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Deux sociétés parallèles, le Québec et le ROC

18-04-2020

Deux sociétés parallèles, le Québec et le ROC

 par Michel Frankland

Denise Bombardier, dans un article du Journal de Montréal du 200414, rappelle que le Québec compte 19 % des 65 ans plus qui vivent en résidence – incluant les CHSLD, je suppose –, soit trois fois plus que le reste du Canada (ROC).

 

Je crois que cette singularité sociologique s’explique par le fait que nous sommes plus communautaires que le ROC.

 

 

Dans les villages québécois, les terres des cultivateurs s’étalaient en longueur pour que les maisons, au même bout de la terre,  soient voisines l’une de l’autre. Dans le ROC,
la terre était carré. Le cultivateur anglo se trouvait plus loin des autres. Deux besoins en ressortent : celui de l’interrelation sociale, celui de l’autonomie.

 

On retrouve ce même trait québécois dans le pourcentage d’assiduité aux recommandations officielles sur le COVID-19. Nous sommes bons premiers devant tous les états américains et les provinces canadiennes. Une telle cohésion sociale découle de la racine communautaire propre à notre flore intérieure. La dimension sociétale constitue une riche part de notre identité collective.

 

Il en va de même pour la loi 21. Dans la perspective canadienne, la société est composée essentiellement d’individus – one citizen  + one citizen. Tellement que Justin Trudeau qualifie son pays de « post-national » (faut-il voir une relation avec le « Neverland » de Michael-Jackson ? Un monde rosé, mais loin des responsabilités…). Bref, dans le quotidien, le canadien moyen est centré pour l’essentiel sur sa vie familiale et son travail. Il a l’œil à l’administration de sa municipalité, et, périodiquement, sur la gestion fédérale.

 

La perspective québécoise perçoit la société comme une valeur vitale, indissociable de son identité. Nous nous pensons autant comme un Nous que comme un Je. Cette valeur collective entretient des relations fructueuses avec chaque citoyen. Si bien que la société québécoise vit un double niveau de valeurs. Les valeurs personnelles sont naturellement arrimées à la valeur collective. Identité personnelle et identité collective sont deux réalités indissociablement et naturellement complémentaires. La loi 21 découle de cette unité.

 

Voilà la raison pour laquelle une enquête sur le bonheur des nations d’il y a quelques mois par un groupe de sociologues (européens, si mon souvenir est juste) concluait que la nation la plus heureuse était le Danemark – et le Québec arrivait en deuxième position ! Le Je et je Nous se conjugent en harmonie.