LE MÉLANGE INCOMPATIBLE D’ALIMENTS À UN MÊME REPAS
par Abel Arslanian
Le mélange des aliments au même repas sollicite un pouvoir digestif inhabituel en enzymes digestives et en enzymes cellulaires.
Il est aussi difficile pour notre système digestif d’assimiler à un même repas le mélange de protéines, glucides et lipides que nous lui offrons chaque jour que pour notre oreille d’écouter chanter trois opéras en même temps et d.’essayer d’y comprendre quelque chose.
Les trois grandes composantes de la nourriture sont les glucides (amidons et sucres), les protéines (acides aminés des chairs animales et végétaux) et les lipides (graisses saturées animales sauf chez le poisson, et monoinsaturées ou polyinsaturées chez les végétaux) auxquels se joignent les éléments indispensables aux activités métaboliques de l’organisme : l’eau, les vitamines, les oligo-éléments, les minéraux.
Chaque élément naturel pris individuellement (un légume, un fruit, une chair animale) est constitué d’un dosage précis où l’on retrouve en majorité soit des glucides, soit des protéines ainsi qu’une quantité très variable de lipides ajustée à la nature de l’aliment.
Le système digestif de toute créature animée est un instrument chimique d’une grande complexité et d’une extrême précision. Il est programmé depuis des millions d’années à adapter rigoureusement ses sécrétions digestives en nature, qualité et quantité à chaque type d’aliment naturel qu’il doit décomposer en ses substances fondamentales.
Mais il est clair, à la lumière des données scientifiques que nous avons accumulées en biochimie alimentaire et en dehors du simple bon sens que nous offre le comportement des animaux sauvages, que ce même système digestif n’est pas conditionné et ne peut être conditionné en quelques milliers d’années à digérer un mélange anarchique de substances rassemblées artificiellement à un même repas. Cette pratique entraîne le dérèglement de l’appareil digestif et du système neuro-endocrinien en même temps qu’elle engendre de sérieuses répercussions sur la santé en général.
Les processus de décomposition des protéines , des hydrates de carbone de type amidon, des sucres et des graisses sont entièrement différents les uns des autres. Ils font intervenir des taux d’acidité et des sucs digestifs différents selon leur nature alors que le temps requis pour leur assimilation varie considérablement. Par exemple, l’ingestion d’un aliment glucidique comme des céréales ou leurs dérivés ou encore des légumineuses détermine une sécrétion gastrique d’espèce différente de celle que réclame l’ingestion d’un aliment protéique comme la viande.
En vérité, l’acide chlorhydrique gastrique nécessaire à la digestion des protéines détruit la ptyaline de la salive nécessaire à la digestion des glucides. Si nous ingérons à la fois de nombreux glucides comme en contiennent le pain ou les pâtes et de nombreuses protéines comme en contiennent les viandes, l’estomac sécrétera assez d’acide chlorhydrique pour traiter les protéines, mais les glucides commenceront à fermenter sans être digérés pendant tout le temps que l’estomac retiendra les protéines et la digestion sera totalement faussée et déréglée.
Dans le cas contraire, l’absorption de glucides non accompagnés de protéines ne favorisera pas de sécrétions d’acide chlorhydrique et la ptyaline de la salive pourra continuer d’agir sur la digestion adéquate des glucides.
Autre exemple : dans le cas d’aliments cuits, une fois que les nutriments sont ingérés, ils s’amassent dans la partie haute de l’estomac pour y amorcer une prédigestion. Si la nourriture est composée d’un mélange de glucides, protéines et lipides comme c’est régulièrement le cas dans nos habitudes alimentaires, les enzymes de la salive vont agir sur les glucides tandis que les protéines et les graisses privées d’enzymes pas la cuisson attendent environ une heure avant d’être attaquées par les acides de l’estomac. Les bactéries peuvent amorcer une putréfaction de la viande mêlée à la fermentation des glucides, ce qui perturbe encore une fois la digestion et engendre des problèmes de santé insoupçonnés.
Autre cas : une alimentation en produit raffinés ( sucre, pâtes alimentaires faites de farine blanche ou de riz blanc, etc.) finit par dérégler le pancréas qui s’habitue à sécréter une quantité exagérée d’insuline pour faire face aux glucides raffinés. Ensuite, si l’on mélange glucides et lipides à un même repas, pain et jambon ou autre viande par exemple, l’insuline sécrétée par le pancréas sera jusqu’à deux fois plus abondante et agira deux fois plus sur les glucides ( le pain) pour les stocker dans le fois ou les muscles, puis transformera les acides gras de la viande en réserves de graisse, ce qui cause l’embonpoint, l’obésité, le diabète gras et des problèmes cardio-vasculaires.
Si des glucides non raffinés sont au contraire ingérés seuls, sans gras ni protéines grasses, le pancréas va sécréter simplement la quantité d’insuline nécessaire pour traiter les glucides et il n’y aura pas de prise de poids.
Si les lipides ( du fromage par exemple) ou des protéines lipidiques ( des viandes grasses) sont ingérés seuls, le pancréas ne sécrétera pas d’insuline ou en sécrétera très peu, les lipides seront transformés en énergie et il n’y aura pas stockage de graisse, à condition de ne pas en consommer en quantité importante ni faire un régime exclusif de fromage ou protéines animales, ce qui engendrerait de graves problèmes d’une autre nature comme la constipation, la cholestérolémie, des problèmes hépatiques ou rénaux dus à l’acide urique et à l’urée.
En conséquence, la digestion devient rentable en termes d’énergie et d’efficacité pour tous les besoins de l’organisme si ces trois groupes de substances que sont les glucides, les protéines et les lipides ne sont ni mélangés artificiellement ni consommés à un même repas. Il faut que les associations d’aliments restent simples tout en demeurant savoureuses.
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Abel Arslanian et Gérard Gervais , auteurs
Les omega-3 pour guérir, Guérin, 2004, p.182