L’Isle aux « Qui est Qui ».
Par Eric E.G. NOGARD
Dire que la Martinique est l’Isle aux « Qui est Qui » n’est pas mentir.
Martinique is the “Who’s Who Island” from A to Z.
Même celui qu’on croit le mieux connaître peut bien se révéler quelqu’un de Tout Autre, de la Façon la plus Surprenante.
Fort heureusement, il convient de l’avouer une fois encore, à Toute Règle ses Exceptions, et, dans le cas qui occupe maintenant notre Plume, il arrive que ces exceptions soient… heureuses.
Nous allions dire « des plus heureuses » et nous avons failli le faire.
Nous avons juste à temps retenu le « des plus », un arrière goût d’amertume, ou plutôt juste une question épicée d’un petit brin d’amertume nous y ayant déterminé :
- Pourquoi faut-il qu’on doive se cacher dans ce Pays.
- Pourquoi faut-il que ceux qui se montrent toujours en première ligne et souvent sur la plus haute marche, aient le plus à cacher.
- Un Pays où chacun cache ou se cache, est-il ou peut-il être un pays où il peut faire bon vivre.
Combien de fois notre téléphone a pu sonner pour qu’on nous dise qui nous avons au bout du fil.
Combien de fois recevons-nous des commentaires à nos articles et que notre « Correspondant-électronique » nous dise qui il est.
Même dans la rue. Combien de fois n’avons-nous pas été abordé pour une observation au demeurant correcte et aimable, et qu’on consente à satisfaire à ces questions : Qui êtes-vous… Expliquez-Vous.
A ces questions pourtant pas méchantes semble-t-il, la réponse est immanquablement la même : « Après… après » et voilà que l’on file à tire d’aile pour ne plus jamais se montrer.
Il est vrai qu’on peut vous vouloir du bien sans pour autant vouloir se faire connaître de vous… mais quand même !..
Il est vrai qu’on peut vous vouloir du bien sans s’exposer au risque que soit connu le fait qu’on se rapproche de vous… à ce point là !..
Il est vrai que parfois la déconvenue est grande de constater que vous ne sachiez pas à qui vous avez affaire, tellement, étant le nombril du monde, on se croit connu de tous les peuples de l’Univers…
Il est vrai que vous ne connaissez pas toujours qui vous connaît ou qui croît vous connaître : dans notre prochaine Vie… nous nous ferons devin.
Ou alors ne serions-nous pas dans un Pays où Règne la Peur, dans un Pays où on est un ennemi à abattre ou à exclure de la Communauté dès-lors qu’on a les genoux raides à se plier ou la jambe qui ne sait pas boiter, dès lors que le Prince est Boiteux.
En tout cas, il y a de ces moments où vivre en Martinique vous pèse sur le thorax bien plus inexorablement que le Baromètre quand va gronder l’orage, de ces instants où les nouvelles Habitudes Martiniquaises, bien plus inexorablement que le Thermomètre quand il grimpe de trop, vous obligent à respirer des sels pour éviter la pâmoison… la perte de vos esprits.
Et ces moments sont souvent ceux où l’on se rend compte – et on ne peut s’empêcher de le laisser paraître – que vous n’êtes pas celui auquel on s’attendait, que vous n’êtes pas celui qu’on a ordre et obligation de voir en Vous… que vous suivez votre chemin sans soif d’en découdre avec quiconque, ce qui n’empêche pas que se manifeste votre sens du Devoir envers votre Pays, envers votre Prochain quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.
Il serait pourtant si bien que chacun soit partout ce qu’il est : sans Fard, sans Voile et sans Cagoule, from beginning to end.
O ! Martinique, Your last name is « Who’s Who Island ».
