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Toutes les cinq secondes un enfant meurt de faim

08-01-2013

Toutes les cinq secondes un enfant meurt de faim

                         Par Romain Landry                        

 

Selon Jean Ziegler, auteur de Destruction massive : Géopolitique de la faim, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. Je vous résume ici les six parties de ce livre percutant de 377 pages.

Le massacre (1re partie)

En l’espace de 24 heures, 17 280 enfants de moins de 10 ans mourront de faim. En fait, près de un milliard d’êtres humains, sur les 7 milliards que compte la planète, souffriraient ainsi en permanence de la faim.

Pourtant, l’ex haute-commissaire aux Nations unies pour les droits de l’homme, Mary Robinson, affirme avec un humour féroce : « En 2011, on constate que les plus de 10 000 conférences prononcées à l’ONU, dont bon nombre portaient sur le droit à l’alimentation, n’ont rien donné. »

Le réveil des consciences (2e partie)

Aujourd’hui, on renvoie aux poubelles de l’histoire la théorie de Malthus, qui justifiait la nécessité de réduire la population mondiale ou de laisser les pauvres mourir de faim pour éviter la catastrophe économique. Cette théorie enlevait tout scrupule aux gouvernements et aux riches classes exploitantes. On sait désormais que la faim est un problème causé par les humains, qui doit être solutionné par les humains, et qu’il faut mettre fin à l’ordre cannibal mis de l’avant par le néolibéralisme (les bandits à cravate). La conscience collective planétaire s’éveille. L’agonie par la faim n’est plus tolérée. Il faut mettre en pratique la Déclaration des droits de l’homme, dont l’article 25 définit le droit à l’alimentation.

Les ennemis du droit à l’alimentation (3e partie)

Qui sont ces ennemis? Les gouvernements de Washington et leurs alliés traditionnels, y compris leurs organisations mercenaires  l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale , tous estiment que le droit à l’alimentation est une aberration.

Qui plus est, les 200 grandes sociétés agroalimentaires transnationales, qui s’enrichissent sur le dos des pauvres, applaudissent de tels discours. En 2008, Cargill, un marchand de grains et propriétaire d’une foule d’autres compagnies reliées à l’alimentation et à la production alimentaire, a réalisé à lui seul un profit net de 3,6 milliards.

Cependant, l’homme qui a le plus contribué à dénoncer un tel état de fait s’appelle Josué de Castro. Son nom est désormais associé au Programme alimentaire mondial (PAM) et à la Food and Agricultural Organisation (FAO). Avec le temps, le nom de Josué de Castro est néanmoins tombé dans l’oubli, mais Jean Ziegler tente de le réhabiliter. Très rares sont les personnes qui aujourd’hui partagent les opinions politiques de Josué de Castro, et cela, même au sein de la PAM et de la FAO.

La ruine du PAM et l’impuissance de la FAO (4e partie)

En 2012, ces deux organismes étaient menacés de ruine financière.

Selon le mandat fixé par l’ONU, l’objectif du PAM était d’« éliminer la faim dans le monde…» Un homme d’affaires américain, Jim Morris, bien intentionné et ami de George W. Bush a tenté tant bien que mal, comme patron du PAM, de mettre un terme à la faim dans le monde. Il trouvait inadmissible que des enfants de par le monde meurent de faim.

En définitive, les prédateurs du néolibéralisme (les bandits à cravate) se sont avérés plus puissants que le PAM. En 2001, le PAM qui évaluait ses besoins à 7 milliards de dollars, n’en a reçu que 2,7 milliards. Au printemps 2007, à bout de forces, épuisé et découragé, Morris a quitté les quartiers généraux du PAM à Rome.

Qu’est-il advenu de la Food and Agriculture Organisation (FAO)? Abdou Diouf, le directeur bien connu de la FAO, a dû lui aussi s’avouer vaincu, comme Jim Morris à la tête du PAM. Les « vautours de l’or vert » et les grands spéculateurs ont eu leurs têtes comme on le verra dans ces deux derniers chapitres.

Les vautours de l’or vert (5e partie)

L’expression « vautours de l’or vert » désigne les commerçants d’agrocarburants (betterave, canne à sucre, maïs, etc.) et leur transformation en biocarburants comme remplacement de l’or noir, le pétrole.

C’est George W. Bush qui a été l’instigateur du programme de biocarburants. Et dire que Barack Obama considère lui aussi les bioéthanols et les biodiesels comme constituant  a national cause, une cause de sécurité nationale. Indirectement, Obama se fait donc le complice de la mort de un enfant de moins de dix ans toutes les cinq secondes en laissant brûler des tonnes de nourriture pour alimenter les voitures américaines. La situation est révoltante : les grandes entreprises américaines  vautours de l’or vert  empochent des milliards, alors que des millions de paysans sont dépossédés de leurs terres par les grandes sociétés transnationales.

Les spéculateurs (6e partie) ou les « requins-tigres »

Le requin-tigre, carnivore très vorace des mers tempérées et tropicales, est capable de détecter une goutte de sang diluée dans 4 600 000 litres d’eau. Or, ces spéculateurs en biens alimentaires qui se trouvent à la bourse des matières agricoles à Chicago (le Chicago Commodity Stock Exchange), correspondent assez bien à la description du requin-tigre. Comme ce carnivore, ils sont capables de détecter leurs victimes à des dizaines de kilomètres et de les anéantir en un instant, pendant qu’ils satisfont leur voracité et réalisent des profits faramineux.

La précarité sociale augmente dans les grandes villes du monde. Par ricochet, dans l’hémisphère sud, des dizaines de millions de personnes supplémentaires sombrent dans le martyre de la sous-alimentation, des maladies par carence et de la mort par la faim.

Je vous conseille vivement la lecture du livre de Jean Ziegler en 2013.