Y a rien dans nos vies?
Par Jean-Paul Kozminski
Réflexions sur la chronique de Patrick Lagacé (La Presse,13-04-2010)
Je ne voudrais pas m’approprier cette phrase d’un humoriste qui disait qu’à partir de rien on peut faire quelque chose.
Mais de Canadien-Québécois avoir envie d’être Polonais? C’est vrai que l’histoire de la Pologne est riche en grands événements, glorieux ou moins, riche en hommes et femmes d’un courage, d’une abnégation, d’une foi, d’une fierté pouvant aller jusqu’à l’écrasement.
Pouvoir raconter les privations, la faim, la résistance, la torture, la déportation, encore la faim, encore la résistance, tenir encore, sachant que nous allons mourir mais en résistant encore. Mourir pour que nos enfants puissent élever leurs enfants avec rien dans leur vie. Mourir pour garder dans notre sang cette fierté de servir notre pays et l’idée que l’on se fait de la liberté.
Lorsqu’un sentiment de relatif bien-être envahissait mes grands-parents, mes oncles et tantes et qu’ils voulaient partager une émotion, ils murmuraient : c’est Canada.
N’est pas Polonais qui veut. Mais être Canadien-Québécois, je le veux. Pour ma famille, pour tous ceux que j’aime. Pour qu’il n’y ait rien dans leur vie. Et répéter ce que ma mère dit encore à 89 ans : Nous avons assez souffert pour que vous soyez heureux.
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