« Ceci est un chien MIRA ! »
Par Catherine Kozminski
Jamais, au grand jamais, je n’aurais imaginé qu’un de mes enfants puisse un jour être bénéficiaire d’un chien d’assistance de la Fondation MIRA. Lorsque nous avons appris que Maëlle, notre fille aînée de 3 ans à l’époque, présentait une forme d’autisme, j’étais déjà convaincue que la présence d’un animal à ses côtés pourrait faire une différence. Je ne pensais pas, toutefois, que ce grand Labernois, Labelle de son prénom, puisse être une réelle thérapie aussi pour la mère de trois enfants que je suis. Nous voilà 
maintenant trois ans plus tard et des poussières … Maëlle est non seulement autiste, mais désormais atteinte d’une maladie neuromusculaire auto-immune très rare chez les enfants, la myasthénie grave. À travers toutes les épreuves que nous devons traverser, Labelle reste le baume qui apaise nos souffrances et nos questions sans réponses, ces dernières commençant bien souvent par « pourquoi ? ».
Puisque Maëlle est traitée deux fois par semaine au pavillon Vidéotron du CHU Sainte-Justine en hémato-oncologie pour des plasmaphérèses[1], nous passons de nombreuses heures à ce centre hospitalier en compagnie d’enfants atteints de cancers ou de maladies du sang. Malheureusement, bien que fort compréhensible, Labelle ne peut nous accompagner dans cette section de l’hôpital, car les risques d’allergies sont très élevés au centre de cancérologie. Elle attendra donc, tranquillement, notre retour au courant de la journée.
Dès les traitements terminés, Maëlle se rend à ses cours, malgré sa grande fatigue et cours rejoindre ses amis à l’école. De mon côté, je suis plus souvent qu’autrement épuisée et vidée par l’impuissance que je ressens devant la maladie de ces enfants, même après des mois, parce qu’on ne s’habitue pas à cette réalité qui ne devrait pas en être une de façon naturelle. Il demeure si difficile de retenir ses larmes lorsqu’une jeune fille de 14 ans à peine, sans cheveux, enflée de partout par la cortisone, pleure de découragement face à son triste destin. Comment reprendre un rythme de croisière effréné, mais bien adapté à notre société capitaliste dans de telles circonstances ? Tout me paraît tellement artificiel ! On dit souvent que « l’essentiel, c’est d’être aimé », comme dans la chanson de Ginette Reno, mais l’essentiel, c’est aussi d’aimer.
Le silence est devenu depuis quelques temps mon meilleur conseiller, mais c’est Labelle qui nous dicte le chemin à suivre : ne pas (trop) changer nos habitudes familiales; continuer à rire des bouffonneries de notre chienne d’assistance; regarder Maëlle s’endormir, comme un ange, aux côtés de sa « toutoune »; chanter à tue-tête et danser comme des fous sur les airs de la Compagnie Créole. Oublier la vie, oublier la mort.
Souvent, quand cela est possible, j’aime me promener avec Labelle. Malgré son foulard bleu à l’insigne de la Fondation MIRA, bien des gens se questionnent encore en voyant notre chienne hybride. Certains prennent même peur en la voyant circuler à la pharmacie ou au supermarché; voire à l’hôpital et ce, malgré son harnais bien identifié. Je m’entends donc souvent répéter haut et fort à qui veut l’entendre: « Ceci est un chien Mira; M-I-R-A ! ». Ah ! Quelle fierté de prononcer le nom de cet organisme qui, depuis sa création en 1981, a donné plus de 2000 chiens-guides et chiens d’assistance dont notre Labelle qui ensoleille toujours davantage les journées un peu plus grises de la courte existence de notre fille de 7 ans. Car quand Maëlle rit, la vie est belle !
[1] Technique qui permet de prélever du plasma (liquide contenu dans le sang) chez un donneur de sang ou chez un malade.
http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie/plasmapherese-3698.html
Catherine Kozminski
Fonds Maëlle Adenot
Fondation CHU Sainte-Justine
