Les deux faces de l’Islam

Les deux faces de l’Islam

                Par Michel Frankland

L’occident a élaboré sa civilisation sur une triple base : la tradition judéo-chrétienne, la culture grecque et la loi romaine. Il s’est épanoui dans les arts et les sciences et a créé un monde prospère. Comment se fait-il que cela ne se soit pas produit dans l’Islam ?

Cette question devrait plutôt se formuler ainsi : comment se fait-il que l’Islam, au septième siècle, a manifesté une énergie abondante dans les arts et les sciences, a créé de nombreuses universités et bibliothèques.  Au cours de cette période, l’Islam pratiquait fréquemment la démocratie et un ordre respectueux de la population. Comment  se fait-il alors que l’Islam d’aujourd’hui rejette la démocratie, éprouve une haine souvent violente contre l’Occident, persécute les chrétiens et les Juifs dans les pays où règne cette religion, et ne réussit économiquement que dans les pays islamiques qui  possèdent des puits de pétrole ? – encore que la Syrie…  La  France a quitté l’Algérie avant que l’or noir n’enrichisse certains pays musulmans. Elle  a laissé dans ce pays une infrastructure de qualité : entreprises,  chemins de fer, etc. Comment  expliquer que l’essentiel de ces valeurs n’ait pas été exploité et soit progressivement tombé en ruines ? Cette dernière question a été formulée  par quelques sociologues et historiens. Il y a donc eu, au cours de l’histoire islamique, deux tendances opposées.

Ces deux conceptions de la vie proviennent de deux interprétations contraires  du Coran: celle des Mu’tazilites [i] et celle des Ash’arites.  La conception de Dieu des Mu’tazilites, assez semblables à celle de la tradition judéo-chrétienne , postule qu’Allah, étant infini en tout, est par là même infiniment cohérent et ne peut se contredire lui-même.  Allah est donc infiniment raisonnable. Il suit qu’Il a conçu le monde avec équilibre et bon sens.  Il convient alors de gérer le monde avec bon sens et pratiquer la démocratie. Et, plus généralement, créer une société positive, qui croit dans l’ultime décence et respectabilité de chacun, homme ou femme.

Si bien que le Coran, créé par Allah pour nous, doit être étudié avec le même sens commun. Allah, infiniment miséricordieux, a livré le livre sacré à des êtres qu’il a créés dignes de vivre avec Lui au paradis pendant l’éternité. Il leur a donc certainement donné un esprit de qualité. Il devient sain, et conforme à la valeur de l’esprit humain, de comprendre le Coran et d’interpréter le sens qu’Allah y a mis.

L’autre courant, celui des Ash’arites, interprète le Coran  tout à fait autrement. Allah est à ce point infini qu’Il est au-dessus de la logique et de la raison.  Il suit qu’il Lui est loisible de se contredire.  Le Coran, conforme à cette conception d’Allah, est incréé. Il correspond justement à l’illogisme transcendant d’Allah. C’est pour cette raison, concluent-ils que certaines sourates en contredisent d’autres. Allah est infiniment miséricordieux, mais Il est aussi violent contre les gens du livre, Juifs et Chrétiens, dont plusieurs sourates indiquent les châtiments qu’ils méritent s’ils ne se convertissent pas à l’Islam. On constate à l’évidence les conséquences désastreuses qu’appréhendent à juste titre les pays occidentaux. La démocratie constitue un défi et une insulte à la toute-puissance d’Allah.

Les commentateurs ont rappelé périodiquement la parenté idéologiques entre le nazisme et l’attitude haineuse des Ash’arites.  Ce parallèle a été noté d’ailleurs  par ceux-ci. Les deux factions ne peuvent tolérer les Juifs. [ii] Les Ash’arites recèlent deux autres caractéristiques. Leur mépris de la femme et leur intolérance.

 La femme, telle que spécifié dans le Coran, doit en tout point obéir à son mari. Celui-ci peut la renvoyer à sa guise selon une formule consacrée répétée trois fois de suite.  Une jeune fille qui se fait violer, déshonneur pour la famille, sera tuée par un membre de sa propre famille. Cette violence se trouve souvent tout près de nous.  On se rappellera l’affaire Shafia. Cet afghan, outré que l’une de ses filles sorte avec un chrétien, et mécontent de l’indépendance de ses filles, les noya en les laissant couler dans une écluse du Canal Rideau à bord de sa Nissan submergée. Nous ne sommes pas à une contradiction près.  L’homme a droit à « l’épouse d’un soir» ; la femme occidentale, sans hijab, est une prostituée non payée. J’ai entendu des protestations du type : «C’est bien parce que nous les aimons tellement que nous les protégeons par le hijab et la burka.»  En quoi Saint-Exupéry répond : «Ne confonds point l’amour avec le délire de la possession.» Et Goethe, dans l’esprit du respect le plus profond : «Je t’aime. Est-ce que cela te regarde ?»  Je t’aime et je ne te demande rien. Tu me donneras ce que tu veux. Je t’aime pour toi.   Nous sommes loin de la conception qu’a illustrée Shafia !

Dans le prochain article, nous préciserons la nature de l’intolérance des Ash’arites.  Mais nous traiterons d’un problème musulman immense, qui échappe passablement aux Occidentaux : l’opposition profonde entre Sunnites et Shiites. Enfin, nous produirons des exemples d’une part assez considérable de musulmans qui, au cours de l’histoire, et encore davantage récemment, veulent revenir à la conception  saine des Mu’tazilites.