Montréal

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Sixième proposition optimale

24-06-2010

Sixième proposition optimale : Comprendre l’existence du Bloc

Par Michel Frankland

 

On ne peut comprendre le Canada si on ne comprendre pas la naissance du Bloc.

 

Je suis tombé en bas de ma chaise lorsque en consultant sur internet  un historien canadien-anglais. Je me suis rendu  compte qu’il n’avait rien compris à la raison de l’apparition du Bloc sur la scène politique. Il se peut donc que les personnes qui lisent cette sixième proposition optimale, possiblement moins versés dans la politique canadienne que l’historien en question, n’aient pas compris non plus pourquoi le Bloc est apparu. Je l’écris en particulier pour les émigrés qui n’ont pas vécu ces péripéties et qui désirent en toute bonne fois saisir ce qui s’est vraiment passé.

Pour comprendre le Bloc, il faut comprendre Meech. Pour plusieurs, ce lac se rapporte à des demandes du Québec qui ont fini par être refusées. Mais il nous faut reculer encore dans le temps. Nous sommes en 1981. Donc, après que les indépendantistes soient affaiblis par la défaite du référendum de 1980.

Les forces fédéralistes en profitent. Pierre Elliott Trudeau invite les premiers ministres provinciaux à une rencontre pour entériner son projet de Constitution canadienne. René Lévesque s’y rend. Les rencontres se succèdent. Un soir, Lévesque retourne coucher à Hull[1]. Pendant la nuit, les autres premiers ministres canadiens et le premier ministre signent en catimini la Constitution canadienne. On a appelé cette nuit «La nuit des longs couteaux[2] ».Elle remplace l’AABN, ou Acte de l’Amérique Britannique du Nord, datant de 1867. La nouvelle Constitution, dont seule la version anglaise a cours légal, sera signée par Trudeau devant la Reine Élisabeth II en 1982.

Le lendemain de la signature de nuit, Lévesque, apprenant le coup, est éberlué. Voilà qu’on signe en cachette un document capital pour la définition politique du Canada en évitant la présence du représentant d’une des deux nations fondatrices du Canada ! Le Québec est en colère. Les manifestants envahissent les rues. Mais la colère se transforme en une réaction de fierté. Ils affirment haut et fort qu’ils ne veulent pas de ce pays ; ils veulent leur pays.  Plusieurs commentateurs politiques ont jugé qu’à ce moment, un référendum sur la souveraineté aurait été gagnant.

Voilà un vide politique qu’il faut essayer de combler. Le référendum de 1980 avait échoué (40 % de oui ; 60 % de non). Les menées nocturnes menant à la signature de la Constitution canadienne n’avaient fait qu’envenimer les relations Québec-Canada. Il fallait trouver une solution : L’Accord de Charletown. Il date de 1992. Il est concocté par le premier ministre et les ministres provinciaux. Pour faire une histoire courte, cet accord se trouva inacceptable tant au Québec que dans le reste du Canada. Il constituait un compromis insuffisant d’un côté comme de l’autre.. Le Québec y était reconnu comme société distincte… mais les autres demandes y étaient diluées. Autre référendum rejeté. Une autre solution avortée.

Que faire ? Mulroney, aux élections de 1984, se présente au fédéral comme chef des conservateurs. Il propose au Québec d’entrer dans la Constitution canadienne avec honneur et enthousiasme. René Lévesque, et l’ensemble des Québécois à sa suite, accepte ce qu’il sera convenu d’identifier comme une v expression devenue consacrée : «le beau risque.» Mulroney est élu, avec 58 sièges au Québec !

Pourtant, la grogne apparaît au PQ. Les indépendantistes purs et durs n’acceptent pas cette compromission. Elle implique à leurs yeux la mise de côté de l’indépendance. Cinq ministres  (dont Jacques Parizeau) démissionnent, ainsi que trois députés d’arrière-banc. René Lévesque, touché par l’opposition qu’il perçoit dans les rangs péquistes, démissionne. Pierre-Marc Johnson le remplace. Il déclenche des élections en réitérant la valeur du beau risque. Le PQ, divisé, perd les élections de 1985. Robert Bourassa et ses  libéraux sont élus.

Dans le prochain article : Mulroney et l’Accord du Lac Meech.


[1] fait maintenant partie de Gatineau.

[2] Cette expression se rapporte aux meurtres perpétrés en Allemagne par les Nazis fin juin 1934 contre les SA, groupe trop révolutionnaire et trop indépendant aux yeux d’Hitler. L’expression a aussi été employée pour désigner des actes sanglants sous Mao en Chine.

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