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Découvertes en Immunobiologie des maladies mentales

13-05-2010

Découvertes en Immunobiologie des maladies mentales

 

Par Yves Alavo

 

Pour la première fois dans l’histoire de ce secteur scientifique de l’interdisciplinarité (Pharmacologie et Psychiatrie), un chercheur de pointe dont les résultats sont publiés dans les revues spécialisées les plus crédibles, communique avec d’autres chercheurs et organise un colloque sous cette catégorie nouvelle. Ce colloque a eu lieu le 11 mai 2010, dans le cadre du 78e Congrès de l’Association francophone pour le savoir ACFAS, tenu à Montréal.  Cet homme, dont nous avons dit dès 1999, qu’il serait un jour prix Nobel dans son domaine, c’est Édouard KOUASSI. Le Carrefour des opinions est le premier organisme d’information a en parler.

Longtemps ignorées, les interactions entre le cerveau et l’immunité font maintenant l’objet de recherches intenses publiées dans des journaux de fort impact.  Les approches méthodologiques vont d’études sur cellules isolées à des études cliniques, en passant par des modèles animaux.  Ce colloque met l’accent sur l’immunobiologie de la schizophrénie, une maladie psychiatrique complexe où interviennent des facteurs génétiques, environnementaux et neurodéveloppementaux. La schizophrénie est souvent associée aux maladies infectieuses et auto-immunes, au dérèglement des cytokines inflammatoires et du système redox. Cette maladie, qui touche environ 1 % de la population mondiale, débute généralement à l’adolescence ou chez les jeunes adultes. Elle se caractérise par des symptômes positifs (hallucinations, délire), des symptômes négatifs (apathie, retrait social, anhédonie, affect plat), des déficits cognitifs (déficits au niveau de l’attention, de la mémoire) et des symptômes dépressifs. La consommation excessive de substances licites (tabac, alcool, caféine) ou illicites (cannabis, cocaïne) est plus élevée chez les patients souffrant de schizophrénie que dans la population générale, ce qui témoigne probablement d’un dérèglement au niveau du système de récompense dans le cerveau de ces patients. On estime qu’environ 20 % à 45 % des patients schizophrènes présentent une réponse thérapeutique inadéquate aux médicaments antipsychotiques qui sont disponibles, ce qui fait de cette maladie un fardeau économique et social énorme. Une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques de la schizophrénie contribuera donc à la découverte d’indicateurs biologiques fiables, au diagnostic précoce, au suivi de l’efficacité et de l’innocuité des médicaments antipsychotiques, et au développement de nouvelles approches thérapeutiques.

Edouard KOUASSI, de l’Université de Montréal a prononcé une conférence très suivie :

Bases moléculaires des relations cerveau-immunité et implications en psychiatrie.

Le cerveau et l’immunité communiquent par l’intermédiaire de nombreux médiateurs chimiques incluant les systèmes des neurotransmetteurs monoaminergiques, les neuropeptides, hormones, endocannabinoïdes, et cytokines inflammatoires.  De plus, on commence à connaître les principaux acteurs de l’immunité innée dans le cerveau, ainsi que les cellules immunitaires qui infiltrent le cerveau, et leur rôle dans les conditions physiologiques et pathologiques.  Cette conférence a fait le point des connaissances actuelles sur les bases moléculaires des interactions bidirectionnelles cerveau-immunité, et leurs implications en psychiatrie.  Notre fierté, c’est que ces avancées importantes dans le domaine de la recherche de pointe, sont le fait de notre élite scientifique au sein de laquelle Édouard Kouassi tient une place unique que ses compétences, sa détermination et ses qualités exceptionnelles de chef de file en recherche et enseignement, lui confèrent.

Photo Yves Alavo, Édouard Kouassi en entrevue.