Montréal

Nouvelles

Je suis syndicaliste

28-07-2010

Je suis syndicaliste.

Par Jean-Paul Kozminski

 

Albert Camus prêtait sa plume non pas aux grands qui font l’histoire mais à celles et ceux qui la subissent.

«Notre seule justification, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour toutes les personnes qui ne peuvent le faire.» écrivait-il.

Je côtoie, depuis nombre d’années, des syndiqué(e)s et des conseillers syndicaux. Mon opinion est basée sur une observation quotidienne de ce milieu.

Je peux dire que l’émigrant que j’étais à toujours été bien reçu et aidé par ceux la même dont le travail quotidien est parfois mal perçu et souvent dénaturé. Jamais n’ai-je senti de rejet. Au contraire, tout a été mis en œuvre pour que je puisse m’intégrer dans ma nouvelle société. Ce qui m’a permis de comprendre, de vivre et de naviguer aisément dans le monde du travail : comprendre les lois sociales, conquises de haute lutte, (CSST, normes du travail, la RRQ, RAMQ, congés parentaux, etc)  comprendre les clauses d’une convention collective, la différence entre une mésentente et un grief. En bref, comprendre que l’employé que j’étais avait des droits et des devoirs. Ce qui aidait grandement la relation avec un employeur qui ne pouvait arbitrairement et unilatéralement influencer mes conditions de travail.

À l’heure où il est de bon ton de dénigrer l’apport considérable que les syndicats offrent à leurs membres, je me permets de vous livrer quelques réflexions. Car, je sais que soutenir ces démarches c’est provoquer des changements sociaux.

Monsieur Camille Laurin affirmait que le syndicalisme a permis de faire, au bénéfice de tous, des conquêtes qui nous rendent plus nobles et plus fiers de nous mêmes. Ce mouvement est un lieu d’engagement pour la promotion humaine et de luttes contre les injustices.

En effet, pourquoi accepter l’humiliation et l’exploitation de personnes qui occupent une place inférieure dans la pyramide sociale?

Pourquoi exclure les marginaux, les inadaptés et les plus faibles?

Pourquoi ne pas accorder une assurance salaire de longue durée à tous ceux et celles qui travaillent obscurément mais durement pour gagner leur pain quotidien? Ces personnes en cas de maladie grave sont-elles condamnées au BS? Ce qui fera crier les bonnes âmes sur ces prestations versées à des paresseux.

Est-ce que la valeur d’une personne se mesure à l’épaisseur de son portefeuilles?

Pourquoi payer si grassement les «dirigeants» de grandes corporations dont le mandat est d’enrichir des actionnaires invisibles?

Celles et ceux qui prennent soins de ma santé, de mes petits enfants et de mes vieux parents ne méritent-ils pas considération et respect?

Combien de rapports d’impôts de travailleurs pour payer le CHUM, les magouilles de toutes sortes, l’asphalte et les rapports sur les rapports? Je ne parle pas des faux-frais bien engrangés par des profiteurs. Savent-ils qu’ils vivent sur mon argent qui vient de MON travail?

Devrais-je laisser les politiciens et ceux qui veulent mon bien agir à ma place?

Je vois aussi comment l’opinion publique est façonnée, souvent pour diviser et ainsi focaliser ma frustration vers un bouc émissaire désigné : les syndicats, les BS, les immigrés. Opinion souvent exprimée par des journalistes ou travailleurs bénéficiant des avantages négociés par leur père ou mère.

Ce que je vois, ce sont des valeurs qui tournent autour de quelques nantis qui ne tiennent pas compte du bien commun, qui adorent la réussite individuelle, qui rendent un culte à la compétition et à la consommation.

Alors? Alors, je reste fidèle à mes valeurs. J’ai le pouvoir de réfléchir, de comprendre, de faire la différence entre ce qui nous fait du bien et ce qui nous fait mal.

Je regarde les actions de Personnages comme Michel Chartrand, Fernand Daoust, Émile Boudreau, Léa Roback, Laure Gaudreault, Madeleine Parent. Ce ne sont pas leurs discours, aussi inspirants soient-ils, qui m’ont impressionné, mais leur démarche, leurs causes et leurs actions. Leur engagement, pris en fonction de l’autre, du concitoyen comme de l’étranger. Leur vision d’une société juste et fraternelle. Mais surtout leur capacité à maintenir le cap, beau temps, mauvais temps.

Les militant(e)s que je connais, que j’ai connu, engagé(e)s dans ces luttes quotidiennes connaissent leur responsabilité au sein des syndicats affiliés au SQEES local 298 de la FTQ.

Je les connais depuis le début des années 1970. Je connais leurs questionnements, leurs incertitudes, leurs déceptions et leurs grandes joies lorsqu’un de leur membre est heureux de leur soutien. Je sais que, tout comme moi, ils croient que le salut de chacun dépend de la solidarité de tous.

En les saluant, je salue celles et ceux qui, chaque jour, gardent le cap sur ces valeurs universelles qui entourent la dignité et le respect dû à tous.

Syndicaliste? Plus que jamais.

=================================================