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Illusion américaine sur les pays asiatiques

19-08-2021

Illusion américaine sur les pays asiatiques

par Michel Frankland

Robert McNamara, une tête de première force qui avait enseigné le droit à Harvard, avait été nommé président de Ford, le premier président non membre de la famille Ford. Il démissionne bientôt pour joindre l’équipe du président Kennedy comme partie de l’équipe contre les communistes du Vietminh.

 

Il affirmait qu’il devrait régler le problème vietnamien en trois mois – au pire en six mois. Les Français s’étaient fait sortir assez rapidement. Les américains allaient régler ça vite.

 

Après 20 ans de guerre – des milliards investis et 58200 soldats américains tués, c’est le Vietminh et son petit monde de 5 pieds zéro qui triomphèrent. Mais, triomphe apparent dont se targuaient les bonzes US, entre un et trois millions de soldats et civils vietnamiens tués – incluant quelques centaines de mille Laotiens et Cambodgiens. Il était donc convenable de les empoisonner avec le « gaz orange» dont l’effet est assez durable.

 

De même, l’attaque musulmane ourdie par Ben Laden du 9-11 contre les deux tours. On s’en est rendu compte après, que le FBI en avait colligé les indications dans les semaines précédents. Mais les services secrets sont en conflit feutré avec les autres services, notamment la Cia. Sûrement, les chances de l’attaque prochaine auraient été réduites si la CIA avait été informée à temps. On comprend le bon sens de l’administration russe, dont le système est unifié.

 

Le conflit afghan vient de se terminer. Le triomphe rapide de l’armée afghane a pris les Américains par surprise. Or, ce conflit a duré 20 ans –le même nombre d’années que celui du Vietnam !.. et une hécatombe de morts antiaméricains – . Le nombre de soldats US morts vous surprendra. Seulement 2448. Donc, plus de 20 fois moins qu’au Vietnam. Et 72 journalistes. Par contre, 3846 contracteurs ont été tués. Mais 47245 citoyens tués. Et le chiffre le plus révélateur : 51 191 soldats afghans tués. Bref, une défaite sanglante …aux yeux américains.

Mais analysons plus en profondeur l’incohérence américaine.

 

Et d’abord une bêtise tout azimut de Bush fils. Il apprend que la plante la plus cultivée en Afghanistan est pavot. Hon ! Horreur ! La plante de l’opium ! Il leur interdit cette culture scandaleuse ! C’est la base de leur commerce depuis toujours. Comme si on interdisait aux cultivateurs américains de cultiver le blé.

 

Or, de même que les troupes Viet Minh se battaient pour l’idéal communiste, intimement lié chez eux à la culture nationale, de même les Afghans défendaient l’idéal religieux de l’Islam, religion impérative qui mobilise tout l’être. Ajoutons à ces convictions des guerres qui, au fil de leur histoire, leur ont appris comment élaborer des tactiques efficaces, et les diverses façons de résister. Cette double condition rend un peuple invincible. 

 

Les américains, calculant en termes d’armement militaire, se sentaient très forts. La situation différait entre le conflit afghan et la presse américaine. Du moins, pendant quelques années. Comme l’observait Churchill, on peut cacher les faits toujours à certaines personnes, pendant quelque temps à tout le monde, mais pas pour toujours à tout le monde. Si bien qu’au fil des années, le bon sens américain a perçu de plus en plus clairement que la publicité du complexe militaro-industriel, dont les dirigeants politiques

Étaient imbibés comme par osmose, leur imposait une guerre qu’il ne gagnait pas du tout.

Un autre élément crucial et fort révélateur consistait dans la piètre qualité disciplinaire des troupes gouvernementales. La discipline militaire de ce peuple étranger chrétien, ennemi de leur religion nationale, et eux soldats d’un chef afghan qu’ils savent multiplement véreux, a provoqué une inefficacité diffuse, imprévisible et molle.

Il était écrit dans le ciel afghan que leur chef politique fuirait bientôt. Les soldats nationaux, ou bien s’étaient arrangés secrètement avec les Talibans pour les renseigner au fil du conflit, ou alors, ont voulu fuir avec les Américains.

Le retard de l’administration américaine à comprendre l’évidence, pourtant percevable depuis quelques semaines, montre clairement leur incapacité à prévoir une situation devenue multiplement catastrophique à cause d’un peuple qu’ils ont mis 20 ans à ne pas comprendre.