Algérie : Espoirs et traumatismes.
                 Par Jean-Paul Kozminski          Â
Pour tous ces jeunes gens, filles et garçons, entraînés dans cette tourmente d’émotions, de sentiment d’appartenance, de survie, d’identité, de patriotisme, de foi dans son pays, quel qu’il soit, de trahison, de tortures, d’abandon, de massacres, ce cinquantième anniversaire de l’indépendance algérienne a marqué un retour douloureux sur un passé glorieux pour les uns, de trahison et de tristesse pour les autres, de recueillement, de souvenirs d’êtres chers disparus, de sang versé, pour certains en vain, pour d’autres?
Cela en valait-il la peine? La nation algérienne est peut-être à un tournant qui, s’il est bien négocié, pourrait ouvrir, enfin, la porte d’un avenir dont l’horizon semblait toujours s’éloigner. Nous avons toujours cru en son potentiel énorme. Que l’on pense aux richesses de son sol, de son sous-sol, de la richesse de sa culture, des valeurs de ses citoyens, l’Algérie est un pays mal exploité et mal dirigé. Cette vieille direction politique issue du FLN aurait dû préparer la relève au lieu de garder ses privilèges. Ces vieux ‘résistants’ et parfois opportunistes, ont trahi les aspirations et les rêves de l’indépendance.
Sans oublier tous les grands sacrifices des anciens, il est temps de faire une autre révolution. Le temps est venu : en 2014, la présidentielle sera un rendez-vous avec l’Histoire. Les jeunes introduisent une mentalité qui se renouvelle grâce à une ouverture sur le monde (internet, réseaux sociaux). Beaucoup veulent quitter un pays qu’ils aiment, par manque de travail et de possibilités d’avancement, de pouvoir se marier et avoir maison. N’oublions pas que l’Algérie n’a pas de dettes. Les changements qui se dessinent doivent permettre aux jeunes de rester et de travailler dans leur pays et non d’émigrer.
Une certaine frange de la société, pas encore très nombreuse, tire le pays vers une modernisation des comportements vis-à -vis des femmes qui commencent, grâce à leur courage et leur détermination, à intégrer l’espace public, universitaire, essayant d’échapper aux tabous de la pression sociale. Seulement dans les grandes villes, pour l’instant. Le code civil a été changé pour permettre aux femmes une certaine émancipation vis-à -vis des hommes, au moins c’est un commencement.
La jeunesse algérienne n’est plus résignée. Elle veut atteindre cet horizon et laisse aux ‘anciens’ le soin de chérir un passé, certes glorieux, mais qui est un frein au dynamisme de cette jeune population. Alors, 2014, sera-t-elle l’année d’une autre révolution?