Montréal

Nouvelles

Gagne ton pain là où tu peux

30-04-2014

Gagne ton pain là où tu peux.

Par Éric E.G. NOGARD               

 

« Comme tu le vois d’où tu es bien cher ami,

Entre toi et moi, jamais il n’a été question

D’argent ni de couleur, de faciès ni de compétition

Nous vécûmes dans le Monde, avec d’autres soucis »

 

(Éric E.G. NOGARD, par délégation.)

 

***

 

Il est fait quelque part cette mise en garde bien loin d’être anodine :

 

« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».

 

Le pain était partout, il y en avait pour tous, sauf qu’il ne suffisait pas de le prendre, il fallait le payer au prix d’un effort, si petit et si symbolique soit-il, mais, de bon aloi.

 

Même n’était-ce pas un lieu commun de dire que payer son pain faisait la différence, peu important qu’on soit petits ou grands du Genre humain,

 

  • Tellement dans toutes nos sociétés, dès l’enfance et jusqu’à son dernier souffle, l’homme a dû  trimer  et souvent  trimer encore pour ne pas crever de faim lui-même et pour soulager la faim d’un être cher.

 

  • Mais la différence entre l’Homme et les autres espèces animales, tellement on n’avait pas conscience que le miel ne tombe pas du ciel aux abeilles, pas plus que le gigot de gnou ne se met de lui-même entre les crocs du lion.

 

Ceci pour dire que vivre, c’est lutter pour garder le souffle, quelle que soit l’espèce à laquelle on appartienne, animale et même… végétale !

 

Cela se vérifie de jour en jour, de plus en plus, par les temps qui courent… à moins que notre plume ne soit à dormir en plein rêve ou en plein cauchemar.

 

Si tel n’était le cas, dans son cauchemar, notre plume ne verrait-elle pas à quel point bon nombre d’entre-nous se trouvent réduits à gagner leur vie non plus à la sueur de leur front comme le préconisent les Saintes Écritures, mais à gagner leur vie là où ils peuvent, voire dans les poubelles.

 

« Gagne ton pain là où tu peux ».

 

Ce grand détour, ce rabat joie, ce trouble fête, pour en venir à Auguste LIHAIRE, que dans son patelin, on surnommait « Bordeaux », tellement il rêvait de s’y rendre pour y faire des études : la Martinique relevait alors de l’Académie de Bordeaux, ceci expliquant cela.

 

Nous avons bien connu « Bordeaux », et même, nous étions bons copains.

 

Une rue de Fort-de-France porte aujourd’hui son Nom, rappelant aux vivants qu’il fut un grand intellectuel, rhétoricien digne d’Aristote, père de famille nombreuse, très nombreuse, humble ouvrier électricien.

 

Un Intellectuel qu’à notre connaissance on ne connut jamais assis derrière un bureau, le tournevis lui tenant lieu de porte-plume pour lui gagner son pain.

 

Il lui est fait cet honneur – qui n’est pas usurpé – en sa qualité de membre du Parti Progressiste Martiniquais, au service de la « Ville Capitale » de la Martinique, sous les ordres de son Maire le Vénérable Aimé CĖSAIRE, et au soutien de celui-ci : en Politique, on ne devient pas CĖSAIRE sans l’appui des autres.

 

 

Nous avons parlé d’OMER dans l’une de nos chroniques dédiées à la Ville de la Trinité : OMER contait aussi bien que le faisait HOMĖRE et il lisait beaucoup.

 

LIHAIRE lisait aussi, autant, peut-être davantage.

L’un faisait la joie de toute la bande des copains, ses récits enchantaient la Compagnie : imaginez, Lucrèce BORGIA, le Vicomte de BRAGELONE, les Trois Mousquetaires… Monte-Cristo, Arsène Lupin.

 

L’autre était aussi d’excellente compagnie pour tous, mais surtout apprécié des apprentis philosophes : si l’un était Homère, l’autre était Aristote en ce temps où, par ses Homère, par ses Aristote et ses Ulysse et aussi ses Hercule, la Trinité était la doublure d’Athènes : même, un petit groupe de sportifs de la Trinité s’appelait « ATHĖNA », son Président « LOUPETTE », encore un vieux copain.

 

Sauf que LIHAIRE était d’une grande pauvreté à une époque où le cursus scolaire n’allait pas au-delà de ce que pouvait la « bourse familiale ».

 

Nous étions Colonie : LIHAIRE quitta avec tristesse l’École pour l’Usine.

 

Nous devînmes Département et la France, pour notre « mise à niveau » fit chavirer sur nous sa corne d’abondance, tous les Services en profitèrent, à Fort-de-France revint la part du lion.

 

Dès-lors, en maîtresse des lieux, Fort-de-France pouvait embaucher et bien payer, LIHAIRE sut en profiter pour y trouver un emploi bien au dessous de ses capacités intellectuelles…

 

Mais un pauvre est un pauvre, surtout quand il est droit… il ne fait pas la fine bouche.

 

Mais un cerveau capable n’est guère bien supporté par la gent des médiocres, c’est connu.

 

Mais un Chef de Famille très nombreuse n’a pas les coudées franches quand il est « responsable » : il accepte ce que Dieu lui donne, ce que l’homme lui fait.

 

 

Et, hélas, c’est ainsi que LIHAIRE fut exploité par les gens de la Gauche… il eût toujours la hantise de perdre son emploi, la Gauche le Colonisa.

 

Ses nombreux enfants que nous ne connaissons pas, ne nous contrediront pas.

 

LIHAIRE aimait le Français, LIHAIRE aimait la France et LIHAIRE était Français.

 

Bien plus, il était au nombre des Français qui réfléchissent et qui pensent.

 

Assurer le pain de sa nombreuse Famille était son seul souci.

 

Un livre ouvert sous ses yeux et un copain du même penchant étaient ses favoris.

 

Pauvre comme il le fut, sans que nous ne puissions y voir le moindre crime, peut-être ne fut-il de la gauche autrement que par nécessité, nous n’en savons rien.

 

En revanche, jamais il ne fut bolchevique et toujours, toujours, il aima le Français, il aima la France et il resta Français.

 

Sauf que de nos jours, on doit gagner son pain là où on peut, et, ce que chacun devrait se dire, Honnêtement.

 

Remarque : Nos chroniques expriment l’opinion de « Martinique Province Française », un Mouvement Français dont la consistance se confirme de jour en jour.