Covid – Conflits intérieurs chez de nombreux citoyens
 par Michel Frankland
Le confinement a pesé plus fort sur certains que sur d’autres. Il y a, comme pour les QI, une courbe de Gauss des aptitudes à vivre le confinement. Les jeunes, surtout, vivent à la dure cet arrêt de leur flot d’énergie. Des témoignages télévisés nous les montrent réunis en groupe, les uns à côté des autres. Inversement, les plus vieux sont en général à l’aise avec leur monde intérieur – d’autant plus que les sorties les mettent à risque.
Mais l’entre-deux vit un drame particulier. Ils ont besoin de se sortir du confinement, mais ils se savent plus vulnérables au virus que les jeunes. J’allais au dépanneur du coin, à une minute de chez moi, portant masque et gants. Devant moi, un couple dans la quarantaine, sans protection, hument l’air avec plaisir.
Ils m’aperçoivent. Heureux de redevenir naturels, je suis pour eux un rappel discret mais troublant. Leur visage a changé. J’y lis une appréhension que je réveille en eux. C’est comme si, ayant opté pour la pensée magique, ils ont attribué une protection féérique à leur vie pré-Covid. La journée ensoleillée, la joie de faire une marche comme avant constituaient pour eux un talisman-vaccin.
Cette confusion sur les causes, concomitances et les effets n’est-elle pas un trait fréquent de la nature humaine ? On préfère ignorer le danger qui approche lorsque l’on se tire d’affaire. Rares sont les politiciens en fonction sur la planète qui ont tenu compte à temps des données publiques de l’imminence de la pandémie. D’autant plus qu’on sort à peine du SRAS et de l’Ébola !