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SOS pour la nation

31-03-2022

SOS pour la nation

par Michel Frankland

Après la quasi-victoire des indépendantistes au référendum de 1995, les fédéraux ont pris peur. Il fallait trouver les moyens de rendre pratiquement impossible un référendum remporté par les indépendantistes.

La solution, tellement évidente, s’imposait d’elle-même : noyer le Québec d’immigrants anglophones. Le Chemin Roxham en constitue à la fois une entrée fort utilisée et un symbole. On a contesté avec raison sa légitimité. Pourquoi faire entrer à la pocheté des immigrants par un petit chemin au lieu des douanes officielles ! Ottawa répond qu’on examine plus tard leur compatibilité… Mais il semble avéré que fort peu sont rejetés. On a fait état des dossiers criminels. Ils sont difficilement vérifiables.

Devant la protestation québécoise de cette façon cavalière de faire entrer les immigrants, Philippe Couillard nous avait servi un sophisme : « Vous êtes xénophobes puisque vous refusez les immigrants.» Ce à quoi Mathieu Bock-Côté

Avait rétorqué par le bon sens populaire : « On a droit de choisir nos immigrants !»

Pire, il semble bien qu’on ne parle jamais aux Immigrants anglophones de la population francophone du Canada. J’attends la 179 sur Acadie. Deux autres attendent aussi. Ce sont deux jeunes asiatiques, leur teint en témoigne. Nous causons. Immigrantes récentes, Une indienne qui demeurait près de New Delhi et l’autre, de la péninsule cambodgienne. Je leur suggère d’apprendre le français. Elles éclatent de rire. « Mais on vient au Canada ! Pourquoi apprendre le français ? ! » Il m’apparait donc clair qu’on occulte le fait français aux immigrants anglophones.

Voilà une leçon pour les francophones. L’objectif fédéral, en nous balançant régulièrement cette marée anglophone, vise à rendre inopérante la nation québécoise. Nation pour Justin Trudeau ? Il parlait des Premières Nations, les autochtones. On lui rappelle la nation québécoise. Pris de court, il le reconnait sur un ton un peu forcé, qu’avaient remarqué des journalistes.

Car les fédéraux veulent nous fondre dans le melting pot canadien. Il y a des Italiens, des Irlandais, des canadiens-français. Tout ça, bien mélangés dans la nation canadienne.

Google nous permet de trouver des coordonnées de citoyens un territoire qu’on lui indique. J’ai donc téléphoné à une quarantaine de personnes dans Nouveau-Bordeaux, ne choisissant que les coordonnées francophones. Pour l’indépendance ? Une panoplie d’opinions de toutes les nuances.

Mais quand je leur rappelais comment, à l’évidence, le but du fédéralisme en place veut noyer la nation québécoise en la rendant inopérante par crainte d’un référendum en faveur de l’indépendance, plusieurs furent impressionnés. Tout allait bien, pensaient-ils jusque là…mais c’était faux !

De là à voter PQ… La personnalité du chef fait obstacle. Personnellement, je le trouve PSPP remarquablement intelligent et tout à fait honnête. Mais pour Jos Bleau et sa femme, avec des quotients de 98 et 101, ils ne veulent pas d’un gars aussi fragile– terme revenu quelquefois dans mes téléphones. Ils veulent un chef
politique « capable de conduire un tracteur ». Ils auraient facilement voter pour Reagan, clairement dépourvu de la capacité d’analyse de PSPP.

Peut-être ne savons pas nous battre. Rimbaud écrit : « Mauvais sang. J’ai de mes ancêtres gaulois l’Å“il bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte1.» Bérubé, avec une solide carrure, aurait nettement atteint au moins 5 % de plus de votes. De la même façon, le NPD avait un excellent chef, Thomas Mulcair, mais ils ont fait les fines gueules idéalistes et l’ont à peine réélu, ce qui équivalait à un rejet .Il est devenu journaliste

Lévesque, songeant aux Québécois, observait : « Nous sommes une race d’artistes et de petits commis» »Je le cite de mémoire, mais je crois la citation exacte.

Il ne s’agit donc pas d’un choix entre deux options, chacune portant son lot de qualités et de lacunes. Il s’agit d’une question existentielle : la viabilité de la nation québécoise est impossible au Canada. C’est un SOS pour la nation. La mort ou l’indépendance.

1 C’est moi qui souligne.