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INCONSÉQUENCES SUR LA VIOLENCE

24-03-2023

INCONSÉQUENCES SUR LA VIOLENCE

par Michel Frankland

Pour saisir l’inconséquence de l’opinion commune sur la violence, considérons deux cas typiques.

Un bon père de famille. Respectueux de son épouse. Fidèle. Une famille unie. En soirée, il conte des histoires à ses enfants. Il n’est pas d’accord avec les menées d’Hitler contre les Juifs. Mais sa femme et lui savent bien que toute parole opposée à ce racisme serait vraisemblablement rapportée. Ils entrevoient les conséquences graves pour eux – ils tremblent en pensant à ce que subiraient leurs enfants.

Il est mobilisé. Dans quelques années, il sera tué près de Cologne par un soldat de l’armée ennemie. L’Américain est fier. C’est le troisième ennemi qu’il tue aujourd’hui. Son colonel l’a félicité. Il a tué trois ennemis de la Patrie !

C‘est un bon père de famille. Chez lui, il contait des histoires à ses enfants le soir. Sa femme et lui trouvent irresponsable l’engouement pour le armes qui mobilise la mentalité américaine. Mais ils n’osent en parler. Le patron du mari s’affiche comme un leader pro armes. C’est le genre hautain, qui n’accepte aucune opposition. Son opinion serait probablement rapportée. Il perdrait son emploi. Ils recevraient des lettres de menace comme traitre à l’esprit de la nation. Ils tremblent à la conséquence d’une perte d’emploi sur leurs enfants Ses enfants subiraient des sévices à l’école.

Le lendemain de son triple fait d’arme, il est tué par une contre-offensive allemande. Le soldat allemand a tué en une seule journée trois soldats envahisseurs. Ile est félicité par son colonel. Il a buté trois ennemis de la Patrie !

Demandez maintenant aux citoyens ce qu’ils pensent de la mort des soldats de l’armée de l’autre pays. « C’est des ennemis ! Ils n’ont pas d’affaires à nous menacer! » C’était pourtant des citoyens de qualité. Qui avaient à cœur leurs responsabilités familiale et sociale. Mais Des ennemis de la nation – j’allais écrire « de la gang ».Les psy nous rappellent comment l’opinion populaire, dans les cas d’envahisseurs, s’avère viscérale et peu favorable à un approfondissement rationnel.

Voilà donc un premier cas. Le soldat vilipendé parce qu’ennemi mais qui serait honoré parce que citoyen de qualité.

Le deuxième cas se trouve à l’opposé. Le monde de la pègre est moralement pourri. Ses agissements constituent essentiellement des entreprises objectivement immorales : vols, intimidation de commerces pour exiger une « compensation » mensuelle, moyennement quoi ils seront « protégés » – contre qui ?! Car tant chez les gangs de rue que les autres « familles », on sait bien que c’est le territoire de telle Causa Nostra. Pas touche !. Surtout, la vente de la « grosse drug » produit d’énormes profits. Et, plus marginalement, quand même rentable, la prostitution. Des femmes sans revenus et sans instruction estiment que c’est un « ouvrage » à leur portée.

Voilà des humains à l’opposé des citoyens honnêtes considérés plus haut. Le soldat ennemi d’une évidente qualité humaine est vilipendé pace qu’ennemi du groupe.

À l’opposé, La pègre, pourtant engagé systématiquement dans une organisation immorale, dégage un certain respect à cause d’une discrétion proverbiale. La pègre impose ainsi un respect diffus à Jos Bleau et sa femme.

Quelle contradiction ! Le soldat ennemi d’une qualité humaine remarquable, rejeté versus la pègre respectée – des films comme Le Parrain, fort populaire, manifestent le respect populaire de La Causa Nostra. Je fais l’hypothèse que le peuple constate que ce sont des gens comme eux, peu instruits, qui ont réussi bien mieux que la moyenne populaire..

Comme quoi le jugement populaire s’avère souvent relativement simpliste parce que passablement teinté par des émotions qu’on souhaiterait plus nuancées. Une identification sociologique à la pègre explique, sans la justifier, le jugement populaire.