Montréal

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Nature objective de la gauche et de la droite Réponse à Hureaux – 3

20-03-2012

Nature objective de la gauche et de la droite Réponse à Hureaux – 3

Par Michel Frankland              

 

Nous en sommes maintenant à la troisième et dernière partie de l’analyse de la pensée de Roland Hureaux sur la gauche et la droite.

J’évoquais, dans le premier article de cette série, le réflexe de Pavlov. Le chien conditionné à entendre une cloche sonner lorsqu’on lui donne de la viande en vient à saliver à la seule audition de la cloche. Il relie la cloche à la joie du repas.  En fait, pour que la comparaison s’applique parfaitement, il faudrait parler dans le présent contexte de quelques sons de cloche – généralement deux – qui évoquent des réalités différentes selon tel son ou tel  autre.

Revoyons succinctement sous ce rapport  les six points étudiés ici.

  1. LAÏCITÉ : Son de cloche de la droite : Affirmation personnelle , peu importe le sujet ( = la viande) ; son de cloche de la gauche : Droite perverse. Si le Front National est laïc, alors… ?  Autre son de cloche de la gauche: Laïcité. D’où une laïcité prudente.

  1. PATRIOTISME : son de cloche de la  droite : Nationalisme = peuple rejet du nationalisme  parce qu’associé à la plèbe. Deuxième son cloche : Supériorité de la  raison. Se servir de sa raison, d’où la paix avec l’Allemagne, versus l’énervement émotif  populaire.  
    Troisième  son de cloche de la droite : Concret = valeur La France, c’est concret, c’est nous, versus   l’universalisme rêveur de la gauche. Pour la gauche, son de cloche ; Peuple = valeur de base. Fidélité au peuple, versus la noblesse et les bien-nantis. D’où        l’amour du  nationalisme. Deuxième son de cloche : Internationalisme  = valeur de base, la grande fraternité humaine qui rend égaux les peuples. D’où distanciation du      nationalisme.

  1. HOMOSEXUALITÉ : premier son de cloche de la droite. Homosexualité = sympathique  parce qu’elle se trouve loin de la grossièreté populaire. Deuxième son de cloche de la droite : Homosexualité = non naturelle parce qu’elle n’en voit pas dans la nature.  Son de cloche de la gauche. Homosexualité = pédants. Elle est l’apanage des pédants et est donc à rejeter. Autre son de cloche de la gauche :Homosexuels = ostracisés, appuyons-les comme une autre communauté intimidée.

  1. ÉCOLE : son de cloche de la droite : Ferry= athée et socialiste.   Deuxième  son de cloche : Bourgeois = supérieurs. Ferry et sa bande d’utopiques osent  penser qu’ils  peuvent  vraiment éduquer tout le peuple. Troisième son de cloche de la droite : Éducation = Rigoureuse. l’éducation rigoureuse, disciplinée, c’est la seule valable. Son de cloche de la gauche : Éducation = démocratique. enfin, l’éducation démocratique.  Les pauvres pourront s’instruire et pourront rivaliser avec les riches. Deuxième son de cloche de la gauche : École = créatrice. Si l’école devient trop stricte,  trop rigoureuse, elle ne parviendra peut-être pas à libérer l’énergie créatrice de l’enfant.
    1. Son de cloche de la droite : islam = ennemi de l’Occident. Deuxième Son de cloche de la droite. Christianisme. L’Islam s’oppose en cent manières à la Chrétienté et à nos valeurs démocratiques. Son de cloche de la gauche : Islam=David. Autre son de la gauche : Tolérance pour religion de David. Autre son de cloche de la gauche : Défendre David contre Goliath. L’Islam est respectable parce qu’elle se défend courageusement contre la violence puissante de l’Occident.

  1. L’ARGENT : son de cloche de la droite : Argent = avantage. Son de cloche de la gauche : L’argent = dangereux. Encore ici, nous identifions le même postulat erroné chez Hureaux : la gauche et la droite sont deux notions aléatoires puisqu’elles changent au gré des conjonctures. Car la gauche, univers du rève et de l’idéal, hait ce qui n’adhère pas à son ciel et s’abaisse dans  la vulgarité de l’argent ; la droite, enracinée dans le réalisme, l’individu et son vécu, et la liberté personnelle, méprise ce qui se fourvoie dans l’utopie et ses cohortes administratives mur à mur et si couteuses.

Ce n’est donc pas la gauche et la droite qui changent de nature, mais le point de vue temporaire de l’une et l’autre sur sa relation du moment avec un sujet, un thème, un événement. L’une et l’autre s’identifient à un thème, une idée, une situation, un événement, ou alors le rejettent, selon que l’aspect qu’elles y voient dans une conjoncture particulière se trouve conforme ou rébarbatif à leur nature respective. C’est le point de vue qui change selon la facette présentée à ce moment par la contingence du kaléidoscope historique. Non la nature objective de la gauche et de la droite.

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