Anniversaire de naissance de Frédéric Chopin (deuxième partie)
par Malgorzata Kubala
Correspondance de Varsovie
À la naissance de Chopin, en 1810, la Pologne est dans un état de délabrement politique, son ancien territoire se trouvant partagé entre les trois puissances voisines, la Russie, la Prusse et l’Autriche. Le Grand-duché de Varsovie, centre national culturel et économique, se trouve alors aux prises avec la crise et le protectorat russe. Durant cette période, réagissant à la division et à l’oppression, la société polonaise reprend vie, en particulier avec l’aide de la couche politique et culturelle.
Ce n’est que 20 ans plus tard que le développement culturel et politique de la Pologne prend de l’ampleur et entraîne le soulèvement de l’indépendance sous la forme de l’insurrection de novembre. À cette époque, Varsovie se présente comme une métropole inhabituelle où l’apparence et le mélange des styles reflètent à la fois son riche passé et son état actuel, dévasté par la guerre.
Chopin a vécu dans l’aile du Palais de Saxon qui abritait l’école secondaire à Varsovie.
En 1817, l’école est transférée au palais de Kazimierz reconstruit (il fait partie maintenant des bâtiments de l’Université de Varsovie) et la famille de Chopin y emménage dans un appartement spacieux qui occupe toute l’aile droite.
Cette période correspond, pour le jeune prodige, à son premier contact avec la musique et à ses débuts dans son évolution artistique peu banale, débuts associés, bien sûr, à la maison familiale : l’un des éléments importants de la vie de Chopin fut que sa mère jouait du piano et chantait bien. Son père avait appris à jouer de la flûte et, le petit Frédéric l’ayant cassée un jour, Nicolas, son père, se mit à jouer du violon. Louise, la fille aînée, apprit le piano à Émilie, la sœur cadette, au talent exceptionnel mais qui décéda prématurément.
À l’âge de six ans, Frédéric apprit le piano auprès d’un ami de son père, Wojciech Zywny, un homme extraordinaire, coiffé d’une perruque démodée et toujours accompagné de sa tabatière et de son crayon. Il introduisit le jeune Chopin au monde de la musique classique, tout en lui laissant une grande liberté créatrice.
À sept ans, Chopin composait déjà ses premières pièces- polonaises et variations. En 1818, le «Mémoire de Varsovie» présenta la première critique de ses compositions de jeunesse- Polonaise en g-mineur : « Le compositeur de huit ans de cette danse polonaise […] est un véritable génie musical, non seulement en raison de la facilité et du succès des plus extraordinaires que remportent ses morceaux de piano souvent des plus difficiles, mais il est aussi le compositeur de plusieurs danses et variations, devant lequel les experts ne cessent d’ être étonnés, surtout lorsque l’on pense à l’âge de cet enfant. Ce jeune homme a probablement déjà attiré l’attention de toutes les sociétés. Ceci est une indication que sur notre territoire est né un génie.
Le 24 février 1818
À cette époque, la Société de Bienfaisance de Varsovie invite Chopin à une soirée artistique. Il est fort probable que cet événement fut sa première apparition publique. Pour l’occasion, il est accompagné de Zygmunt Krasinski, âgé seulement de six ans. Ce dernier présentait pour la première fois son poème. Il devint plus tard un poète polonais de grande envergure.
La gloire du jeune compositeur et pianiste continue de se répandre de plus en plus au fil des jours. Chopin reçoit régulièrement et fréquemment des invitations provenant
de grandes familles aristocratiques de Varsovie comme les Czartoryski, Sapieha, Wolickich, Zamoyski, Mokronowskich, Grabowski et les Kickich, entre autres. Sur invitation spéciale, il jouait souvent au Belvédère.
Les airs qui émanaient de ses pièces lors de ces instants presque magiques eurent un impact bénéfique et sans égal sur le grand-duc Constantin mais aussi sur bien des générations à venir…
Les photos sont une gracieuseté de Waldemar Dubinski