par une information sélective et tendancieuse, travestit systématiquement la vérité et oriente le public dans le sens qu’elle désire. Les grands médias, souvent aux mains de l’Etat ou de certains groupes de pression, sont utilisés pour créer une opinion publique qui leur est favorable. Les média représentent aujourd’hui une arme redoutable entre les mains de ceux qui ont les moyens de les instrumentaliser à leur profit.

« Lorsqu’un grand nombre des organes de la presse parvient à marcher dans la même voie, leur influence à la longue devient presque irré­sistible, et l’opinion publique, frappée toujours du même côté, finit par céder sous leurs coups » (Alexis de Tocqueville : La démocratie en Amérique, I, 191). C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la manipulation de l’opinion publique.

« En Amérique la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée… malheur à qui ose en sortir… Avant de publier ses opinions, il croyait avoir des partisans ; il lui semble qu’il n’en a plus maintenant qu’il s’est découvert à tous… Ceux qui pensent comme lui sans avoir son courage se taisent et s’éloignent… Il cède bientôt et rentre dans le silence comme s’il éprouvait des remords d’avoir dit vrai » (Ibid, I 266).

 « Aux États-Unis, la majorité, qui a souvent les goûts et les instincts despotes, manque encore des instruments les plus perfectionnés de la tyrannie » (Ibid, I, 273).

 

 

Il y a là une sorte d’évo­cation prophétique de ces instruments de domination qui sont aujourd’hui à la disposition des gouvernements : radio, télévision, et autres moyens de conditionnement des esprits que sont les mass média.

Les chaînes de télévision, les réseaux sociaux et le web sont pris d’assaut par les lobbys en tout genre qui cherchent à privilégier un camp au détriment d’un autre. Dans ce contexte, la guerre des images et de l’information empêche le simple observateur d’accéder à la vérité pour se faire une opinion objective.