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CHARLES ÉMOND ET LA CAISSE DE DÉPÔT

17-08-2020

CHARLES ÉMOND ET LA CAISSE DE DÉPÔT

par Michel Frankland

Un de mes amis de collège a enseigné toute sa carrière de prof à l’Université Laval en finance.

Il me confiait que le diplôme ne donne pas automatiquement du jugement. Il avait, au course de ses années d’enseignement constaté plusieurs de ces écarts entre diplomation et succès financier.

 

Charles Émond m’apparait un cas typique. Sûrement bardé de bonnes notes pour son diplôme en finance – le gouvernement n’engage que les bien qualifiés –, il investit 228 millions dans Le Cirque du soleil, une entreprise dont les médias nous informent régulièrement depuis passablement de temps des nombreux signes de fragilité financière.

 

Ce manque remarquable de jugement – une erreur spectaculaire puisque publique – n’a pas été l’objet d’un renvoi. Je ne comprends pas notre premier ministre de ne pas le renvoyer immédiatement. S’il a montré un si piètre jugement, il est parfaitement équipé pour recommencer !

 

Ou alors, le premier ministre craint-il qu’en le renvoyant immédiatement, il portera l’odieux d’avoir engagé un incompétent – ce serait, à ses yeux, également un manque de jugement ?

 

Ces péripéties s’inscrivent dans une série d’erreurs, de la gestion chaotique du stade olympique en passant l’écroulement du pont Saint-Martin et la de la gérance catastrophique des CHSLD. Sans compter les salaires nettement trop élevés accordés aux médecins – Christian Saint-Germain, professeur à l’UQAM, y voit une manifestation d’un peuple colonisé, prêt à payer n’importe quoi au corps médical, garant de sa sécurité1.

 

Bref, diplôme et jugement ne vont pas toujours ensemble. Camus affirme même que des succès connus – des hommes et des femmes qui ont marqué notre civilisation – n’avaient pas de diplôme universitaire. Mais Ils avaient cœur et jugement – ils avaient de l’âme !

 

1 Il faut lire toutes les œuvres de ce brillant observateur de la scène québécoise. Surtout Le mal du Québec.