Porteurs d’espoir?
Par Jean-Paul Kozminski             Â
«Mieux vaut être deux que seul. En cas de chute, l’un relève l’autre. Là où l’homme seul est renversé, deux résistent, et le fil triple ne rompt pas facilement.» Écclésiaste (lV, 9-12)
C’est ce passage de l’Ecclésiaste qui m’est revenu à l’esprit lors d’une brève conversation avec Jean-Pierre Ouellet, président du Syndicat des employé(e)s de Service 298-FTQ. Toute la force de persuasion de ses paroles, ses yeux, son attitude, son corps, son énergie disaient « nous sommes des porteurs d’espoir.»
Est-il possible de vivre, de travailler, d’aider, de soutenir, d’être fidèle à ses valeurs, sans espérer? Peut-on être fidèle à ses valeurs sans secours d’une béquille idéologique, d’un endoctrinement religieux? Ne voit-on bien qu’avec le cœur? (Saint-Exupéry) sous-entendu que notre cœur soit libéré de toute influence pour ne battre qu’au rythme du Bien? Pouvons-nous différencier le Bien de ce qui est Pas Bien et agir en conséquence?
Je suis toujours émerveillé de rencontrer des êtres qui me permettent de croire en demain. Ceux qui s’engagent, agissent et qui désirent un monde de partage, un monde de respect et de justice sociale pour les humains que nous sommes.
L’Écclésiaste dit qu’il vaut mieux être deux. Lorsque j’ai revu Daniel Boyer, je lui ai posé cette question : «Est-ce que le fait d’avoir été choisi et nommé Secrétaire général de la FTQ a changé ta façon de voir les choses, ta façon d’être, de mesurer la distance qui te sépare des «autres? Bref, te sens-tu différent, as-tu changé?». Il me répondit «Non». J’ai inscrit sur mon cahier de notes, GBS. Il restera toujours l’homme que je connais, un gars de Gros Bon Sens.
Début des années 60, j’ai connu les pères des baby-boomers. Canadiens-Français, comme ils se définissaient à l’époque. J’ai rencontré des gens de gros bon sens, peu ou pas instruits, mais doués d’équilibre, de lucidité, de discernement et de réalisme. Une pondération dans le jugement, la recherche du juste milieu. Il y avait ce que j’appelais «une calme sagesse», loin des envolées oratoires auxquelles m’avaient habitué ma condition de «maudit Français».
Ce n’est que plus tard que l’expression «péter les plombs» est apparue. Le sens de la durée a-t-il été perdu dans un «nouveau» monde ou tout bouge ou tout semble instable?
Mais il est dit aussi que le «fil triple» ne rompt pas facilement. Ce triple fil tissé par la solidarité de celles et ceux qui connaissent l’incertitude d’un combat perpétuel, combat soutenu par l’espérance de changer les choses. Est-il légitime d’espérer que chaque personne ait droit à une bonne éducation, un bon travail, une bonne protection sociale, à la possibilité d’élever une famille, à une retraite décente? Que les devoirs de ces personnes soient bien définis, comme celui de payer son dû (impôts) à une société qui sait en faire une juste répartition?
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