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FAITS TROUBLANTS SUR LA GOUVERNANCE QUÉBÉCOISE SUR LE COVID

12-05-2020

FAITS TROUBLANTS SUR LA GOUVERNANCE QUÉBÉCOISE SUR LE COVID

par Michel Frankland

Nous avons constaté une obéissance exemplaire aux directives de notre gouvernement sur le COVID. Nous étions premiers en Amérique, signe de notre profonde cohésion nationale. Souvent implicite, allant son petit peuple de chemin, elle apparait quand il nous faut un supplément d’âme.

 

Mais ces vertus d’âme ne nous octroient pas les aptitudes reliées au réalisme. De multiples façons, nos dirigeants, au fil des gouvernements, ont pris des décisions administratives claires à première vue, mais qui n’avaient que l’efficience d’une construction rationnelle. Dans L’Actualité du début mai 2020, Marie-France Bazzo montre comment notre réflexe collectif est centré sur les émotions, alors que le ROC, instinctivement, se sent à l’aise dans le réalisme. Bref, on a trop exclusivement opté pour des objectifs émotifs au lieu des nécessaires objectifs opérationnels.

 

Je note trois types de décisions malencontreux des instances gouvernements alors que le ROC a opté pour l’efficacité.

 

Le port du masque : Le Dr Arruda continue d’affirmer que le masque ne sert à rien, alors que la totalité des pays industrialisés considèrent que le masque constitue un apport significatif pour enrayer le Covid. Il y a là quelque chose de proprement hallucinant. Et personne en autorité ne lui interdit cette aberration.

 

Suggestion sur le port du masque. Nous avons deux prises sur trois contre nous au sujet de l’autorité. Nous craignons de l’imposer pour deux raisons. Nous sommes un peuple de Vénus, un peuple chez qui triomphe l’identification par rapport à l’autorité, alors que les peuple de Mars – les allemands et les Japonais, pour ne donner que ces deux exemples, ont l’autorité inscrite dans leurs gènes. Des peuples tendres, des peuples forts.

 

Deuxième prise contre nous, le sentiment d’avoir été vaincus, malgré tous nos ronflements politiques, se trouve tapi dans notre psyché. Il nous nuit dans les conflits avec les pouvoirs financiers étrangers. Les puissances monétaires, surtout, en imposent aux représentants d’un peuple « né pour un petit pain » – Je caricature ? À peine. Observez le visage du président de La Caisse de dépôt. Charles Émond vient de refuser de voter pour le maintien du siège de SNC Lavallin au Québec, telle que la proposition unanime du MÉDAC le stipulait. Michel Girard, analyste reconnu de La Presse, parle de sa première gaffe. On voit la photo d’Émond après cette gaffe. Ila l’air sonné, gêné. Un administrateur pour qui le Big Business la jeté à terre. Naturellement. Sans beaucoup d’effort.

 

C’est pourquoi nos dirigeants craignent d’imposer des décisions qui impliquent une démarche positive. Le confinement exige un comportement négatif : tu ne sors pas de chez-vous dans telle et telle condition. Mais lorsqu’il s’agit d’’un ordre positif, soit que tous doivent porter le masque dans les transports en commun, les deux prises sur trois décrites plus haut se saisissent de nos dirigeants de nouveau. Ainsi, Philippe Schnobb n’a fait que suggérer le port du masque dans le métro. La France, et tellement d’autres pays, se sont tenus debout. «  Dans les transports en commun, tu vas porter le masque ! Point à la ligne ! »

 

En ce sens, je n’ai jamais entendu une remarque aussi gênante, aussi embarrassante que celle de François Legault sur le blocage mohawk de la voie ferrée : « Ils ont des AK47… » Confidence piteuse à la nation de la part du Québécois largement respecté – un Québécois idéal, auquel on s’identifie. Un Québécois-nous. Imagine-t-on un autre premier ministre du ROC confier une telle mièvrerie à ses commettants ! Pendant que personne écoute, entre nous, peut-on penser sérieusement à l’indépendance…

 

Devant cette carence nationale, les syndicats ont eu beau jeu souvent, au fil des décennies de rapports de force corporatives multiplement nuisibles pour l’économie québécoise. Entre autres, j’y vois le déplacement, discret mais récurrent, des sièges sociaux vers l’Ontario ou ailleurs. Un commentaire d’un financier ontarien en exprime le motif : « Before, Québec was the Priest-ridden Province. Now, it’s the Union-ridden Province ! »

 

La lourdeur administrative. J’ai récemment décrit la toile d’araignée de l’administration labyrinthique qui prévaut au gouvernement québécois. N’en répétons pas ici la description. Considérons ici spécifiquement la démarche des infectés du virus. Le Québec annonce avoir incessamment mis sur pied un système pour tester la population à raison de 14,000 tests quotidiens. Les citoyens s’en réjouissent… Mais ce sera plutôt 10,000. Ah! Bon… quelques décisions primesautières du gouvernement, bientôt nuancées, ont amené Michel David, chroniqueur au Devoir, à conseiller au gouvernement d’éviter ces décisions yoyo. Il impatiente les citoyens et y perd en crédibilité.

 

Symétriquement, le ROC, dans les autres provinces, a fait remplir un questionnaire de cinq items simples. Il en a rapidement tiré des infos utiles sur l’ensemble de son territoire sur les personnes ou bien malades ou à risque à cause d’un organe déficient.

 

Espérons seulement que nous saurons tirer les leçons profitables propres à un comportement efficace. Mon souhait personnel consiste en une refonte en profondeur de l’administration gouvernementale. Nos dirigeants ont-ils les nerfs assez solides pour une telle refonte ?