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NUITS D’AFRIQUE AVANT LES 25 ANS

21-07-2010

NUITS D’AFRIQUE AVANT LES 25 ANS

Yves ALAVO

Au cœur de juillet 2010, nous vivons la 24e édition du FINA (festival international Nuits d’Afrique), l’événement dont les retombées économiques sont parmi les plus diversifiées.  Pas seulement des États-Unis, mais aussi des autres provinces et de nombreux pays d’Europe et d’Afrique, les touristes viennent à Montréal de plus en plus nombreux vivre la fête la plus pétillante.  Ce festival est riche de talents exceptionnels en provenance des 57 pays africains (près d’un milliard d’habitants).  Il est la plateforme de présentation des artistes de l’immense diaspora négro-africaine et arabo-berbère, mais aussi des artistes des Antilles et des Caraïbes.

Nuits d’Afrique contribue de manière substantielle au rayonnement de nos marchés car tous ces visiteurs achètent beaucoup à Montréal.  Souvent, ces visiteurs reviennent régulièrement, ayant découvert de manière plus accessible à Montréal, en une période concentrée, le lieu où s’alimenter en musique africaine, l’occasion d’apprécier les artistes et leurs créations et de passer des vacances merveilleuses.  Sachant qu’une portion significative de ces artistes se produit dans les grands circuits des capitales culturelles (Londres, Paris, New-York, Chicago, Barcelone, Rio, Sao Paolo, Los Angeles, Tokyo, Dubaï…), les amateurs ont réalisé que ces vedettes de la scène sont accessibles à Montréal de façon plus conviviale.

Fort des ces résultats et de cette réalisation significative qui valorisent notre essor commercial mais aussi qui concourent de manière valable à la crédibilité de Montréal comme destination touristique de premier ordre, les Nuits d’Afrique sont en droit, enfin, d’espérer en bénéficier, afin obtenir un appui des pouvoirs publics à la hauteur de leurs  performances.

La soirée d’ouverture au National le 14 juillet, a mis en vedette le député provincial de Montréal, Emmanuel Dubourg, élu de la circonscription de Viau.  Il a, de manière éloquente, avec une grande intelligence et avec une sensibilité fine, exprimé cette problématique, en mettant en relief les liens unissant les communautés de la diaspora noire d’ici et Montréal.  Le Festival international nuits d’Afrique (FINA) est totalement à l’image de sa ville, fait de créativité, issu de la diversité et reconnu pour son dynamisme légendaire qui a fait ses preuves au fil de son évolution.  Prenons le pari que 2011, année du 25e, verra l’organisation du « Festival » obtenir enfin les moyens de réaliser son immense potentiel.  Il semble, dans cette perspective, que l’adjoint parlementaire du ministre des finances, le député montréalais Emmanuel Dubourg, puisse être choisi parrain par excellence pour les 25 ans.

À l’aube du quart de siècle, le FINA vibre de mille étoiles et l’équipe organisatrice est à l’œuvre plus que jamais.  Il est indispensable de dire combien Suzanne Rousseau la DG et Lamine Touré, Président et fondateur, vivent d’obstacles surmontés et de victoires en succès, depuis un quart de siècle.  La détermination extrême des Productions Nuits d’Afrique et le combat sans concession pour la culture est un investissement à très long terme.  Cette aventure est le fruit du travail d’une équipe talentueuse, dévouée, compétente qui fait corps avec l’événement le plus africain qui se consacre aux musiques et aux arts de la scène du « Vieux Continent source ».

Une équipe performante

http://www.festivalnuitsdafrique.com/lefestival/equipe

Un festival qui aura 25 ans en 2011.

http://www.festivalnuitsdafrique.com/artistes

Des artistes engagés et talentueux. Volet 1.

ABDOULAYE KONÉ GUITARISTE HORS-PAIRS

PERCUSSIONISTE BRILLANT

Abdoulaye Koné est unique en son genre. Ce qui le caractérise, c’est son style émaillé.  « Maître Koné » est d’abord un génie de la guitare, il se classe parmi les tous premiers stylistes et les meilleurs solistes de la guitare dans les Amériques.  Technicien de génie, instrumentiste qui fait vibrer les cordes, qui les manie avec une dextérité inégalée, il est capable de jeu rapide.  Artiste à l’expression mélodique, il a la particularité du jeu inspiré et rythmique sans effort.  Tout paraît limpide, fluide et percutant dans son jeu.  Sur l’étendu du registre des gammes Abdoulaye Koné file avec une virtuosité cinglante.

Sa capacité à traduire sur le manche de la guitare, émotions, sensations et volumes sonores, son énergie vorace pour intégrer mille et une nuances rythmiques à sa gamme, ainsi que pour faire danser les notes, marquer les tempos et pour souligner les vibratos, en font un instrumentiste exceptionnel, aussi remarquable que l’est Miles Davis à la trompette.

Soliste, accompagnateur, leader ou membre de groupes, tous les aspects du jeu et les rigueurs des rôles ne briment jamais son talent si expressif et si explosif.  Abdoulaye Koné serait blanc au Québec/Canada, qu’il aurait été reconnu avec un certain relief et qu’il pourrait vivre aisément de son art.  Dommage que l’exclusion et l’immense rideau du profilage artistique sur tous les registres de nos arts à tous les niveaux, malgré les reconnaissances et les prix qu’il a eu, font en sorte que vivre comme artiste soit encore dix fois plus difficile quand on est NOIR ici.

Maître percussionniste est leader de percussions, meneur de jeu aux tambours, génie au djembé et virtuose aux drums, aux Sabbars.  La section rythmique structurante n’a aucun secret pour Abdoulaye Koné.  Il joue des deux mains comme certains pourraient le faire avec huit. Vitesse de transmission, adaptation motrice et sensorielle, lecture/interprétation et expression ne font qu’un seul jeu dans sa bulle complexe et anticipative.

Sur de nombreux registres, du classique héritage des Djelis, avec plusieurs codes interprétatifs et normatifs, des mélodies ancestrales en plusieurs langues, aux créations des siècles récents ou aux impros cadrées, en passant par les musiques modernes et les morceaux contemporains y compris avec ses propres adaptations et les créations qu’il concocte, Abdoulaye Koné vole au-dessus du ghotta artistique urbain, toutes traditions confondues.  Rare serait l’artiste et, surtout l’instrumentiste, aujourd’hui, capable de se mouvoir avec autant d’aisance, avec une abondance de virtuosité et de flexibilité entendue comme avec la polyvalence et avec les atouts de l’interdisciplinarité, comme Abdoulaye Koné le fait avec une créativité sublime qui lui confère un statut particulier au firmament de la musique.

Le FINA (Festival international Nuits d’Afrique) lui a donné carte blanche cette année (du 18 au 25 juillet 2010 au Club Balattou du boulevard Saint-Laurent), une initiative qui dit avec éloquence l’estime et la fraternité qu’éprouve le « Festival » envers cet artiste africain de chez nous.