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LACUNE ADMINISTRATIVE AUX CONSÉQUENCES GRAVES

28-10-2022

LACUNE ADMINISTRATIVE AUX CONSÉQUENCES GRAVES

par Michel Frankland

Je suis, il y a de nombreuses décennies, en philosophie à l’université. Un collègue se penche vers moi et murmure :  « Le professeur sait tout, mais rien d’autre ».

Ce prof , dont le solide quotient lui permettait de construire un monde abstrait, loin des relations humaines, qu’il redoutait.

Robert McNamara, une tête de première force. Il avait enseigné le droit à Harvard, avait été nommé président de Ford, le premier président non membre de la famille Ford. Il démissionne bientôt pour joindre l’équipe du président Kennedy comme partie de l’équipe contre les communistes du Vietminh. Il étudie la situation vietnamienne. L’ensemble de ses recherches l’amènent à une conclusion qui s’impose à lui avec force :
L’armée américaine contrôlera ce petit pays en trois mois. Au pire, en 6 mois1.

Le bilan de la guerre est stupéfiant : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis larguent 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle, et perdent 10 000 hélicoptères et avions militaires.

plus de 50 000 soldats américains tués, plus de 280 000 soldats sud-vietnamiens tués. Plus de 300 000 américains blessés. plus de 380 000 soldats nord-vietnamiens tués ; 666 000 à 950 000 morts avec les combattants du Việt Cong + jusqu’à 182 000 civils.


Le coût direct de la guerre s’élève à 
140 milliards de dollars et les coûts indirects sont évalués à 900 milliards.

Le conflit a duré 20 ans – un peu plus que le six mois de l’évaluation du brillant américain !

Les Américains ont confondu puissance militaire et victoire, oubliant deux facteurs fondamentaux : l’ingéniosité des peuples à se défendre contre un envahisseur ainsi que la puissante aide militaire des pays voisins. Poutine, faut-il rappeler l’évidence, a commis cette double erreur contre l’Ukraine. Il calculait la conquérir en quelques semaines…

Notre gouvernement n’est pas en reste. Pour régler le problème de la pénurie d’infirmières dans les hôpitaux, le ministre leur impose du surtemps. La conséquence était on ne peut plus prévisible. Plusieurs quitteront leur emploi. Plus de d’heures supplémentaires, plus de départs.

Voilà, comme dans le cas de McNammara, un ministre au QI tout à fait adéquat…mais peu doué pour saisir, malgré ses prétentions, la dimension humaine du problème.

La décision la plus efficace consisterait à assurer les infirmières qu’aucun surtemps ne leur sera imposé..

Il faudrait parler à leur sens des responsabilités :– à leur cœur .le Québec a besoin de vous ! Plusieurs de nos compatriotes vont mourir faute de soins. Opérations urgentes reportées, plusieurs jours sur des civières, etc.

Bref, souvent les administrateurs au quotient bien chromé ne voient que les aspects dits « objectifs » d’un problème…mais les émotions humaines « faussent les données des problèmes ». Un administrateur sérieux « ne doit pas laisser le processus étudié glisser dans les méandres des sentiments ».

Ignorer l’importance des émotions – et parallèlement de l’atmosphère réussie du travail – Voilà La formule tout aussi chromée de l’échec.

 

 

1 Tiré en partie d’un article que j’avais écrit sur un sujet connexe.