Nature objective de la gauche et de la droite
Par Michel Frankland
Des lecteurs se souviendront que j’ai écrit, au fil de plusieurs numéros, des analyses sur la gauche et de la droite. La direction du Carrefour m’a encouragé à en prolonger maintenant l’examen.
Cette démarche s’avère d’autant plus importante que le cheminement québécois ne se pose plus en termes d’indépendance et de fédéralisme, mais, comme pour l’ensemble des pays industriels d’ailleurs, en termes de gauche et de droite. Il ne s’agit donc pas d’une réflexion spécialisée comme on étudierait le thème de la comparaison chez Cicéron ; notre réflexion porte au contraire sur les questions de fond avec lesquelles la Cité moderne est aux prises. Il s’avère donc pertinent de pousser la réflexion sur les tenants et les aboutissants de ce phénomène plus complexe qu’on ne le pense généralement.
Je tiens d’abord à dénoncer – à défoncer ! – cette opinion superficielle, qui consiste dans l’affirmation que la gauche et la droite ne constituent ultimement qu’un phénomène de surface, une parure sociale que des contradictions de fond délestent de sa permanence. Considérons donc ces arguments qui prétendent miner les bases de la notion bipolaire qui nous occupe ici. Vous comprendrez mieux cette affirmation dans les dernières lignes de l’article.
Notre méthode d’exposition doit à la fois être claire et fondamentale. Je crois avoir trouvé le paradigme qui convient. C’est le réflexe de Pavlov. Je la rappelle aux lecteurs qui l’auraient oublié. Physiologiste russe, il s’intéresse au réflexe conditionné. Il nourrit un chien en associant à la déglutition de l’animal le son d’une cloche. Bientôt, Pavlov n’aura qu’à actionner la cloche pour que le chien salive. L’objet associé produit le même effet que l’objet convoité. Évidemment, le procédé se trouve à la base de toute publicité. On y associe une valeur appréciée au produit en vente pour en mousser l’intérêt. Il en va évidemment de même en politique, le produit étant ici le pouvoir et sa légitimité. Il convient ici de rappeler succinctement ces deux attitudes devant la mouvance complexe des sociétés.
Nous étions partis de la pensée grecque, berceau occidental de l’esprit, pour constater la réalité des deux pôles en question. Face aux interrogations suscitées par la réalité, Parménide, puis Platon, un peu plus tard, répondent en distinguant deux niveaux d’existence. Il y a la matière, le multiple, les événements ; derrière cette façade se profile un deuxième niveau, une toile de fond, explique Parménide, sur laquelle le disparate prend son sens. Derrière le reflet des flammes sur les parois de la caverne, affirme Platon, il y a une réalité d’un ordre supérieur, une flamme pour ainsi dire divine, inaccessible au commun des mortels. Le monde concret ; le monde idéal. Le monde de la réalité, fade comparé au Ciel des Idées cher à Platon.
On comprend la filiation entre cette conception et le penchant pour l’universel, l’international, la primauté du collectif, analogué de la vision globale. Partant, une sympathie généreuse pour la fraternité universelle et une attention aux laissés pour compte, aux exploités, isolés qu’ils sont de la grande mouvance humaine.
Héraclite croit à qu’il voit. Il objecte un définitif ΠαηΤα ρεί (panta rei, tout coule). La réalité est la devant nous, multiple, personnelle. Les élucubrations idéalistes, très peu pour lui. Le personnel l’emporte sur le collectif. Si on veut une société valable, c’est d’abord sur soi qu’on doit travailler. On évalue la réalité cas par cas. On observe le foisonnement des choses. Un scientifique, Héraclite. Comme Aristote («Partons du plus connu de nous»), qui dira du bien d’Héraclite, tout comme Platon avait eu des mots sympathiques pour Parménide.
Bref, deux attitudes objectives, qu’on retrouve régulièrement au fil de l’histoire et des civilisations. Une attitude axée sur l’idéal, l’universel, l’assistance spontanée aux êtres qui en sont exclus, car sur la grande toile des aspirations nobles, tous sont égaux; de l’autre, l’affirmation de la responsabilité individuelle, de la liberté, de l’originalité créatrice de chacun, de l’unicité de chaque vivant.
Je vous encourage donc à lire article fouillé de Roland Hureaux, brillamment écrit. Sa thèse : la gauche et la droite ne constituent que des visions mouvantes sans substance réelle, sauf, concède-t-il, pour l’opposition richesse – pauvreté. Dans les articles qui suivront, je montrerai systématiquement comment il se trompe. Subséquemment, nous proposerons une démarche pour le Québec.
Voici la référence :
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/Marqueurs-de-droite-et-de-gauche
Bonne lecture – et à la riposte !
Michel Frankland
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