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« Pour une sortie de crise » ( partie 1)

04-04-2021

« Pour une sortie de crise » ( partie 1)

par Me Serge H. Moïse av.

Lorsqu’on est en situation de faiblesse, il faut savoir se montrer plus intelligent et plus perspicace. C’est ce que nous enseignent la sagesse et le simple bon sens.

Point n’est besoin d’être grand clerc pour se rendre à l’évidence et réaliser que la cacophonie a assez duré dans notre « singulier petit pays » et qu’il est temps de mettre un terme aux palabres interminables qui n’ont fait que nous distraire des véritables problèmes auxquels nous sommes tous confrontés.

La vérité est parfois dure à accepter, mais faire semblant de l’ignorer ne peut qu’aggraver la situation, la faisant passer de mauvaise à pire. Cela rappelle la légende de l’autruche qui enfouit sa tête dans le sable et qui s’imagine que le soleil a disparu.

Tous les rapports provenant des institutions nationales et internationales dressent, année après année, des tableaux de plus en plus sombres de la problématique haïtienne et ce, depuis plusieurs décennies. Si la tendance se maintient comme elle en a l’air, nous risquons d’ici peu, d’atteindre le point de non retour, avec tout ce que cela peut comporter de souffrances, de misères et d’atrocités. Le tout, comble d’ironie, avec notre complicité.

La geste héroïque de mil huit cent quatre a fait de nous les premiers à rompre les chaînes de l’esclavage et plus de deux cent quatorze ans après, nous aurons été les premiers, dans toute l’histoire de l’humanité à enclencher, ce qu’il conviendra probablement d’appeler un processus « auto-génocidaire ».

Nous ne sommes pas les seuls à noter et à répéter qu’aucun secteur, aucun parti, groupement ou regroupement politique ne saurait de son propre chef et à lui seul, résoudre en tout ou en partie, les problèmes combien complexes et multidimensionnels de notre chère république.

Force est de constater que depuis l’indépendance nationale, notre histoire a évolué en dent de scie, atteignant constamment les niveaux les plus bas.

Au lendemain du fameux procès de la consolidation, sous la présidence de Pierre Nord Alexis, on se souviendra que presque tous les condamnés ont abouti au palais national à titre de Chef Suprême de l’État. S’agissait-il d’une amnésie collective passagère ou d’un trait culturel en pleine gestation?

On peut en douter puisque depuis, l’impunité érigée en un système si bien rodé a fait de nous le champion toutes catégories de la corruption. Les scandales politiques et/ou financiers se succèdent à une telle cadence qu’ils s’inscrivent à toutes fins pratiques dans la rubrique des faits divers.

Quant aux écarts de langage et autres gaffes de la part des membres du gouvernement, ou de ceux de l’opposition plus tapageuse que menaçante, les colonnes des journaux à potins en sont bien remplies et les marionnettes de la scène politique s’en donnent à cœur joie en discussions oiseuses traitant de tout sauf des véritables problèmes auxquels la nation fait face depuis trop longtemps déjà. À croire que, les choses ayant toujours été ce qu’elles sont, il vaut mieux ne pas les ressasser pour ne pas ennuyer l’auditoire.

À défaut de propositions sérieuses, soyons des vendeurs d’illusions semblent se dire ces leaders de pacotille, le peuple est tellement désespéré qu’il est prêt à s’accrocher à tout ce qui peut ressembler à une bouée de sauvetage.

Entre temps, le pays dégringole à une vitesse vertigineuse vers des profondeurs abyssales. Le bateau coule lentement mais sûrement et les rats ont déjà commencé à l’abandonner. Sans la moindre discrétion et faisant preuve d’une indécence outrancière, certains s’affichent « franco-haïtiens » D’ici peu, ils feront disparaître et le trait d’union et le deuxième segment de ce nom composé. Le silence des uns et des autres semble leur donner raison et puisque l’opportunisme à outrance jusqu’à l’aplaventrisme n’enlève le sommeil à personne, tout le monde s’en accommode en maugréant : « Pitô nou lèd nou là ».